Ce vendredi se tenait à la Chambre des Métiers une conférence de presse sur le thème "La promotion d'entreprise: un défi majeur au Luxembourg" au cours de laquelle a été présenté, notamment, le Centre de Formalités PME de la Chambre.
Les PME, qui comptent 99% des entreprises et assurent 60% de l'emploi national, constituent les principales sources de croissance et d'emploi au Luxembourg. L'esprit d'entreprendre est donc une vocation très importante qu'il faut absolument cultiver.
Il existe dans ce domaine un potentiel considérable non libéré pour l'instant. Ainsi, si 42% des résidents pensent qu'ils peuvent réaliser l'indépendance, seulement 28% ont envie de se lancer, ce qui place le Luxembourg au 14ème rang dans l'Union Européenne.
Une analyse plus détaillée montre que ce potentiel existe principalement chez les résidents nationaux. De 1970 à 2001, le nombre d'employés (publics et privés) et fonctionnaires a augmenté de 125%, tandis que le nombre d'indépendants n'a augmenté que de 48%, l'augmentation parmi les personnes de nationalité étrangère, résidentes et non résidentes, s"élevant à 464% et celle des nationaux à 12%.
L'artisanat connaît les mêmes tendances. Si en 1990, 79,4% des chefs d'entreprises étaient encore des nationaux, leur présence a nettement diminué et se situe en 2004 à 54,5%.
Tout en étant la preuve certainement positive que l'économie luxembourgeoise est une économie ouverte, ayant intégré la réalité du marché intérieur à son profit, il n'en demeure pas moins que ces chiffres inter-pellent, alors qu'ils sont révélateurs d'une certaine aversion des nationaux par rapport à l'indépendance.
Abstraction faite que notre pays devient ainsi de plus en plus dépendant de l'initiative étrangère, résidente ou non, cette mentalité peu entreprenante de la jeunesse autochtone risque d'avoir à long terme des répercussions négatives en termes de perte de dynamisme économique, de perte de stabilité économique et sociale, de perte d'emploi et de qualifications. Le goût prononcé des nationaux pour une situation sécuri-sée dans le secteur public est certainement une cause majeure. Mais aussi la peur de l'échec et sa stigmatisa-tion, de même que l'image souvent négative véhiculée dans le débat public au sujet de l'entrepreneur, pourtant le véritable moteur de la vie économique en termes de création de richesses et d'emploi, n'est pas étrangère à cette situation.
Une promotion active de l'esprit d'entreprise s"impose donc pour libérer une grande partie de ce potentiel.
Dans ce contexte, la sensibilisation croissante du pou-voir politique à l'importance de la promotion de l'esprit d'entreprise est certainement positive. Ainsi, le ministre des Classes Moyennes et le Ministre de l'Economie ont institué en 2004 un Comité National pour la Promotion de l'Esprit d'Entreprises, et ont récemment lancé en-semble avec les représentants du monde économique plusieurs initiatives comme par exemple, le Portail Entreprises, la campagne promotionnelle "Trau Dech" et l'asbl "Jonck Entrepreneuren'.
Dans le cadre des efforts continus de la Chambre des Métiers pour la promotion de l'esprit d'entreprise, son Centre de Formalité PME est un instrument important au service des entreprises qui a fait ses preuves.
Mis en place en 1998 sur initiative du Ministre des Clas-ses Moyennes, le Centre de Formalités PME est conçu comme premier point d'accueil pour le futur chef d'entreprise.
Il y trouve une prise en charge des différentes procédures administratives (demande d'autorisation, demande initiale à l'Administration de l'Enregistrement et des Domaines, à l'Administration des Contributions Directes, au Registre de Commerce et des Sociétés..) et est conseillé en rapport avec sa situation spécifique.
L'affluence sans cesse croissante au Centre de Formalités depuis 1999, est la confirmation du réel besoin du créateur ou repreneur d'entreprises d'être guidé et ac-compagné dans ses démarches. En 6 ans de fonctionnement, environ 1.300 dossiers autorisations d'établissement ont pu être traités avec succès et envi-ron 2.900 procédures administratives individuelles ont été effectuées.
La promotion de l'esprit d'entreprise signifie aussi un droit d'établissement conciliant, d'une part flexibilité et, d'autre part qualité, assurée par les exigences en matière de qualification professionnelle, de responsabi-lité de la part des dirigeants d'entreprise et d'exclusivité de l'exercice de l'activité artisanale. C"est ainsi, que la Chambre des Métiers, en collaboration avec le minis-tère des classes moyennes, a su adapter aux mutations socio-économiques une législation vielle de 70 ans, fai-sant évoluer l'artisanat d'un secteur fermé à un secteur ouvert, en mesure d'affronter les défis posés par une concurrence accrue dans le cadre du marché intérieur européen.
Une autre priorité de la Chambre des Métiers est son offre étendue en matière de la formation continue et l'organisation de cours accélérés pour créateurs d'entreprises. La Chambre des Métiers estime impératif que la charge administrative soit réduite de façon significative et que le pouvoir politique européen et national applique enfin le principe de "better régulation', c'est-à-dire des règles meilleures et plus intelligentes, précédées d'une étude d'impact sérieuse.
Une coopération inter-administrative plus poussée, basée sur l'échange informatique entre administrations, mais aussi entre administrations et entreprises, avec la mise en place d'un Guichet Unique électronique, sont d'autres aspects indispensables à la création d'un cadre propice aux entreprises.
Qualification et motivation des jeunes sont le préalable à tout développement de l'esprit d'entreprise. Un changement radical au niveau de l'orientation scolaire, favorisant le " lifelong orientation " au détriment d'une orientation précoce et négative (sélection par l'échec) est autant nécessaire qu'un échange plus large et profond entre l'école et les entreprises, permet-tant de mieux familiariser les jeunes avec les défis du monde économique et les attraits de l'indépendance professionnelle.