Si l’assainissement du secteur des taxis est jugé réussi, reste désormais à modifier la loi pour faire changer certaines mentalités et faire baisser les coûts. (Photo: Olivier Minaire / archives)

Si l’assainissement du secteur des taxis est jugé réussi, reste désormais à modifier la loi pour faire changer certaines mentalités et faire baisser les coûts. (Photo: Olivier Minaire / archives)

Déjà fruit de longs échanges – dont certains houleux –, la réforme des taxis fera l’objet, dans les mois à venir, d’ajustements. Un an après son entrée en vigueur complète, après une période de transition de six mois, le texte se retrouve en discussion entre le ministère du Développement durable et des Infrastructures (MDDI) et la Fédération des taxis, afin de «modifier les choses à modifier».

Car, si l’objectif premier de la loi défendue par François Bausch (Déi Gréng) était d’assainir un secteur pour le moins opaque en mettant fin au système des licences communales, en renforçant les contrôles et en mettant en place les conditions pour une diversification de l’offre, le texte visait également à tirer les prix vers le bas et à faire évoluer les mentalités. Aussi bien celle des professionnels que des clients. Si le premier objectif «est atteint», selon les dires de Jean-Paul Maas, «monsieur Taxis» au sein du MDDI, les deux autres restent encore à peaufiner.

«Comportements inadéquats» et «tarifs exagérés»

Selon le rapport intermédiaire de l’Observatoire sur la formation des prix, publié fin juillet dernier, les tarifs des taxis ont crû de 11% entre 2013 et 2017, alors que ceux des coûts à supporter – main d’œuvre et pétrole – ont connu une évolution de 3,2% sur la même période. Les tarifs maximums constatés faisant état d’un prix de 3,70 euros du kilomètre. Soit bien au-delà des tarifs maximums pratiqués en dehors des frontières. «Bien que justes, ces données doivent être cependant relativisées, puisqu’elles s’étalent sur une période de quatre années, la loi n’étant entrée en vigueur qu’au 1er septembre 2016 avec la fin de la période transitoire au 1er mars 2017», note Jean-Paul Maas, qui souligne que «dans le même temps, le trafic passagers au Findel a fortement augmenté, tout comme le nombre de nuitées, le nombre de passagers CFL, ou bien encore la population globale».

En ce qui concerne les mentalités, un coup d’œil aux données sur les plaintes recensées par le ministère en 2017 permet de noter le maintien de certaines habitudes. Sur les 2.651 contacts recensés en 2017 auprès du helpdesk – 81,5% de la part de professionnels et 18,5% de la part de clients –, les plaintes des usagers dénoncent avant tout «les comportements inadéquats du conducteur» et «le non-respect du trajet le plus court ou le tarif exagéré de la course». Soit des critiques déjà maintes fois relevées et qui s’expliquent, notamment pour la seconde, par le fait que la facture est payée par les entreprises, la majorité des clients des entreprises de transport étant des hommes et femmes d’affaires.

Discussions jusque «fin avril, début mai»

Pour tenter de changer la donne, la Fédération des taxis et le MDDI discutent de cinq axes de réflexion qui visent tous à «mettre le client au centre du changement». Parmi eux, l’éventuelle suppression des six zones actuelles pour les remplacer par une zone nationale unique, afin d’accroître l’offre globale de taxis disponibles, notamment aux heures de pointe, et diminuer les courses à vide, l’introduction d’une catégorie de taxis dite à faible niveau d’émissions qui serait la seule, avec les taxis zéro émissions, à bénéficier de nouvelles licences, ou bien encore l’accélération de la digitalisation du secteur via notamment l’encadrement légal du partage de taxi ou la mise en place d’une plateforme numérique commune destinée à ne plus faire payer le temps d’attente des clients lors du retard d’un avion ou d’un train international.

L’idée de renforcer l’encadrement du secteur via la délivrance d’une carte de chauffeur tous les cinq ans, et non tous les 10 ans, ou un renforcement des obligations faites aux conducteurs comme l’utilisation du chemin le plus court ou le paiement par carte sont également sur la table. Les discussions entre le MDDI et la Fédération des taxis doivent durer jusque «fin avril, début mai», selon Jean-Paul Maas.