Selon les plans de François Bausch, tous les aiguilleurs du Findel devront être capables de gérer le contrôle aérien, mais aussi le contrôle des parkings via la gestion du radar. (Photo: Paperjam/DR)

Selon les plans de François Bausch, tous les aiguilleurs du Findel devront être capables de gérer le contrôle aérien, mais aussi le contrôle des parkings via la gestion du radar. (Photo: Paperjam/DR)

Face à la croissance de 60% du trafic passager enregistré entre 2010 et 2015 et à la nécessité de répondre à de nouvelles normes dans le cadre de l’implémentation du ciel unique européen, l’Administration de la navigation aérienne (Ana) se devait d’être modernisée. Sur ce point, tous les acteurs s’y accordaient. Mais comme souvent, les oppositions trouvaient leur origine dans les moyens d’y parvenir.

Pour la direction de l’Ana et la représentation du personnel, la solution ne pouvait venir que d’une externalisation complète du service de l’approche, aussi bien sur le plan opérationnel que sur le plan technique. Autrement dit, une délégation totale des services de contrôle d’une partie de l’espace aérien réalisé jusqu’à présent par 20 aiguilleurs luxembourgeois, ainsi que la mainmise sur la technologie utilisée. D’après les projections présentées en juin dernier, cette solution aurait permis «d’économiser 40 millions d’euros sur 10 ans», selon John Santurbano, directeur de l’Ana, et représentait «un projet crucial» pour l’avenir de l’administration.

J’ai décidé de réorganiser l’Ana autour de trois points.

François Bausch, ministre du Développement durable et des Infrastructures

De l’autre côté, les aiguilleurs de l’approche, réunis au sein de la Laca, se sont toujours opposés à ce projet, dénonçant un projet qui portait atteinte «à la sécurité et à la souveraineté nationale». Soutenue par 16 associations, dont l’Association luxembourgeoise des pilotes de ligne ou l’Union des pilotes luxembourgeois, la Laca plaidait pour le statu quo. François Bausch, un temps partisan de l’externalisation complète de l’approche dans un contexte de «développement de synergies au niveau européen dans le domaine aérien», aura finalement opté pour un compromis.

«J’ai décidé de réorganiser l’Ana autour de trois points: une collaboration technique avec la DFS qui devra se faire dans les meilleurs délais, le maintien des services de l’approche au Luxembourg et le recrutement de nouveaux aiguilleurs qui pourront assurer aussi bien le contrôle des avions dans le ciel, mais aussi au sol», indique-t-il mardi. Une solution intermédiaire donc qui prévoit la notion d’interchangeabilité, à savoir la nécessité pour tous les aiguilleurs – répartis actuellement entre la tour de contrôle et l’approche – de maîtriser toutes les tâches, qu’il s’agisse de contrôle aérien, mais aussi au sol. Et donc d’obtenir les licences associées.

Le ministre a trouvé une alternative (...) acceptable.

John Santurbano, directeur de l’Administration de la navigation aérienne

Comme l’indiquait lundi Paperjam, 12 nouveaux aiguilleurs du ciel viendront renforcer les équipes. La sélection se fera «courant 2017 avec le soutien de la DFS», note François Bausch. Les formations pour l’obtention d’une double licence approche/tour, elles, ne devraient pas commencer avant 2018. Tous devront également prendre en charge la surveillance radar des parkings, véritable talon d’Achille du Findel. Selon nos informations, ces futures recrues ne devraient pas avoir le statut de fonctionnaires, mais celui d’employés de l’État.

«Le but de la direction de l’Ana était de garantir la sécurité des huit parkings et de pallier les obligations et les faiblesses, notamment en termes de réactivité. C’est pourquoi nous soutenions l’externalisation», assure mardi John Santurbano. «Mais le ministre a trouvé une alternative qui, si elle fonctionne, et elle devrait fonctionner, est acceptable.» Même son de cloche du côté des membres de la commission parlementaire, parfois critiques sur le projet. David Wagner (Déi Lénk), évoque «un happy end», tandis que Serge Wilmes (CSV) se dit satisfait «du maintien de l’approche au Luxembourg». Le projet a ainsi été adopté à l’unanimité en commission et devrait, selon les calculs du ministère, permettre d’économiser «30 millions d’euros sur 10 ans».