Les clans Flavio Becca (sur la photo) et Eric Lux se déchirent sur le poids de chacun dans le fonds Olos. Le conflit rejaillit sur leurs filiales communes.  (Photo: Jessica Theis - Archives)

Les clans Flavio Becca (sur la photo) et Eric Lux se déchirent sur le poids de chacun dans le fonds Olos. Le conflit rejaillit sur leurs filiales communes.  (Photo: Jessica Theis - Archives)

La bataille entre les promoteurs Flavio Becca et Eric Lux, toujours associés, malgré eux dans le plus grand fonds immobilier du pays Olos Fund, ainsi que dans la société de gestion de patrimoine familial Kurt Constructions (rachetée en son temps pour son portefeuille foncier), se joue désormais devant la justice. Civile, pour l’heure.

Le 4 mars, la juge Marielle Rischette, siégeant en matière de référé, a ordonné une expertise des comptes annuels 2011, 2012 et 2013 de Kurt Constructions pour vérifier leur conformité aux pièces comptables et déterminer s’ils «donnent une image fidèle du patrimoine, de la situation financière ainsi que des résultats de l’entreprise», selon les termes de l’ordonnance.

La magistrate a aussi demandé à l’expert de se prononcer sur la pertinence des arguments avancés par les deux clans rivaux, Promobe Finance de Flavio Becca et Ikodomos d’Eric Lux, qui se sont enlisés dans le conflit au point de paralyser leur filiale commune. Kurt n’a en effet toujours pas vu ses comptes 2012 approuvés, ce qui la met en infraction avec le droit des sociétés.

Obstruction systématique

Or, peu après que l’expert-comptable Paul Laplume fut nommé pour réaliser son diagnostic, il a jeté l’éponge en raison d’un conflit d’intérêts avec le groupe Becca. Il s’agit désormais pour les deux actionnaires de se mettre d’accord sur le nom d’un nouvel expert et de faire valider sa nomination par la juge.

Comment les partenaires historiques en sont arrivés à se retrouver devant la justice pour arbitrer leur différend? Cette bataille des chiffres autour de Kurt Constructions n’est qu’un épiphénomène d’une dispute tournant autour du poids de Promobe et d’Ikodomos dans le fonds Olos pesant plus de centaines de millions d’euros et développant entre autres le Ban de Gasperich: Flavio Becca revendique 90% du fonds quand Ikodomos assure en posséder la moitié.

Tous les coups sont donc permis entre les deux promoteurs. Le dernier en date étant la mis en faillite de la société Gravity Management, dans laquelle Promobe dispose d’un tiers du capital aux côtés de Gerard Lopez et Eric Lux qui ont la main sur le reste du capital. Gravity gérant la carrière des pilotes de F1 de l’équipe Lotus appartenant à Genii Capital, l’infortune de la société luxembourgeoise a jeté l’incertitude sur l’activité de Formule 1, déjà fragile.

En octobre 2014, face au refus d’Ikodomos de valider les comptes 2012 de Kurt, Promobe avait saisi le juge des référés pour forcer la main de son associé à 50/50, en lui reprochant, selon les termes de l’ordonnance du 4 mars, «une attitude abusive d’obstruction systématique et infondée vis-à-vis du conseil d’administration en refusant, sous de vains prétextes aussi variés que mal fondés, d’approuver les comptes de la société». Alors que les résultats de la société seraient bons.

Des bijoux, des armes et du vin

Pour leur part, les dirigeants d’Ikodomos justifiaient leur refus de valider les comptes 2012 pour des raisons de gouvernance. Leur avocat n’avait pas hésité à parler d’un «abus de biens sociaux manifeste» commis par Flavio Becca, qui avait puisé dans la société pour payer des dépenses de joaillerie chez Pogany à Knokke-Le-Zoute pour plus de 230.000 euros et des dépenses d’armurier chez Freylinger pour près de 70.000 euros. Ces avances ont pourtant fait l’objet d’un remboursement par Promobe qui avait admis des «erreurs» de comptabilisation pour les comptes 2009 ou 2011, mais redressées depuis lors.

L’avocat d’Ikodomos avait par ailleurs présenté Kurt Constructions comme la «banque» au service du groupe Becca qui se fait accorder des avances sans aucune rémunération en termes d’intérêts, ce qui constitue à ses yeux un abus. Le groupe d’Eric Lux se déclare encore «lésé» par des dépenses «causées par des factures de la société Eurovin», une filiale du groupe Becca. Des explications avaient d’ailleurs été demandées à ce sujet au réviseur PwC, selon l’ordonnance.   

Quoi qu’il en soit, la juge Rischette a estimé que le refus d’Ikodomos d’approuver les comptes des exercices 2011 et 2012 ne lui paraissait pas «abusif» et que ses critiques n’étaient pas «dénuées de tout fondement». La magistrate a déclaré irrecevable la demande de Promobe en nomination d’un «mandataire ad hoc» chargé d’approuver les comptes. Elle a en revanche fait droit à sa demande, à titre subsidiaire, de nommer un expert qui doit désormais se prononcer «sur la valeur (des) arguments d’ordre économique et comptable», avancés par l'adversaire Ikodomos, selon lesquels Kurt Constructions passerait pour la vache à lait du groupe Becca.