700 projets innovants liés à l’étude Rifkin ont été recensés dans la région des Hauts de France. (Photo: Patrick Galbats / archives)

700 projets innovants liés à l’étude Rifkin ont été recensés dans la région des Hauts de France. (Photo: Patrick Galbats / archives)

Le contexte était un peu différent, mais la volonté d’amorcer un profond changement de paradigme de l’économie identique. Avec plus de trois ans d’avance sur le Luxembourg, la région française Nord-Pas-de-Calais, devenue depuis le 1er janvier 2016 la région Hauts-de-France après mariage avec la Picardie, a fait appel à Jeremy Rifkin pour amorcer sa troisième révolution industrielle. Et après la présentation en octobre 2013 d’un «master plan», la volonté d’une mise en application rapide a été unanime.

Cette troisième révolution industrielle a entraîné une symbiose entre le monde de l’entreprise et celui de la politique.

Bertrand Zuindeau, responsable de la mission «Troisième révolution industrielle en Hauts-de-France»

«Nous avions vraiment le souci de passer très vite aux choses concrètes pour ne pas perdre l’enthousiasme qu’avait déclenché cette démarche», a raconté M. Zuindeau. «Une forte dynamique a été créée et a entraîné un élan incontestable de la part de tous les acteurs.» De la création d’entreprises aux initiatives associatives, en passant par l’implication des universités de la région: quelque 700 projets innovants liés à l’étude Rifkin ont été recensés. Un succès, selon le fonctionnaire français, qui s’explique par la création d’outils de financement spécifiques et la mise en place de mesures d’accompagnement des porteurs de projets.

«Cette troisième révolution industrielle a entraîné une symbiose autant entre le monde de l’entreprise et celui de la politique qu’entre les différents partis politiques», a expliqué M. Zuindeau. La réforme territoriale et le changement de majorité politique au sein du conseil régional n’ont d’ailleurs aucunement remis en question le bien-fondé de cette démarche.

La «marque Rifkin» vaut son pesant d’or

Mais quel a été l’impact réel de l’étude Rifkin et comment différencier les tendances déjà existantes de celles impulsées par la troisième révolution industrielle? Aucune évaluation détaillée n’a été faite. «Une polémique est apparue autour de la question de la labellisation des projets», a détaillé M. Zuindeau. «Certains estimaient que celle-ci aurait freiné l’apparition d’initiatives. Nous avons finalement abandonné l’idée.»

Trois ans après la mise en application des grands axes prônés par l’étude Rifkin, le conseil régional des Hauts-de-France a toutefois fait son mea culpa et décidé de mener des actions d’évaluation approfondies tout en se concentrant davantage sur l’aspect qualitatif des projets.

Un travail nécessaire, que le Luxembourg a voulu introduire dans le cadre même de la gouvernance de l’étude Rifkin, qu’il a présentée la semaine dernière. Mais avec ou sans évaluation, l’impact de cette troisième révolution industrielle est certain, selon M. Zuindeau. «Elle porte la marque Rifkin et cela a beaucoup plus d’impact auprès de nos citoyens comme des investisseurs étrangers qu’une quelconque stratégie du conseil régional, aussi pertinente soit-elle.»