Gary Kneip: «Nous travaillons à mettre en place un 'accélérateur national'.» (Photo: Julien Becker )

Gary Kneip: «Nous travaillons à mettre en place un 'accélérateur national'.» (Photo: Julien Becker )

Monsieur Kneip, quel regard portez-vous sur la situation actuelle du monde IT?

«Apparemment tout va pour le mieux dans le pays de cocagne qu’est le Luxembourg… Plus sérieusement, on constate que dans un secteur où le PIB stagne ou n’augmente que très peu (0,4%), le nombre d’acteurs, lui, ne cesse de croître. Toujours plus de personnes veulent manger un gâteau qui n’est pourtant pas plus grand. La concurrence est ainsi toujours plus forte. La stratégie du gouvernant qui comprend le pilier ‘informatique’ a donc du sens si, selon moi, on ne cherche pas à continuer à développer des entreprises classiques, déjà fortement représentées.

D’un autre côté, certains groupes internationaux ont vu dans notre pays un havre économique des plus attrayants. Est-ce que ce sera toujours le cas? Il y a matière à douter, d’autant plus qu’en janvier 2015, la loi modifiée sur la TVA des produits de l’e-commerce va très certainement rebattre les cartes. Et en parallèle, la Commission européenne observe rigoureusement notre régime IP. Les avantages fiscaux perdant un peu de leur superbe, il reste bien le régime attractif de la sécurité sociale, la situation géographique de notre pays et le mini-guichet unique en matière de TVA, qui sera effective en 2015 et devrait attirer les sociétés soucieuses de s’affranchir d’obligations de déclarations fiscales dans chaque pays où elles sont actives. Mais cela suffira-t-il pour attirer de nouvelles structures?

Comment voyez-vous l’avenir, du coup?

«Dans le programme gouvernemental, nous avons pu glisser quelques bonnes idées comme, entre autres, la création d’une agence de liaison entre les start-up et les établissements de crédit. D’autre part, et ceci pour les entreprises installées qui se trouvent dans leur phase de croissance ou de maturité, nous travaillons à mettre en place un ‘accélérateur national’, au travers d’une initiative menée par le privé et où l’État n’interviendrait que comme complément.

L’objectif d’une telle structure ouverte serait de prendre en charge une entreprise pendant trois ou quatre mois afin de développer son potentiel, via un encadrement quotidien. Une structure de cette importance demande des financements – 10 à 15 millions d’euros dans un premier temps –, des ressources humaines et des locaux prêts à accueillir les entreprises accompagnées.

Data4 est prête à investir, mais il lui faut l’appui d’autres partenaires privés. Cette initiative serait, j’en suis persuadé, le garant d’une implantation plus importante de sociétés innovantes au Luxembourg.

Cela donne-t-il lieu à de nouveaux besoins en ressources humaines?

«Le secteur IT en général, Data4 en particulier, recherche des créatifs comme des ingénieurs. Dans tous les cas, ce sont, pour une grande part, des spécialistes que l’on ne trouve pas au Luxembourg. Le pays a donc besoin de devenir encore plus attractif et pour cela doit travailler en priorité sur les questions de logement et d’écoles.

Que changer dans l’absolu pour faire mieux et plus vite?

«La mise en place de cet accélérateur national, j’en suis sûr, trouverait son écho hors de nos frontières. Pour cela, la promotion aura un rôle important. Pas sous forme de démarchage classique (tel que nous l’avons fait aux États-Unis et au Japon notamment, il y a deux ans et demi de cela) car il ne rapporte que très peu de business. Mais au travers d’une initiative nationale et concertée. Un tel modèle permettrait d’attirer des entreprises qui recherchent une structure à même de leur permettre d’accélérer leur activité. La vision que je décris n’est pas de la philanthropie, mais bien du business. Pour être encore plus successful, il faut pouvoir créer son marché.»