Euro-optimiste, Gaston Stronck a levé le voile sur les grandes lignes de la 12e présidence du Conseil à venir. (Photo: Maison de l'Europe)

Euro-optimiste, Gaston Stronck a levé le voile sur les grandes lignes de la 12e présidence du Conseil à venir. (Photo: Maison de l'Europe)

Trouver des moyens d’investir dans la croissance et l’emploi, la grande priorité commune; relancer le marché intérieur et développer le marché numérique; inscrire la compétitivité européenne dans un cadre global et plus transparent; faire avancer le développement durable et la coopération au développement, le cahier des charges de la présidence luxembourgeoise, qui démarrera dans un peu moins d’un mois, est déjà plus que complet, sans compter les discussions liées aux accords internationaux TTIP et le CETA.

«Le programme du trio coonstituant la présidence tournante a déjà beaucoup changé depuis un an. Il faut l’adapter en permanence à l’actualité politique. C’est un exercice délicat», explique Gaston Stronck, directeur des affaires européennes pour le ministère des Affaires étrangères, et orateur d’honneur d’un «Midi de l’Europe» organisé ce mardi au Centre d'information européen.

Travail d’équilibriste

Endosser le rôle de président du Conseil de l’UE, c’est faire fi des logiques et des intérêts nationaux.

Ce n’est pas le moment de défendre des positions locales. C’est le compromis qui doit prévaloir.

 Gaston Stronck, directeur des affaires européennes pour le ministère des Affaires étrangères

C’est la 12e fois que le Luxembourg se prête à cet exercice, mais la première fois qu’il endosse la responsabilité depuis les changements introduits par le Traité de Lisbonne de 2007. «L’expérience de 2015 sera très différente de celle de 2005. Le cadre institutionnel a complètement changé. Depuis lors, le Conseil européen n’est plus chapeauté par le pays responsable de la présidence, mais par un président permanent, actuellement Donald Tusk. La formation affaires étrangères du Conseil est également dorénavant chapeautée par Federica Mogherini, haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. L’agenda n’est donc plus entièrement dans les mains du pays occupant la présidence. Il faut coordonner tous ces acteurs, la préparation est forcément différente.»

Si le gouvernement luxembourgeois s’est inspiré du programme letton, très technique et comportant 80 pages, il a déjà pris le parti de lui donner un ton plus politique.

«Trois documents de travail lui ont facilité la tâche: l’agenda du Conseil de l’UE approuvé par les États membres en juillet 2014, les 10 points à l’agenda de Jean-Claude Juncker et le programme annuel de la Commission. Les grandes orientations sont déjà définies depuis longtemps, il ne faut pas réinventer la roue. D’autant plus que la Commission européenne détient le monopole de l’initiative législative. Même dans le cadre d’une présidence, c’est elle qui garde les rênes», rappelle Gaston Stronck.

Se rapprocher des citoyens

Chaque présidence se choisit quelques sujets prioritaires. «Le premier objectif est de doper la croissance économique, c’est aussi, sans hasard, la priorité stratégique numéro un de Jean-Claude Juncker.» Ensuite, il faudra aussi œuvrer à la balbutiante dimension sociale de l’UE.

«Un constat est sans appel: l’UE ne peut pas s’éloigner davantage de ses citoyens. Il est urgent de penser en termes de capital humain. Sans cela, le rêve du marché numérique restera lettre morte. Il faut investir dans la santé, l’éducation, la jeunesse, la culture…»

Les États membres doivent prendre leurs responsabilités.

Gaston Stronck, directeur des affaires européennes pour le ministère des Affaires étrangères

Autre challenge de taille: gérer l’immigration massive de ces dernières années. «Les États membres doivent prendre leurs responsabilités. Nous avons besoin de beaucoup plus de solidarité dans toutes les politiques.» L'amélioration du grand marché intérieur et la lutte contre l’évasion fiscale sont aussi à l'agenda.

Pour Gaston Stronck, en marge du lourd volet administratif inhérent à toute présidence du Conseil de l’UE, il est, malgré tout, possible pour le pays aux commandes d’insuffler des orientations politiques, en particulier lors des rencontres informelles. «Il y a, bien sûr, une certaine marge de manœuvre. Les conseils informels constituent un instrument clé. Même si les ministres ne sont pas censés y prendre de décisions, ils permettent d’aborder des sujets qui ne figurent pas à l’ordre du jour.»

Le programme de ces six mois aux couleurs grand-ducales sera officiellement communiqué par le Conseil de gouvernement du vendredi 12 juin.