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Pierre Thein (Hein) a reçu son prix des mains de la ministre<br/>des Classes moyennes, Françoise Hetto-Gaasch<br/>(Photo: Chambre des métiers) 

L’intégration d’un savoir-faire ou d’une technologie nouvelle dans l’entreprise, le réalisme commercial, économique et financier, l’aptitude de l’entreprise à gérer le projet, la création de valeur au Luxembourg... Tels sont les critères majeurs que le jury du prix de l’innovation de l’artisanat 2010 a décryptés dans une foule de projets.

Il y en avait 29 au départ. Puis 8, retenus pour la finale. Le 17 juin dernier, à la Chambre des métiers de Luxembourg, le verdict est tombé. Hein a remporté le prix en or, devançant, sur le podium, Airflowcontrol (argent) et Steffen Traiteur (bronze).

«Pour survivre en tant que petite industrie au Luxembourg, vous devez être en perpétuel mouvement, dans l’innovation en permanence», réagit Pierre Thein, directeur de la société. «Monsieur Hein et moi-même, nous sommes tout le temps sur le terrain et à l’écoute. C’est très important. Nous sommes à la source des besoins et nous réagissons.»

Depuis plus d’un siècle, Hein développe et construit des fours performants et réputés dans le monde, à destination des boulangeries-pâtisseries. «Ce marché est très spécifique. Il est en mutation forte ces dernières années. On perd environ 5% de petits clients par an, tout simplement parce qu’il y a de moins en moins de petites boulangeries. En revanche, il faut s’adapter aux demandes de sandwicheries, de stations-services, de superettes, qui proposent du pain cuit sur place. Et il nous faut aussi suivre l’évolution de boulangeries de plus en plus importantes, de type industriel, mais où la qualité artisanale de la cuisson reste un critère très recherché.» C’est un des atouts du dernier-né de la gamme des fours Hein, le Stone Roll, dont le dossier a convaincu le jury. Il s’agit d’un nouveau type de four à chariots, chauffé par des tubes annulaires avec un foyer en pierre thermodynamique. Ce four combine la technologie de chaleur radiante et de four à chariot à foyer massif.

Valeur ajoutée, made in Luxembourg

Si ce n’est pas une première, c’est aussi parce que Hein mise sur l’innovation permanente. «Nous avons un petit bureau de recherche. Et nos ingénieurs ne doivent pas chercher les idées bien longtemps. Les demandes sont là. On les recueille et on les porte très vite. On ne peut pas se permettre de traîner dans l’élaboration d’un projet. Il y a beaucoup de mauvais exemples et nous voulons éviter d’en faire partie! Il faut être réaliste et réactif. Prenez Red Bull, qui a mis 20 ans avant d’arriver avec un cola sur le marché… Nous, nous tenons à aller vite, entre l’évolution d’un créneau de marché, le besoin du client final et la production de ce qui correspond à ce besoin.»

Cette vitesse, cette réactivité voire cette anticipation, on la voit, chez Hein, comme une marque de fabrique. «C’est made in Luxembourg. C’est un peu à l’image du pays et de sa façon de fonctionner par rapport à l’environnement concurrentiel. Et j’aime bien rappeler aux PME et PMI de notre pays que l’on peut faire beaucoup de choses chez nous, grâce à notre flexibilité et à une innovation bien pensée. C’est en tout cas un des intérêts pour nous de recevoir un prix comme celui-ci.»

Car chez Hein, la méthode fait ses preuves et le marché se trouve davantage hors des frontières. Le groupe compte quelque 200 collaborateurs, dont la moitié au Luxembourg. Mais la quasi-totalité du chiffre d’affaires se fait à l’exportation. «Nous sommes leader sur le Benelux, avec 66% de parts de marché. Nous sommes en croissance en Allemagne, et nous progressons bien dans les pays de l’est, où l’agroalimentaire se montre de plus en plus convaincu par la qualité, qui devient un vrai critère par rapport au coût de production. Nous évoluons sur la France aussi, doucement mais mieux que prévu.»

Tout ça en étant au four et au moulin, avec une innovation, une production et une valeur ajoutée qui portent la griffe luxembourgeoise…