C'est un investissement inédit et hautement stratégique que le géant américain vient d'annoncer. L’unité de production qui va être construite à Dudelange, et qui devrait livrer ses premiers pneus fin 2019, est en effet un projet unique à l’échelle du groupe puisqu’il intègre le concept de l’industrie 4.0.

L'investissement s’élève à 95 millions de dollars, soit environ 80 millions d’euros, et fera travailler 70 personnes.

«Il s’agira d’une usine hautement automatisée qui permettra un système de production beaucoup plus flexible», détaille Jean-Claude Kihn, l’ancien président de Goodyear pour la région Europe, Moyen-Orient et Afrique, qui a participé au développement de ce projet. «Elle sera spécialisée sur des pneus premium, à haute valeur ajoutée et de grande taille (entre 18 et 22 pouces, ndlr), qui sont généralement produits en plus petite série.»

Surveillées par des techniciens, des machines ultrasophistiquées pourront donc s’adapter aux fluctuations de la demande.

«Aujourd’hui, les fabricants d’automobiles proposent des centaines d’options différentes à leurs clients et vous avez souvent le choix entre une quinzaine de tailles de pneus pour chaque modèle. Il fallait donc une nouvelle façon de produire», ajoute Jean-Claude Kihn.

Le nom de code donné à ce concept de production est Mercury, «en référence au dieu mythique du commerce et du voyage qui a inspiré la création du logo du pied ailé de Goodyear par le fondateur de l’entreprise Frank A. Seiberling», précise le communiqué de presse.

«Avec l’annonce aujourd’hui du projet Mercury Industry 4.0, Luxembourg et Goodyear écrivent à nouveau un morceau de l’histoire industrielle et économique de notre pays», estime de son côté Etienne Schneider.

11.000 m2 entre Husky et Eurofoil

Mais Goodyear n’a pas toujours pensé au Luxembourg pour implanter cette usine. La seule condition indispensable que devait remplir le site était qu’il soit situé dans un rayon de 200 kilomètres ou deux heures de route maximum du centre d’innovation du Grand-Duché, qui déménagera en 2020 dans le Automotive Campus de Bissen.

L’Allemagne, la France et la Belgique ont donc également été attentivement étudiées. Mais à en croire Richard Kramer, le CEO de Goodyear, le choix s’est imposé de lui-même. «En dehors de notre présence historique et de la qualité des infrastructures, nous avons eu à faire ici à un gouvernement très proactif et attentif à nos besoins», explique-t-il.

C’est finalement un terrain situé dans la zone d’activité de Dudelange qui accueillera le site de production de 11.000 m2, entre les usines de Husky injection molding systems et d’Eurofoil. Celui-ci a été mis à disposition de l’État pour un bail de 30 ans renouvelable.

«C’est au printemps que nous avons été contactés. Tout s’est passé très vite», précise le bourgmestre de Dudelange, Dan Biancalana. «Les permis de construire ont été délivrés depuis et le premier coup de pelle du chantier a été donné ce matin même.»

Pour les embauches, un accord entre Goodyear et l’Adem a été signé pour que d’ici à l’entrée en production de l’usine, des chercheurs d’emploi soient formés et embauchés dans la nouvelle usine.