Pour lutter contre les fake news, le Conseil de presse, dirigé par Ines Kurschat, plaide notamment pour la poursuite de l’éducation aux médias dans les écoles, mais avec un budget à la hauteur des enjeux.  (Photo: Nader Ghavami)

Pour lutter contre les fake news, le Conseil de presse, dirigé par Ines Kurschat, plaide notamment pour la poursuite de l’éducation aux médias dans les écoles, mais avec un budget à la hauteur des enjeux.  (Photo: Nader Ghavami)

La volonté affichée, en 2013, de la coalition gouvernementale «d’ouvrir grand les fenêtres» après trois décennies de pouvoir ininterrompu du CSV se voulait la plus large possible. Le monde des médias ne devait donc pas y échapper et devait même bénéficier d’une «transparence accrue». Sauf que cinq ans plus tard, le bilan tiré mardi par le Conseil de presse apparaît comme étant plus «mitigé» et empreint d’une «constante frustration».

Car si la promesse a été «partiellement tenue» via l’adoption d’une loi «il y a quelques semaines», le Conseil de presse dénonce le maintien «d’obstacles importants pour l’accès à l’information». Ce qui peut se traduire concrètement par des délais d’attente «qui peuvent atteindre jusqu’à deux mois», note Ines Kurschat, présidente du Conseil de presse, en n’hésitant pas à qualifier d’«inacceptable» ce temps d’attente pour les journalistes.

Nombreux sujets «inachevés»

Même remarque en ce qui concerne la circulaire Bettel, présentée en janvier 2016, et censée «autoriser les fonctionnaires à communiquer les informations sur les dossiers en cours à la presse». Dans les faits, cette autorisation qui met fin à la circulaire Santer de 1990, qui obligeait les fonctionnaires à passer par leur ministre de tutelle ou leur porte-parole pour échanger avec les journalistes, «rallonge les délais de réponse, car rend obligatoire le passage par le service de presse, même pour des statistiques».

Autre sujet considéré par le Conseil de presse comme «inachevé», la protection des lanceurs d’alerte, jugée «insuffisante», ou bien encore les atteintes à la liberté de la presse «sous couvert de lutte contre le terrorisme», comme l’indique Luc Caregari, président de l’Association luxembourgeoise des journalistes professionnels, qui évoque «des atteintes inquiétantes à la liberté de la presse». Référence directe à la loi élaborée par Félix Braz (Déi Gréng), ministre de la Justice, qui aurait «refoulé les demandes» destinées à ne pas atteindre aux conditions de travail des journalistes.

Allouer un budget suffisant pour l’éducation aux médias

Il en irait de même pour l’«interprétation la plus restrictive» faite par le gouvernement de l’accès au registre des entreprises, ou bien encore pour «le flou» qui règne encore à ce jour autour de la réforme de l’aide à la presse écrite. Ce qui pousse le Conseil de presse à formuler «des priorités» dans le cadre des élections législatives à venir, estimant que «beaucoup de choses peuvent et doivent être améliorées».

Et Ines Kurschat d’énumérer une série de doléances allant de la lutte contre les fake news à la nécessité d’avoir «une presse de qualité»  raison pour laquelle l’organe représentatif des journalistes plaide non seulement pour «la poursuite de l’éducation aux médias dans les écoles, mais avec un véritable budget et non avec les moyens actuels», qualifiés de «blague» par la présidente du Conseil de presse  en passant par la nécessité «d’impliquer les médias en tant que partenaires».