Paperjam.lu

 

Après la suppression des corporations artisanales durant la Révolution française, il faut attendre la fin du 19e siècle pour que les différents métiers s'organisent de nouveau en associations professionnelles. 

Les boulangers et les coiffeurs d'abord, suivis des peintres et des cordonniers, constituent ainsi leur groupement d'intérêts qui s"uniront en juillet 1905 pour créer l'Allgemeiner Handwerkermeisterverband, la fédération générale des associations de maîtres artisans, et se doter d'une publication.

Parmi les premières revendications de la jeune organisation figure la création d'une chambre des métiers autonome, qui verra finalement le jour en 1924 sous le nom de Chambre des Artisans. Durant l'entre-deux-guerres, un certain nombre de dispositions consacrent juridiquement le statut de l'artisanat, avec une première série de lois sur l'apprentissage (1929), ou régissant le droit d'établissement (1932) et le brevet de maîtrise (1935).

Dissoute en 1940, l'organisation reverra le jour en 1948 sous le nom de Fédération des Artisans, affiliée à la Chambre des Métiers créée en 1945 et que complétera la Mutualité d'Aide aux Artisans, en 1949, organisme de protection sociale des artisans et de leur famille. En même temps, le secteur se dote en 1945 d'un organe de presse officiel, l'Handwierk, prônant l'"évolution et non la révolution' du secteur.

Parmi les réformes de fond marquant l'artisanat de la seconde moitié du 20e siècle, la principale est certainement la loi-cadre de 1968 - réorganisant le régime des aides d'État en faveur des entreprises du secteur des classes moyennes - et qui sera remplacée en 2004 par une nouvelle loi-cadre jetant les bases d'une politique d'encouragement dans les domaines de l'innovation, des énergies renouvelables et de la sécurité alimentaire notamment.

Autre thème récurrent, l'autorisation d'établissement, longtemps au coeur des débats depuis 1948, avant qu'une première loi "déterminant les conditions d'accès et d'exercice de certaines professions" ne vienne en 1962 remettre un peu d'ordre dans le secteur.

Elle sera une première fois modifiée en 1988 par un texte intégrant les principes du traité des communautés européennes (libre établissement et libre prestation des services au sein du marché commun), autorisant de facto les entrepreneurs étrangers à s"établir et/ou exercer leurs services au Grand-Duché. Le 9 juillet 2004, enfin, le législateur adoptait une seconde loi maintenant la réglementation de l'accès aux professions, et confirmant la soumission de tout établissement à un strict agrément préalable.

Aujourd'hui, la Fédération des Artisans regroupe quelque 50 organisations professionnelles et 150 métiers répartis en cinq catégories (alimentation, mode, santé et hygiène, mécanique, construction et habitat, divers). Ses principales missions sont la sauvegarde et la défense des intérêts des entreprises du secteur, ainsi qu'une fonction consultative auprès du gouvernement qui lui soumet pour avis tous les projets de lois et de règlements relatifs à l'artisanat.

Secteur des plus prépondérants au sein de l'économie nationale, l'artisanat luxembourgeois représente aujourd'hui 16% du nombre d'entreprises et quelque 20% de l'emploi total du pays. Il compte pour 10% de la valeur ajoutée qui se crée et pour 2% des investissements effectués.