«Nous avons une responsabilité globale» en matière de transparence, a souligné Pierre Gramegna lors de son intervention. (Photo: Charles Caratini)

«Nous avons une responsabilité globale» en matière de transparence, a souligné Pierre Gramegna lors de son intervention. (Photo: Charles Caratini)

Pierre Gramegna a joué au maître d’école ce jeudi à l’ouverture du Banking Day organisé pour la 15e fois par PwC Luxembourg. Il a demandé à l’aéropage de représentants de la Place d’arbitrer à main levée pour le nom abrégé de la future House of Fintech qui sera présentée le 18 février prochain, dans le cadre de la conférence Fintech Stage. Le choix leur fut donné, en moins d’une minute chrono, entre l’acronyme Lhoft et FinTech Garden. Lhoft faisant l’unanimité, le ministre des Finances l’a adjugé sans autres façons: «We have the name», a-t-il dit en concluant son discours inaugural avant de quitter la Chambre de commerce à bord de la Mercedes gros calibre, girophare sur le toit, sirène hurlante pour griller un feu rouge, car le ministre pressé devait se rendre à l’aéroport pour attraper un vol pour Vienne où il devait rencontrer son homologue Hans Jörg Schelling et parler entre autres Beps, un autre acronyme désignant le projet de l’OCDE et du G20 relatif à l’érosion de la base d’imposition et au transfert de bénéfices.

Un accord multilatéral mettant en œuvre des normes déclaratives relatives aux prix de transfert qu’il s’agit de transposer en 2017 et signé à Paris le 28 janvier dernier. Lors de la cérémonie de signature, le ministre luxembourgeois fut l’une des trois personnalités à prendre la parole, avec son homologue du pays d’accueil, Michel Sapin et Angel Gurria, le secrétaire général de l’OCDE. Pour Pierre Gramegna, cet honneur est bien la preuve que le Luxembourg tient un rôle de pays précurseur et leader sur le chemin de la transparence fiscale.

L’accord constitue à ses yeux un élément important du «level playing field» en matière de fiscalité internationale, qui devrait rendre plus digeste Beps pour la place financière et ne pas faire peur à ses opérateurs. 

Nous avons une responsabilité globale en matière de transparence.

Pierre Gramegna, ministre des Finances

«Nous avons une responsabilité globale» en matière de transparence, a souligné le ministre en comparant Beps à la COP21 sur l’environnement: «La même chose est en train de se passer en matière de taxation», a-t-il déclaré.

Son discours rassurant aux banquiers luxembourgeois tranche avec les messages délivrés par les experts de PwC appliquant au secteur bancaire des théories darwinistes de l’évolution dans un monde hyper-régulé où les «robo-advisors» pourraient remplacer les banquiers pour prodiguer des conseils en investissement. «Le Luxembourg est devenu plus attrayant qu’il l’était avant», s’est félicité Pierre Gramegna, l’avant étant la période précédant l’abolition du secret bancaire au Luxembourg.

Les gens s’intéressent à la fiscalité luxembourgeoise pour Beps et non plus pour l’affaire LuxLeaks, a-t-il encore assuré. Il en veut pour preuve le plein qu’un séminaire organisé en janvier par la plateforme de promotion Luxembourg for Finance a fait à Milan. 350 personnes dans le public cible, contre 200 lors d’un précédent déplacement en septembre 2015. 

Claude Marx, un risque calculé

Le thermomètre de Pierre Gramegna donne désormais la température à l’aune du nombre d’interviews qu’il donne: moins il y en a, mieux c’est. Le ministre s’est félicité d’en avoir donné une lors de son dernier déplacement en Italie au quotidien de centre gauche La Republica et d’avoir été interrogé par les journalistes uniquement sur les nécessités liées à Beps sans même que l’affaire des LuxLeaks, qui lui avait valu des entretiens à tour de bras avec la presse italienne un an plus tôt, ne fut abordée. En espérant que le procès de la fuite de documents prévu en avril ne réveillera pas l’hydre qui dort.

Pierre Gramegna a par ailleurs salué la carrière de Jean Guill, présent au Banking Day aux côtés de son successeur Claude Marx, l’ancien banquier privé qu’il a choisi à la direction générale de la CSSF, parce qu’il était le meilleur. «J’ai pris un risque, mais un risque calculé», a-t-il dit. Jean Guill, a enfin souligné le ministre, a navigué entre la mise en œuvre de la régulation et les besoins du business «en évitant l’iceberg».

Quelques minutes plus tôt dans son discours inaugural, John Parkhouse, le managing partner de PwC, saluait le maintien par le gouvernement luxembourgeois d’un environnement bancaire «friendly».