La valeur du bitcoin a atteint des sommets depuis un mois.  (Photo: Licence C. C.)

La valeur du bitcoin a atteint des sommets depuis un mois.  (Photo: Licence C. C.)

Phénomène de mode? Bulle? Reconnaissance plus officielle? Les experts divergent sur la question de l’avenir du bitcoin.

Olivier Goemans, head of investment management and advisory à la Banque internationale à Luxembourg, est persuadé que le bitcoin s’apparente à une bulle: «La spéculation actuelle pourrait se comparer à la bulle internet de la fin des années 90 ou, pire encore, à la célèbre tulipomanie des livres d’histoire. Le cours du bitcoin a décuplé depuis le début de l’année, et triplé sur les deux derniers mois. La spéculation sur les bitcoins est alimentée par l’espoir d’une plus large adoption, mais il semble que la technologie sous-jacente (et les risques) ne soit pas comprise de tous les investisseurs.»

Pour l’expert, il est difficile de prédire l’avenir des bitcoins: «Un krach pourrait se produire, mais en prédire la cause ou le moment est difficile. De notre point de vue, il existe une frontière claire entre spéculation et investissement. La valeur du bitcoin et des cryptomonnaies étant impossible à déterminer, il est simplement raisonnable d’observer un phénomène de mode.»

«Le prix initial du bitcoin était de moins d’un cent à sa création il y a neuf ans, cette augmentation encourage la spéculation financière, et donc une bulle», estime Denitsa Stefanova, research associate en asset management à la Luxembourg School of Finance. Elle insiste sur le précédent qu’a créé l’arrivée du bitcoin sur les autres monnaies. «D’un autre côté, le bitcoin est devenu une monnaie de plus en plus acceptée, quasi grand public.»

Un manque de liquidités

Si certains prédisent déjà sa mort, la monnaie cryptographique a déjà vécu plusieurs crises: «En 2013, le bitcoin a augmenté rapidement, mais ensuite des transactions majeures lui ont fait perdre de la valeur. Il y a eu d’autres bulles dans le passé, le bitcoin en a vécu d’autres», explique Denitsa Stefanova.

Le bitcoin inspire donc deux vues très différentes. «Les détracteurs craignent la menace d’une bulle de par la volatilité de la cryptomonnaie qui n’a ni valeur intrinsèque ni base macro-économique», poursuit la chercheuse. «Le bitcoin vaudra 17.310 dollars le 17 janvier 2018, soit 1.000 dollars de plus qu’aujourd’hui»: c’est ce que prévoyait le Chicago Board Options Exchange (CBOE), dimanche 10 décembre, dans la foulée de l’inauguration du premier marché à terme sur la célèbre cryptomonnaie. 

La reconnaissance d’institutions comme la Bourse de Chicago risque d’amener encore plus de visibilité au bitcoin: «Cette exposition va attirer des investisseurs et donc les capitaux vont suivre, ce qui va donc avoir un effet sur les prix», estime la chercheuse Denitsa Stefanova.

Seul problème de taille, si le bitcoin veut continuer à se développer du côté du «grand public», il manque un gros problème de liquidité: «Il est très difficile de changer des bitcoins dans une autre monnaie, on risque donc de ne pas pouvoir s’en défaire facilement», estime Denitsa Stefanova.

La technologie des blockchains est intéressante et elle pourrait aller au-delà de l’aspect monétaire.

Xavier Denis, stratégiste, Société Générale Private Banking

Xavier Denis, stratégiste chez Société Générale Private Banking, est quant à lui très perplexe face aux bitcoins: «J’ai des doutes sur la longévité des bitcoins, car ils n’ont pas de valeur intrinsèque. C’est comme à l’époque où l’on avait voulu introduire de l’or électronique, sauf que là, il s’agit d’un flux purement électronique.»

Même si la monnaie va se digitaliser de plus en plus, «c’est très certainement une bulle, mais la technologie des blockchains est intéressante et elle pourrait aller au-delà de l’aspect monétaire», ajoute Xavier Denis. Que ce soit le bitcoin ou une autre monnaie dématérialisée, les banques planchent déjà sur la question depuis plusieurs années.