Si 2017 aura été l’année de la concrétisation matérielle de la stratégie destinée à faire du pays une plate-forme logistique de premier plan au niveau européen, sa mise en place effective devra attendre encore un peu. Car si le Luxembourg, via les CFL, dispose désormais d’un tout nouveau centre multimodal destiné à faire transiter des millions de tonnes de marchandises, il existe encore une marge de progression pour arriver à une exploitation à son plein potentiel.

Avec une perte nette de 13,9 millions d’euros, CFL Multimodal apparaît comme «un problème» selon les termes de Jeannot Waringo, président du conseil d’administration des CFL, dans des résultats annuels 2017 jugés globalement «positifs». Pour expliquer cette situation, Marc Wengler, directeur général des CFL, avance plusieurs éléments de réponse, allant «des répercussions de la mise en place d’une nouvelle activité» à «l’impact de la réorganisation liée à l’utilisation du nouveau dépôt central» en passant par «les perturbations enregistrées à l’étranger comme les grèves» ou «le besoin de chercher de nouveaux clients».

Difficulté pour la branche fret

Cette situation ne serait toutefois «pas une surprise totale» puisque Jeannot Waringo indique que «le business plan prévoit des résultats à l’équilibre pas avant deux, trois, voire quatre années». Le temps aux CFL, et au Luxembourg, de «se faire une place sur la carte européenne» pour une activité logistique ferroviaire où la concurrence est importante.

Pour y parvenir, le groupe entend tirer profit des résultats positifs enregistrés par son autre branche fret, CFL Cargo, qui réalise pour la quatrième année consécutive une année bénéficiaire, à 3,3 millions d’euros. Ce qui permet à la branche fret d’afficher une perte nette de 10,6 millions d’euros en 2017, contre un bénéfice de 4,5 millions un an plus tôt.

Au niveau global, les CFL ont clôturé l’année 2017 avec un bénéfice de 10 millions d’euros, en recul de 3,5% par rapport à 2016, «année record» qui avait vu l’entreprise publique enregistrer un résultat net de 13,5 millions d’euros. Croissance du nombre de passagers transportés – 22,9 millions en 2017 contre 22,5 en 2016 - et mises en service de nouvelles infrastructures  – gare Pfaffenthal-Kirchberg, funiculaire et gare d’Howald – sont autant d’éléments avancés pour expliquer la situation.

«Le bilan que nous présentons n’est pas seulement financier», souligne Marc Wengler en référence aux mesures mises en place au cours de l’année écoulée, marquée notamment par une collision mortelle entre deux trains à hauteur de Dudelange. Et ce dernier d’évoquer non seulement la mise en place du système ETCS pour le freinage d’urgence sur l’ensemble du matériel roulant voyageurs que le renforcement des caméras de surveillance dans les trains et dans les gares/arrêts ou la suppression de 10 passages à niveau d’ici 2024. Le tout étant destiné à «améliorer encore la sécurité offertes à nos clients».

Cette logique d’amélioration du service se retrouve également dans le montant des investissements réalisés. 100,2 millions d’euros par le groupe CFL en 2017 pour l’achat de matériels roulant et qui s’élèveront à 3,9 milliards d’euros d’ici 2027 pour les infrastructures via le Fonds du rail. «Soit un niveau sans équivalent en Europe pour les années à venir», réaffirme Marc Wengler, qui liste les projets qui doivent voir le jour au cours de la décennie à venir, de la mise en service en 2019 du second viaduc Pulvermühle à la seconde phase de la gare d’Howald en 2024, sans oublier la fin des travaux d’extension de la gare de Luxembourg.