Pays producteur de pommes, le Luxembourg a longtemps compté une tradition de cidres artisanaux. «Les fermiers laissaient le jus de pomme fermenter en fût, sans trop y prêter attention. La boisson était plutôt forte et assez âpre», raconte Carlo Hein, un des promoteurs de Ramborn, nouvelle marque du premier cidre fabriqué sur le sol grand-ducal.

Tombé en désuétude, concurrencé par d’autres boissons alcoolisées, le cidre revient pourtant en force dans les habitudes de consommation, par le biais des Anglo-Saxons. Les Strongbow et autres Bulmers coulent aujourd’hui à flots dans bien des bars. «L’idée de produire un cidre nous est venue quand nous avons pris conscience du potentiel que nous avions dans nos vergers à Born», expliquent les initiateurs du projet: Carlo Hein, Gérard Bisenius et Gilles Dimmer. Ce sont avant tout des amis qui ont découvert les cidres anglais et en ont fait une passion. «Nous avons visité les plus grands producteurs et nous avons professionnalisé notre production en nous inscrivant dans la Cider Academy en Angleterre.»

Peter Mitchell, expert en matière de cidre, s’implique personnellement dans la conception du nouveau produit luxembourgeois qui, lors de la première récolte, a été fermenté en Angleterre. Le résultat de cette collaboration enchante non seulement les familles impliquées dans le projet, mais aussi leurs amis.

C’est finalement Carlo Hein qui convainc le groupe Becolux (actif dans les énergies renouvelables et la construction durable) de libérer des fonds pour créer une nouvelle société au sein de ce même groupe pour produire du cidre luxembourgeois. Le nom a été facilement trouvé: Rambo est la variété de pomme la plus répandue dans la vallée de la Basse-Sûre. C’est même elle qui a donné son nom au héros guerrier quand l’auteur David Morrell cherchait un nom pour son personnage et que sa femme est revenue avec ces pommes. Et Born, c’est le village natal des promoteurs. Et voilà: Ramborn est né.

Un produit écoresponsable

Produit tendance, avec un faible pourcentage d’alcool (5,8°), sans gluten (contrairement à la bière), Ramborn a tout pour plaire. Il est également le fruit d’une communauté engagée dans la promotion de leur région: «Nous sommes très fiers que ce cidre soit produit dans la région du Parc naturel du Mëllerdall. C’est un excellent ambassadeur de nos richesses, de notre histoire et de notre savoir-faire local», commente Claude Petit, coordinateur du parc.

Nous sommes très fiers que ce cidre soit produit dans la région du Parc naturel Mëllerdall.

Claude Petit, coordinateur du Parc naturel Mëllerdall

Préservation et entretien du verger, conservation de variétés anciennes et oubliées, valorisation du patrimoine culturel, le produit entre de plain-pied dans une économie écoresponsable parfaitement dans l’air du temps. La rénovation d’une ancienne ferme, avec d’impressionnantes caves de fermentation, complétera le projet en 2016.

Cette année, la capacité maximale est atteinte avec la production de 40.000 bouteilles. Aussi, la commercialisation et la distribution se passent en direct, avec de la vente en ligne, dans quelques bistrots de référence et quelques épiceries fines.

Trois variétés

Pour l’instant, trois variétés de cidre ont été développées. Le Ramborn CM est le produit phare: un cidre extrêmement rafraîchissant avec des arômes frais de pommes et des saveurs légèrement sucrées. Il est vendu à 5 euros la bouteille de 50cl, «c’est-à-dire le kilo de pommes», s’amuse Carlo Hein, qui imagine des bouteilles pendues à ses arbres.

Le Ramborn Somerset Style est plus sucré et plus proche des cidres anglo-saxons: il est d’ailleurs réalisé avec un mélange de pommes luxembourgeoises, acides, et anglaises, plus tanniques. Enfin, le Ramborn Farmhouse se rapproche plus de la tradition. Il est moins pétillant et plus sec. Ces deux derniers sont vendus ensemble en coffret-découverte.

Les promoteurs passionnés espèrent à l’avenir pouvoir fabriquer des cidres plus spécifiques avec telle ou telle variété de pommes et réaliser des assemblages après fermentation à la manière du vin.

Article issu de explorator.lu