Christoph Bumb et Laurence Bervard présentaient ce lundi les détails de leur magazine en ligne indépendant. (Photo : Maison Moderne Studio)

Christoph Bumb et Laurence Bervard présentaient ce lundi les détails de leur magazine en ligne indépendant. (Photo : Maison Moderne Studio)

Christoph Bumb et Laurence Bervard présentaient ce lundi un business model «sérieux» pour le magazine en ligne Reporter qui se veut «indépendant, critique, d’investigation et participatif». Selon les deux anciens journalistes du Wort, Reporter a «besoin de 150.000 euros pour pouvoir démarrer. Pour cela nous avons besoin de 1.000 supporters qui seraient prêts à investir 150 euros». Qui paiera les 150€ aura automatiquement un abonnement d'un an.

Chaque euro qui dépasserait ce seuil minimum serait «conséquemment» investi dans le développement de l’équipe et dans l’approfondissement journalistique du projet. Équipe d’ailleurs renforcée par deux free-lances, apprenait-on ce lundi: Marie-Laure Rolland, qui démissionnait du Wort la semaine dernière, ainsi que Kyra Fischbach, ancienne journaliste de la radio publique 100,7 et du magazine Forum.

En outre, Reporter disposerait d’un «réseau» de journalistes à l’étranger, ainsi que d’autres journalistes qui pourraient, en cas de succès du projet, contribuer en tant que free-lances ou employés fixes. D’autres noms devraient être révélés dans les prochains jours ou semaines.

Le message des «reporters» est clair: le journalisme indépendant et de qualité a un prix.

Feed-back positif

Tandis que la campagne de financement, par voie du site Kickstarter, démarrera le 15 novembre (à midi pile), Laurence Bervard et Christoph Bumb expliquent que Reporter ne commencera pas avant le mois de mars, laissant ainsi le temps au magazine de se mettre en place. Cela dit, Christoph Bumb promet un premier article qui serait diffusé pendant la campagne, afin de montrer aux intéressés à quoi ils peuvent s’attendre. Une fois en route, les «reporters» promettent un article par jour au minimum.

Des articles qui traiteront de sujets nationaux et internationaux dans les domaines politiques, économiques, sociétaux et culturels, explique Laurence Bervard: «Notre site ne sera pas un site de news qui couvrira ce qui se passe le jour même dans le pays». La journaliste estime en effet que la masse d’informations étouffe certains sujets dont l’envergure dépasse l’actualité. Des sujets qui interpellent le fonctionnement de la société.

Depuis l’annonce du projet le 16 octobre, Reporter comptabilise 1.600 followers sur sa page Facebook. Christoph Bumb s’est dit surpris du feed-back «très positif», tant par sa quantité que par sa qualité. En ce qui concerne les autres médias, il dit n'avoir pas senti de nervosité étant donné que ces derniers sont suffisamment bien positionnés et confiants pour ne pas avoir peur.

Indépendance garantie

Reporter représenterait «un autre journalisme» dans un contexte de «changement», notamment au Luxembourg. Christoph Bumb rappelle que le modèle économique des médias est en mutation, d’une part à cause du recul «en partie massif» des recettes publicitaires et, d’autre part, à cause d’un changement «fondamental» du comportement des consommateurs de l’information: «beaucoup de gens et en particulier les jeunes ne sont plus disposés à payer pour un abonnement classique.»

Plutôt qu’uniquement des informations «rapides et brutes», le public désirerait des informations «de fond, cernées et contextualisées». En outre, Christoph Bumb ajoute la question de l’indépendance des médias: «Nous avons pu constater au cours des dernières semaines, que l’influence de partis, d’actionnaires ou autres intérêts économiques organisés n’est pas en recul, mais de plus en plus manifeste». Ce constat ne se limiterait pas aux événements récents au sein du Luxemburger Wort, estime Christoph Bumb. Une allusion à la nomination de Laurent Loschetter en tant que président de 100,7, les changements chez RTL dans la suite de l'affaire Lunghi, ainsi que de manière générale l'influence de partis auprès de certaines publications comme le Tageblatt ou le Journal.

Christoph Bumb, le gérant de Reporter Media sàrl-s, assure que le nouveau magazine ne sera lié à aucun parti et à aucun actionnaire autre que les deux fondateurs. Selon l’enregistrement au Registre de Commerce et des Sociétés, Christoph Bumb détient 75% du capital de 10.000€ et Laurence Bervard 25%. Reporter renoncera à tout financement par la publicité mais pourrait, à moyen terme, solliciter l’aide de l’État pour la presse en ligne, qui pour l'heure est régie par un régime transitoire.