« Notre marché tourne trop  en vase clos. » (Photo : Jessica Theis)

« Notre marché tourne trop en vase clos. » (Photo : Jessica Theis)

Monsieur Vanhoutte, votre secteur a-t-il connu des changements significatifs au cours des dernières années ?

« Nous avons constaté un ralentissement de l’activité depuis la crise. Cependant, un léger regain d’activité se fait ressentir. Est-il passager ou va-t-il perdurer ? Difficile à dire pour l’instant. Toujours est-il que ce regain se conjugue à une volonté de diversifier les avoirs dans lesquels les fonds investissent. Les demandes commencent à poindre au niveau des énergies renouvelables, mais aussi des actifs tangibles et passion funds, sachant que le private equity et l’immobilier restent des avoirs prédominants dans le domaine des fonds alternatifs.

Les dernières évolutions légales ont généré des demandes de gestionnaires, qui souhaitent passer de l’offshore à l’onshore, par le biais du Luxembourg.
Au sein de notre secteur d’activités, nous consta­tons une certaine consolidation des entreprises au travers du rachats de petites et moyennes structures, par de plus grands groupes. Le marché connaît une saine compétition, même si certains prestataires de services font du dumping sur le prix de leurs services. Ce dernier aspect est plutôt contradictoire, car le Luxembourg dispose d’une main-d’oeuvre assez chère, par rapport à d’autres pays. Il faut espérer que ce dumping n’ait pas un effet négatif sur la qualité des services prestés.

Pensez-vous que les mois à venir seront marqués par d’autres changements ?

« De nouvelles opportunités apparaissent, notamment grâce à la nouvelle directive relative aux gestionnaires de fonds d’investissement alternatifs (AIFMD). Elle donnera notamment la possibilité à des professionnels du secteur financier, autres que les institutions bancaires, d’agir en tant que dépositaires d’avoirs non liquides. De ce fait, certains prestataires de services se positionnent d’ores et déjà comme une alternative aux institutions bancaires, pour agir en tant que dépositaires de ce type d’avoirs. L’AIFMD ouvre également une voie pour les administrations centrales de fonds d’investissement : prester des services en tant que société de gestion. Il est prévisible que certains prestataires s’orientent donc vers l’une ou l’autre opportunité (voire les deux). Ces opportunités vont être le cheval de bataille du secteur durant les mois à venir, et ce jusqu’en juillet de l’année prochaine.

Ces évolutions vont-elles contribuer à modifier vos besoins en RH ?

« Le Luxembourg est un marché relativement fermé : on a l’impression de jouer aux chaises musicales. Les collaborateurs quittent souvent une société pour une autre et, comme le secteur est petit, nous retrouvons souvent les mêmes personnes.
Si, en général, l’industrie des fonds d’investissement à Luxembourg est définitivement une activité développée, le secteur des fonds d’investissement alternatifs souffre d’un manque de main-d’œuvre qualifiée, du fait de la spécificité de certains types d’avoirs. J’ai l’impression que notre marché pâtit quelque peu de cette situation, et tourne trop en vase clos.

Verriez-vous des améliorations à apporter dans votre secteur ?

« Sans trop d’hésitation : améliorer la communication entre les différents prestataires de services. Par ailleurs, je pense qu’il serait bon de s’attacher à faire progresser les opportunités de formation et de développement des employés, d’une part, et la promotion des équipes, d’autre part.
Pour les fonds d’investissement alternatifs, il faudrait, dans la mesure du possible, travailler sur l’automatisation des systèmes et des procédures afin de limiter les risques d’erreurs humaines. Cela permettrait, par ailleurs, de réduire les frais et commissions des prestataires, afin de rendre la Place luxembourgeoise encore plus attractive. »

 

Jan Vanhoutte
• 36 ans

• Managing director chez Vistra Fund Services Luxembourg depuis mars 2012