Romain Schmit et Michel Reckinger sont notamment revenus sur la réforme de l’aménagement du temps de travail, le qualifiant «d’ingérable» pour les petites et moyennes entreprises. (Photo: Fédération des artisans)

Romain Schmit et Michel Reckinger sont notamment revenus sur la réforme de l’aménagement du temps de travail, le qualifiant «d’ingérable» pour les petites et moyennes entreprises. (Photo: Fédération des artisans)

90.000 salariés dans 7.300 entreprises. C’est ce que représente l’artisanat au Grand-Duché. «Nous sommes un des principaux piliers de l’économie du pays», confirme Romain Schmit, secrétaire général de la Fédération des artisans du Luxembourg.

La fédération tenait sa conférence de presse annuelle ce mardi. L’occasion de présenter ses priorités et les défis auxquels elle est confrontée, en vue d’en faire part dans les semaines et mois à venir au futur gouvernement.

Réformer la formation professionnelle

«Nous faisons quatre constats: l’artisanat souffre d’une pénurie massive de main-d’œuvre, qualifiée et non qualifiée, la productivité stagne depuis des années, l’aménagement légal du temps de travail ne tient plus compte des réalités des entreprises, et dans le domaine de la sécurité sociale, les indépendants font l’objet d’une discrimination par rapport aux assurés salariés», a ainsi expliqué son président Michel Reckinger.

Face à ces observations, la fédération propose notamment de réformer la formation professionnelle de base et l’orientation scolaire. «Les différentes réformes qui ont eu lieu dans ce contexte ont surtout visé à donner un diplôme aux jeunes à un moment donné plutôt qu’à les préparer adéquatement à leur future carrière», indique Romain Schmit. 

Transférer des compétences au ministère du Travail

«Il faut mettre en avant les compétences manuelles et les intérêts techniques que l’on retrouve dans nos formations, au lieu d’une orientation dans l’artisanat par l’échec.»

La fédération propose également que la formation professionnelle soit externalisée du ministère de l’Éducation et placée sous la responsabilité du ministère du Travail. 

Le financement des centres de compétences

En ce qui concerne la formation professionnelle continue, en juillet 2015, la Fédération des artisans a signé un accord interprofessionnel avec les syndicats représentatifs et le gouvernement «pour assurer le financement solidaire des centres de compétences de l’artisanat».

Les entreprises du génie technique du bâtiment et du parachèvement contribuent à hauteur de 0,5% de leur masse salariale et bénéficient en contrepartie de la gratuité de l’offre de formation proposée par les centres de compétences.

«Accélérer la désignation de nouvelles zones d’activité»

«Afin de renforcer la solidarité entre les entreprises sur ce point important et de parvenir à une réduction substantielle de la bureaucratie, nous proposons de collecter la contribution obligatoire à ces initiatives de formation par le biais du Centre commun de la Sécurité sociale, comme c’est le cas pour les autres coûts salariaux indirects», explique Michel Reckinger.

Autre point abordé, celui des zones d’activité et l’aménagement du territoire. Face au manque de sites d’implantation, et l’installation «forcée» des entreprises artisanales dans des zones d’activité, «il est important d’accélérer la désignation de nouvelles zones d’activité ou l’extension des zones existantes», appuie Romain Schmit.

Plus de flexibilité

La fédération est également revenue sur la récente réforme de l’aménagement du temps de travail, qu’elle considère comme «ingérable pour les petites et moyennes entreprises. Nous demandons au gouvernement de veiller à ce que les modèles de temps de travail puissent être négociés au niveau de l’entreprise avec les travailleurs concernés, au lieu qu’un modèle uniforme soit décrété d’en haut.»

«Le congé parental est par exemple extrêmement positif, mais ses conséquences sont plus compliquées à gérer pour nos entreprises», explique Michel Reckinger. «Une entreprise artisanale possède en moyenne un effectif de 13 personnes au Luxembourg. Si plusieurs salariés prennent leur congé parental au même moment, cela a des répercussions sur l’organisation, c’est pourquoi nous demandons plus de flexibilité.»

Créer une réserve d’investissement pour les PME

La fédération veut également créer un environnement fiscal pour les PME. «En règle générale, les petites et moyennes entreprises ne disposent pas de fonds propres suffisants pour faire face aux dépenses d’investissement», précise-t-elle. «Pour pallier ces handicaps, nous proposons à nouveau la création d’une réserve d’investissement pour les PME. Cette réserve pourrait être alimentée avec un maximum de 50.000 euros par an et ne devrait pas dépasser la valeur totale de 250.000 euros.»