Les ministres en charge de l’espace de 22 États membres de l’Agence spatiale européenne doivent se mettre d’accord sur le financement des programmes des trois prochaines années. (Photo: ESA / Stephane Corvaja)

Les ministres en charge de l’espace de 22 États membres de l’Agence spatiale européenne doivent se mettre d’accord sur le financement des programmes des trois prochaines années. (Photo: ESA / Stephane Corvaja)

À 14 heures depuis Séville, le directeur de l’Agence spatiale européenne, Jan Wörner, présentera les résultats des tractations à huis clos entre États pour trouver 12,5 milliards d’euros afin de financer une ambitieuse politique spatiale au cours des trois prochaines années.

La politique spatiale luxembourgeoise est une fusée à trois étages.

Au premier niveau, le Luxembourg. Le gouvernement a mis en place un cadre réglementaire unique au monde, qui permet par exemple à des sociétés de l’espace qui ont un pied à terre au Luxembourg, quelle que soit l’origine de leur capital social, d’être assurées de pouvoir exploiter leur business spatial. Ou un programme d’accompagnement financier avec LuxImpulse, par exemple. Ou encore un nouveau master en ingénierie de l’espace, pour aider les entreprises de l’espace à trouver la main d’œuvre très spécialisée dont elles ont besoin.

Au troisième étage, le «ministre de l’Espace», , et le directeur de la nouvelle Agence spatiale luxembourgeoise, , poursuivent inlassablement leur travail d’ambassadeurs de l’écosystème luxembourgeois. Ce qui se traduit par l’arrivée de nouvelles sociétés comme par les annonces de partenariats avec d’autres États ou agences spatiales nationales. L’idée finale reste d’obtenir aux Nations unies une lecture «luxembourgeoise» des textes qui encadrent depuis toujours – depuis trop longtemps – les activités de l’espace.

Et au milieu, le deuxième étage de la fusée est européen. À la tête de la présidence ministérielle tournante du conseil des ministres de l’Agence spatiale européenne, le Luxembourg avait une position idéale pour être au carrefour de toutes les énergies et de toutes les réticences. Revenu à un rôle normal au milieu des 22 États membres de l’ESA, les efforts diplomatiques luxembourgeois se sont poursuivis.

Tractations à huis clos

La mécanique est assez simple: ces deux dernières années, les dirigeants de l’ESA, Jan Wörner, en tête, ont concocté un programme pour les trois prochaines années, . À son issue, comme les cardinaux au Saint-Siège, les ministres des 22 États européens se sont retirés à huis clos.

«Le temps est donc venu de prendre des décisions. C’est ce que vous décidez d’aujourd’hui et de demain. Nous verrons donc ce qui peut être fait», a-t-il déclaré.

Enjeu: qui veut financer quoi et à quelle hauteur? Selon les calculs de l’ESA, le programme directeur, appelé Space19+, nécessite au minimum 12,5 milliards d’euros sur trois ans. Chaque ministre est venu avec un double niveau de langage: le premier consiste à dire à voix haute que l’Europe doit être ambitieuse face aux aspirations américaines ou chinoises; le second, à déterminer comment le financement de l’ESA peut avoir un impact sur les ambitions de chaque nation et de chaque secteur spatial national.

«Nous avons déjà eu plusieurs discussions avec les États membres au sujet de tous ces programmes, et il n’y a pas un seul programme où les États membres ont dit: ‘C’est une mauvaise proposition’», a déclaré Wörner dans une interview le mois dernier, . «Aucun des ministres n’a exprimé de réserves en public ou en privé sur la proposition», mais il a reconnu qu’il ne le saurait pas avec certitude jusqu’à ce que les ministres présentent leurs allocations budgétaires identifiant le financement de programmes spécifiques.

4 euros sur 5 reviennent vers les industriels

Il existe deux chiffres: 12,5 milliards pour ce programme sur trois ans, et 14,3 milliards parce que certaines initiatives durent cinq ans. 30% des fonds concernent des programmes scientifiques, 30% des applications (comme l’observation de la Terre, les télécoms ou la navigation), 20% le transport (les fusées Ariane et Vega et la station spatiale de Kourou), 14% l’exploration (par la Station spatiale internationale et dans le cadre des missions robotisées sur la Lune et sur Mars).

80% des financements de l’ESA reviennent vers les industriels européens. Et si le montant total requis n’est pas atteint ou si des États sont réticents à financer tel ou tel programme, l’ESA devra en abandonner ou revoir ses ambitions. L’Allemagne préfère financer des travaux autour du lancement de satellites tandis que la France préfère encourager Ariane 6. Selon le Financial Times, les Britanniques, quatrièmes contributeurs du budget européen, seraient prêts à augmenter leur contribution annuelle de 15% (de 23% si on intègre le taux de change).

Les plus gros contributeurs à l’ESA sont: la France (28,1%), l’Allemagne (22,2%), l’Italie (10,1%), le Royaume-Uni (8,8%) et l’Espagne (4,8%).

Ce sont ces détails que .