La 5G va toucher tous les secteurs pour une raison simple: elle sera capable de connecter tout ce qui embarque ou est susceptible de contenir demain un microprocesseur. (Photo: Fotolia / Robert Kneschke)

La 5G va toucher tous les secteurs pour une raison simple: elle sera capable de connecter tout ce qui embarque ou est susceptible de contenir demain un microprocesseur. (Photo: Fotolia / Robert Kneschke)

Oui, la 5G est une nouvelle génération de connexion mobile. Non, ce n’est pas juste le successeur de la 4G. Cette technologie constitue une étape majeure sur le chemin d’une société 100% numérique. Grâce à ce réseau, tous les appareils qui accompagnent notre quotidien seront potentiellement connectés à internet en très haut débit. Une révolution à la fois technologique et sociétale.

Quelle différence avec la 4G? 

Entre la 4G et la 5G, il y a un monde. D’abord côté débit, puisque selon les expérimentations menées par les opérateurs et les fabricants d’infrastructures téléphoniques, la 5G serait entre 10 et 100 fois plus rapide que la 4G+. Les acteurs pensent atteindre à terme les 20Gbits/s.

Plus généralement, la 5G est pensée pour les usages de demain. Elle gérera donc aussi les liaisons à bas débit pour les petits objets connectés et répondra à trois objectifs: diminuer la consommation d’énergie des appareils, autoriser de très nombreuses connexions simultanées sur chaque relais et abaisser drastiquement le temps de latence entre l’envoi et la réception d’informations. Il s’agit de passer d’une demi-seconde de «temps de réaction» de la 4G à moins d’une milliseconde en 5G. Un gain appréciable pour les usages quotidiens des particuliers, mais qui devient crucial si l’on pense au chirurgien qui opère à distance ou à une voiture autonome lancée à 130km/h sur l’autoroute et sommée de prendre une décision face à un obstacle. Les réseaux 5G devront d’ailleurs offrir une qualité de service minimale aux appareils en mouvement, et ce jusqu’à 500km/h!

La 5G va-t-elle tout remplacer?

Non. D’abord parce que la 4G n’ayant pas dévoilé tout son potentiel a encore un bel avenir devant elle. Elle continue ainsi de se déployer dans les zones dépourvues de raccordement fibre ou ADSL pour lesquelles l’accès à internet via les boxes 4G représente une solution. Ensuite, la mise en place de la 5G se fera de manière progressive. Enfin, pour offrir une connectivité permanente et omniprésente, la 5G aura besoin de s’appuyer sur tous les réseaux existants, bas, haut et très haut débits.

On peut, en revanche, imaginer – comme cela commence à se faire avec la 4G – que la 5G pallie l’absence de connexion fixe dans des zones difficilement accessibles.

En résumé, il n’y aura pas une 5G, mais différentes technologies adaptées à chaque usage et reliées entre elles.

Ça démarre quand? 

Les premiers tests réalisés en France et aux États-Unis par les opérateurs de téléphonie mobile doivent être considérés comme de la fausse 5G. De la «4G++» ou «4,9G» en quelque sorte. L’Institut luxembourgeois de régulation (ILR) que nous avons interrogé sur le déploiement de la 5G au Grand-Duché (lire ici) le confirme: il n’y a aucun test de 5G actuellement en Europe, tout simplement parce qu’il n’existe encore aucun équipement 5G hors des laboratoires.

L’Europe mise sur 2020 pour le lancement commercial de la 5G finalisée, et 2025 pour sa généralisation. Les premiers smartphones équipés de puces 5G sont attendus pour la fin de l’année 2019 et pourraient donc arriver avant les réseaux! Principal fournisseur de processeurs pour mobiles, Qualcomm a d’ores et déjà inscrit le modem 5G Snapdragon X50 à sa roadmap et prévu d’en équiper le Snapdragon 855, la génération 2019 de sa puce haut de gamme. À la fois fournisseur d’infrastructures réseau, fondeur de puces et concepteur de terminaux mobiles, le géant chinois Huawei envisage de lancer un smartphone 5G avant la fin de l’année 2019.

Que faudra-t-il pour en profiter?

Pour goûter à la 5G, il faudra s’équiper de produits «compatibles» et se trouver dans des zones couvertes par cette technologie. Des petites antennes, intégrées un peu partout en ville (lampadaires, bancs publics…), devraient faire leur apparition. La 5G exploitera en effet des fréquences particulières, on parle d’ondes submillimétriques et millimétriques, comprises entre 3,5 et 28GHz. La portée de ces ondes étant plus limitée, il faut multiplier les antennes relais et les capteurs dans les objets connectés. Les antennes millimétriques étant bien plus compactes, leur installation devrait toutefois s’avérer plus facile en milieu urbain. Il est encore trop tôt pour parler des tarifs d’abonnement à la 5G. Les acteurs de ce nouveau marché doivent expérimenter les cas d’usage et inventer les modèles économiques.

En quoi la 5G va-t-elle changer le monde? 

Opérateurs d’infrastructures télécom, énergétiques, portuaires, ferroviaires; industrie automobile, agriculture, santé, finance, construction… La 5G va toucher tous les secteurs pour une raison simple: elle sera capable de connecter tout ce qui embarque ou est susceptible de contenir demain un microprocesseur. Les dispositifs qui traitent d’énormes quantités de données, comme la réalité virtuelle et augmentée, et l’intelligence artificielle vont pouvoir tourner à plein régime. La 5G, c’est le futur d’un monde numérique où tout communiquera avec tout de manière instantanée et presque naturelle. 

Voilà pour le rêve. Pour le reste, il y aura d’autres défis à relever: la sécurité des échanges, la protection contre le cyber-espionnage ou les nouvelles frontières de la vie privée. Des enjeux humains souvent plus complexes à résoudre que les défis techniques!