Yves Wagner, directeur de la BCEE Asset Management (Photo: BCEE)

Yves Wagner, directeur de la BCEE Asset Management (Photo: BCEE)

Un fonds d’investissement est une structure juridique pouvant prendre des formes légales diverses et qui gère un portefeuille de valeurs essentiellement financières. La forme la plus connue en Europe, car largement retenue par des investisseurs privés, est appelée Ucits (pour Undertakings for collective investment in transferable securities ou organisme de placement collectif en valeurs mobilières – OPCVM– en français). Parmi eux, les Ucits de droit luxembourgeois représentent de loin les véhicules collectifs d’investissement les plus répandus en Europe.

Largement plébiscitée par un public large et diversifié, cette forme d’investissement est fortement réglementée et bénéficie de règles de transparence uniques, contrairement à des fonds plus sophistiqués s’adressant davantage à des investisseurs institutionnels et utilisant des produits d’investissement plus complexes. Nous allons dans ce qui suit nous limiter à ces fonds accessibles au grand public, bien que la plupart de leurs caractéristiques s’appliquent également à des fonds plus complexes.

Une gestion professionnelle diversifiée

Investir dans des valeurs mobilières nécessite un savoir-faire qui dépasse souvent les compétences plus anecdotiques de non-professionnels, et le recours à des spécialistes est une nécessité. La constitution d’un portefeuille convenablement diversifié demande par ailleurs un montant à investir important qui dépasse souvent les capacités d’épargne de la clientèle privée.

Les fonds d’investissement offrent pour ces raisons des choix d’épargne efficace, car gérés par des professionnels pour des montants investis importants, ces montants résultant d’apports plus modestes de nombreux investisseurs. Les rendements d’échelle réalisés permettent par ailleurs de maintenir les frais, notamment de transaction, à des niveaux raisonnables.

Le recours à des fonds d’investissement permet, en effet, d’accéder à une gestion professionnelle avec des montants investis souvent faibles, et d’optimiser ainsi le couple rendement/risque de l’investissement; de diversifier de façon efficace les investissements pour réduire les risques spécifiques dans les portefeuilles et, enfin, de bénéficier de rendements d’échelle qui limitent les frais, notamment de transaction.

Une gamme quasi infinie de produits

Les fonds d’investissement offrent une gamme complète de titres d’investissements, et en particulier, pour les fonds les plus traditionnels, des portefeuilles d’instruments monétaires, obligataires, ou d’actions, voire un mélange entre ces types d’actifs.

Tous ces titres peuvent se limiter à un ou plusieurs pays, une ou plusieurs zones géographiques, ou peuvent couvrir le monde entier. Ils peuvent aussi se limiter à certains secteurs d’activité ou à certaines industries. Ils peuvent finalement se différencier par des profils risque différents.

L’investisseur a donc plutôt l’embarras du choix, et il convient de bien s’informer pour trouver le ou les produits qui correspondent le mieux à son désir de réaliser une stratégie d’investissement donnée et surtout à son propre profil risque.

Une gestion active ou une gestion passive

Certains gestionnaires de fonds d’investissement se limitent à la recherche d’une diversification efficiente capable de répliquer un indice de référence. C’est ce qu’on appelle la gestion passive. D’autres tenteront de performer plus que leur benchmark de référence, c’est ce qu’on appelle la gestion active.

Les deux approches se différencieront par un niveau de «risque actif» que l’investisseur devra apprécier. Il aura pour cela besoin de connaissances minimales sur les concepts d’«alpha» (rendement excédentaire par rapport à l’indice de référence) et de «bêta» (risque du portefeuille par rapport au risque de l’indice de référence).

Mieux vaut pour ces concepts se laisser conseiller par un spécialiste si l’on ne veut pas essayer de s’aventurer dans une documentation d’information sur le produit parfois quelque peu indigeste malgré l’existence, pour les Ucits, d’une information aux investisseurs plus accessible (le Kiid, Key investor information document).

Des frais variables

Si les rendements d’échelle précédemment évoqués sont une réalité, il n’en reste pas moins vrai que certains coûts (qui n’existent pas pour un portefeuille investissant en direct) peuvent grever la performance: frais d’entrée (voire de sortie) du produit, frais de gestion du portefeuille, frais administratifs de domiciliation de la structure, frais de la comptabilité de la société et de l’évaluation (généralement journalière) du portefeuille, frais de la banque dépositaire, frais d’audit, etc.

Ces frais, dont certains sont fixes alors que les frais variables peuvent être plafonnés ou fonction des montants investis, seront d’autant plus importants (relativement) que les avoirs sous gestion sont faibles. Là encore, pour les Ucits, l’investisseur trouvera le montant de ces frais dans la publication des Kiid.

Investir dans un fonds de fonds

Si l’investissement dans un fonds d’investissement permet par conséquent, pour un profil risque donné, de diversifier de façon efficace un investissement même de faible montant, il n’en reste pas moins vrai que l’investisseur sera ainsi lié à un seul gestionnaire et les performances de l’investissement sont exclusivement dépendantes de ce seul gestionnaire.

Une approche raisonnable consisterait par conséquent à diversifier non seulement les actifs, mais également les gestionnaires qui gèrent ces actifs. Un tel procédé peut être réalisé par l’investissement dans un fonds qui investit lui-même dans d’autres fonds, ces derniers étant gérés par d’autres gestionnaires (c’est ce qu’on appelle le principe d’ «open architecture»). Au-delà d’une simple multiplication de gestionnaires, on peut dans cette approche rechercher une véritable diversification des gestionnaires en cherchant à combiner ceux qui ont des approches ou des styles de gestion très différents. On combinera par exemple dans ce contexte des gestionnaires ayant une approche «bottom-up» avec des gestionnaires «top-down»; des gestion­naires «value» et des gestionnaires «growth», des gestion­naires «small cap», «medium cap» et «large cap», etc.

On reproche souvent à ces fonds de fonds d’additionner les frais (les frais du fonds et ceux des fonds sous-jacents), ce qui les rendrait peu attractifs. Tel n’est cependant généralement pas le cas dans la mesure où le gestionnaire d’un fonds de fonds peut négocier auprès des gestionnaires des fonds sous-jacents des frais réduits. Là encore, l’investisseur a intérêt à se référer à la publication des frais totaux qui dépendront largement des montants sous gestion.