Malgré la dispute entre les actionnaires d'Olos, les développements continuent sur le Ban de Gasperich. (Photo: Gaël Lesure)

Malgré la dispute entre les actionnaires d'Olos, les développements continuent sur le Ban de Gasperich. (Photo: Gaël Lesure)

Le divorce est consommé entre les promoteurs et développeurs immobiliers Flavio Becca, du groupe Promobe, et Éric Lux, du groupe Ikodomos, et il est même devenu public: cela fait en effet des semaines que l’un des avocats de Promobe cherche à faire passer devant le juge de référé une assignation contre Ikodomos. Plusieurs fois remise, l’affaire pourrait être plaidée à l’audience du 12 janvier prochain, à moins d’un arrangement de dernière minute des parties ou d’un retrait de la procédure pour éviter un étalage public de l’affaire.

Quelques indiscrétions ont filtré sur les raisons de la brouille entre les deux groupes, sans que l’on puisse encore déterminer lequel a déclenché les hostilités. Il semble toutefois que la défiance entre les deux dirigeants ne date pas d’hier et que les investissements d’Éric Lux dans la coûteuse aventure de la Formule 1 aux côtés de l’homme d’affaires Gerard Lopez dans Genii Capital au début des années 2010 ont contribué à assombrir leurs relations.

La querelle aurait démarré au sujet du niveau de participation d’Ikodomos et de Promobe dans Olos. Si la société de gestion du fonds, Olos Management est détenue à 50/50 entre Lux et Becca, le rapport au niveau du fonds d’investissement immobilier est différent. Selon des documents circulant et dont Paperjam.lu a pris connaissance, plus de 90% seraient détenus par le groupe Becca et le reste par les sociétés d’Éric Lux.

Toutefois, et c’est là l’objet du litige, une convention signée en novembre 2010 entre les deux actionnaires d’Olos (il n’y aurait pas de pacte d’actionnaire) aurait prévu une redistribution des cartes à 50/50 à mesure du développement des projets immobiliers communs, notamment sur le Ban de Gasperich, le chantier phare du fonds d’investissement et le plus prometteur aussi, mais qui a tardé à se mettre en route pour des questions d’autorisations administratives.

90/10 ou 50/50?

La question qui fâche porte sur la durée de la convention: illimitée selon la partie Promobe, limitée à deux ans selon ses adversaires, donc jusqu’à novembre 2012. Aussi, le groupe Ikodomos considère être le propriétaire légitime de la moitié du patrimoine d’Olos depuis cette date mais n’en aurait revendiqué le droit qu’à l'été dernier, visiblement à la surprise de Flavio Becca.

Depuis ces assertions, les archives ont été passées au crible pour mettre la main sur les copies de la convention litigieuse dont plusieurs versions contradictoires existeraient, ce qui laisse subodorer que des modifications de dernière minute ont pu être apportées à l’insu d’une des parties. Des faux ont-ils été établis? Cette affaire plombe en tout cas les conseils d’administration d’Olos depuis des semaines – avec, dit-on, des claquages de portes –, mais aucune information n’a pu encore filtrer tant du côté du dirigeant de Promobe que de celui d’Ikodomos sur les suites qu’ils entendent éventuellement lui donner.

Cette situation d’avant divorce des deux partenaires est-elle de nature à compromettre l’évolution des affaires alors qu’Olos vient de commercialiser avec succès le premier bâtiment du Ban de Gasperich en livrant les clefs du siège à PwC à la fin septembre et que des contrats ont été signés avec les futurs occupants (Deloitte et le futur centre commercial Auchan avec lequel un contrat de plus de 80 millions d’euros a été conclu sans l’aval du conseil d’administration)? «Même si les parties sont en instance de divorce, les affaires continuent», assure une source proche du dossier.

À moins d’une médiation du régulateur du secteur financier (Olos est supervisé par la Commission de surveillance du secteur financier), la situation risque de s’enliser et les réunions de s’envenimer davantage dans la mesure où les mandats des administrateurs courent jusqu’en 2015.

Achats litigieux remboursés

Cette querelle a en tout cas rejailli sur une autre filiale commune de Becca et Lux, la société Kurt Construction, dont les comptes au 31 décembre 2012 n’ont toujours pas été approuvés par l’un des ses co-actionnaires, Ikodomos. La reprise de l’entreprise de construction par les deux partenaires en 2008 était avant tout justifiée par l’important patrimoine immobilier dans son portefeuille, qui fera d’ailleurs l’objet d’un transfert au sein du fonds immobilier.  

La société d’Éric Lux aurait montré un certain nombre d’objections sur la réalité de certaines dépenses remontant à 2009 et 2010, notamment l’achat de bouteilles de vins pour près de 100.000 euros par Eurovin, une filiale du groupe Becca, lors d’une réception après une course de vélo. Ces dépenses auraient été réalisées dans le cadre d’un sponsoring par Kurt de l’équipe cycliste Leopard Trek de Becca. D’autres achats litigieux, comme des bijoux et des armes, auraient aussi été exhumés, mais auraient toutefois été remboursés par le dirigeant de Promobe.

Ce refus d’approuver les comptes 2012 de Kurt pourrait valoir des ennuis à ses administrateurs qui sont issus du groupe Becca. D’où la démarche de Promobe de saisir le juge des référés et obliger Ikodomos à valider les bilans 2012.