Le discours de Theresa May lors de la conférence annuelle du patronat britannique n’a pas suffi à lever les incertitudes qui planent encore autour du futur des entreprises du pays une fois le Brexit entré en vigueur. (Photo: gov.uk.co)

Le discours de Theresa May lors de la conférence annuelle du patronat britannique n’a pas suffi à lever les incertitudes qui planent encore autour du futur des entreprises du pays une fois le Brexit entré en vigueur. (Photo: gov.uk.co)

C’est peu dire que les discours tenus lundi par Theresa May, Première ministre conservatrice, et Jeremy Corbyn, leader de l’opposition travailliste, étaient attendus par les principaux chefs d’entreprise britanniques présents lundi à Londres à la conférence annuelle organisée par la Confederation of British Industry (CBI). Car les deux principaux leaders politiques y ont livré leur vision économique pour la décennie à venir, forcément impactée par le départ du Royaume-Uni de l’Union européenne.

Si Theresa May a réitéré son attente «d’énormes opportunités» et Jeremy Corbyn a prédit «de grands changements», les deux discours ne semblent pas avoir rassuré les capitaines d’industrie. Selon Bloomberg, le sentiment général se résumerait à une impression de dérive, «comme si le pays se dirigeait vers des eaux dangereuses sans même essayer de pagayer». Même analyse du côté de Paul Drechsler, président de la CBI, qui a comparé les négociations en cours entre Londres et Bruxelles à «un soap opera» aux multiples rebondissements, mais sans véritable chute.

Déploiement du plan stratégique lié au «no deal»

Car la principale crainte des dirigeants d’entreprise tient dans l’incertitude grandissante autour des conditions réelles qui seront appliquées après mars 2019, date officielle d’entrée en vigueur du Brexit. Même si Theresa May a une fois de plus réitéré sa volonté de mettre en place «une période de transition limitée (…) au cours de laquelle les conditions actuelles d’accès au marché seront maintenues», la Première ministre n’a pas apporté de nouveaux éléments, notamment sur les besoins de planification en termes d’investissements.

Selon un sondage réalisé par la CBI, quelque 10% des entreprises britanniques ont d’ores et déjà commencé à déployer leur plan stratégique pensé pour un «no deal» post-Brexit. D’ici au mois de mars prochain, les données du patronat britannique tablent sur un chiffre situé au-delà des 60% si aucune avancée concrète n’est enregistrée. Cette incertitude croissante s’inscrit dans un contexte économique particulier, marqué par une baisse du cours de la livre sterling et une hausse de l’inflation, selon les derniers chiffres de la Banque d’Angleterre.

Ces données, publiées en fin de semaine dernière, interviennent quelques jours après les prévisions du Fonds monétaire international qui tablaient, pour 2017, sur une baisse globale de la croissance britannique. Qualifiée de «notable exception» par le FMI dans un contexte économique global en cours d’amélioration, la situation devrait se poursuivre en 2018 avec une chute de la croissance de 1%, à en croire les données de l’OCDE, publiées également la semaine dernière. En cause, la poursuite de la chute de la livre jugée «peu susceptible de stimuler significativement les exportations» et l’arrêt de la productivité déjà pratiquement «immobile».