Yves Kuhn: «Un Brexit aurait des répercussions immédiates sur les marchés britanniques.» (Photo: BIL)

Yves Kuhn: «Un Brexit aurait des répercussions immédiates sur les marchés britanniques.» (Photo: BIL)

La politique exerce une influence croissante sur les marchés financiers, et le référendum à venir ne fait pas exception à la règle. Le vote, prévu cet été, suscite déjà des tensions sur les marchés. La livre sterling a chuté à son plus bas niveau face à l’euro depuis huit mois, tandis que les actions britanniques ont perdu 17% depuis que les conservateurs de David Cameron ont remporté les élections législatives en mai dernier. L’incertitude quant à l’issue du scrutin pourrait entraîner un regain de volatilité à l’approche de l’échéance.

Pourquoi les marchés sont-ils inquiets?

Un Brexit aurait des répercussions immédiates sur les marchés britanniques. Un arrêt brutal des entrées de capitaux au Royaume-Uni pourrait entraîner une forte baisse de la livre. Les cours boursiers et les prix de l’immobilier seraient en outre sous pression car les marchés seraient amenés à réévaluer les actifs.

Cela aurait également des conséquences à long terme sur l’économie. L’UE est le principal partenaire commercial du Royaume-Uni, et représentait 44% des exportations et 53% des importations britanniques en 2014. Le secteur tertiaire britannique serait lui aussi menacé. 40% des services financiers britanniques sont actuellement exportés vers l’UE. Si les partisans du retrait l’emportent, les entreprises du secteur pourraient perdre l’accès au marché unique des services financiers, ce qui les contraindrait à s’implanter sur le continent.

Toutefois, même si l’accès au marché unique s'en trouvait restreint, la City de Londres continuerait vraisemblablement de prospérer. Les services financiers et l’assurance ne représentent qu’environ 7% du PIB total du Royaume-Uni, soit un peu plus que le secteur de la construction. Dans l’hypothèse d’un Brexit, seules quelques activités seraient probablement délocalisées dans d’autres pays de l’UE. En outre, les services d’ordre fiscal, juridique et comptable, notamment, seraient sans doute maintenus au Royaume-Uni.

Un divorce tumultueux est peu probable

Selon les derniers sondages, 44% des Britanniques sont favorables au maintien au sein de l’UE, tandis que 38% souhaitent le retrait. Bien que l’écart puisse paraître faible, la mise au jour des conséquences d’une politique de cavalier seul devrait selon nous faire basculer in fine le vote en faveur du maintien. Si un Brexit devait se produire, le Royaume-Uni ne volerait pas en éclats pour autant, mais l’Écosse pourrait être tentée de faire sécession.