Pierre Beissel (partner Arendt in Private Equity & Real Estate) (Photo: Arendt & Medernach)

Pierre Beissel (partner Arendt in Private Equity & Real Estate) (Photo: Arendt & Medernach)

Dans le cadre de l’événement Paperjam’s 2nd Real Estate Seated Dinner Party organisé ce 29 septembre 2022, Pierre Beissel, partner Arendt in Private Equity & Real Estate, partage avec nous son analyse des grandes tendances du marché immobilier luxembourgeois et ses évolutions.

Quelle est votre analyse du marché immobilier luxembourgeois actuel?

. – «Le marché immobilier luxembourgeois se comporte de manière très résiliente face à la crise actuelle, et notamment face à l’augmentation des taux d’intérêt. En comparaison à l’année 2021, un ralentissement est certes visible. Cependant, la demande reste pour le moment suffisamment forte pour atténuer une baisse des prix. Cette demande est sans aucun doute due au développement économique continu du pays, et en particulier au développement de l’industrie des fonds d’investissement, qui nécessite des ressources humaines substantielles et crée un besoin en ressources pour tous les secteurs dérivés, à savoir les services annexes liés ou non liés à l’industrie. De manière logique, les ressources humaines supplémentaires s’implantant à Luxembourg auront besoin de logements, soutenant de ce fait la demande dans le secteur résidentiel. À l’heure actuelle, le marché luxembourgeois est donc un marché poussé par la demande plutôt que par la spéculation, même si une certaine spéculation ne peut pas être niée. Sauf hausse très substantielle des intérêts ou problème structurel important pour l’industrie luxembourgeoise des fonds, on peut penser qu’une baisse des prix est actuellement peu probable et que le marché restera un marché vendeur plutôt qu’un marché acheteur.

Comment anticipez-vous l’impact de l’évolution des taux d’intérêt sur le marché immobilier?

«Il serait illusoire de croire que l’augmentation des taux d’intérêt restera sans conséquence sur le marché immobilier. En bref, le coût d’acquisition de l’immobilier se trouvera renchéri, quelle que soit la sous-classe d’actifs. En résidentiel, certaines catégories de personnes n’auront plus accès à la propriété immobilière. Cela pose problème dans un marché luxembourgeois où l’accès à la propriété était déjà difficile auparavant. La durée des prêts pour l’acquisition d’immobilier résidentiel devrait s’allonger afin de permettre l’acquisition de propriété immobilière à certaines personnes. Vu la demande immobilière importante à Luxembourg, il n’est cependant pas certain que l’augmentation des taux aura un effet durable sur les prix de l’immobilier, sauf augmentation très substantielle de ces taux, ce qui semble actuellement peu probable en Europe, sous réserve bien évidemment d’une inflation extrême et prolongée. Sur le marché de l’immobilier de bureaux, nous verrons certainement une baisse initiale de la demande entraînant, après une certaine période d’adaptation, une adaptation des prix. Il est toutefois possible qu’un certain nombre d’acquéreurs cherchent à ficeler leur acquisition rapidement avant une augmentation ultérieure des taux d’intérêt. En termes d’ajustement de valeur, l’immobilier le plus à risque sera, comme d’habitude, celui situé dans des zones excentrées.

Comment jugez-vous la résilience et les perspectives d’avenir des fonds d’investissement immobiliers au Luxembourg?

«Le Luxembourg s’établit plus que jamais comme le centre d’excellence pour les fonds investissement, et en particulier pour les fonds d’investissement alternatifs tels que les fonds immobiliers. L’infrastructure juridique, fiscale et réglementaire demeure attrayante et le restera, à condition de maintenir et de continuer à développer le cadre actuel. La masse des actifs sous gestion par des fonds immobiliers n’a pas cessé d’augmenter, y compris pendant la période de pandémie. Malgré les incertitudes conjoncturelles existant actuellement à court terme, les perspectives de développement à moyen et long terme restent prometteuses. La classe d’actifs en tant que telle devrait faire l’objet d’un certain ralentissement, mais devrait résister mieux que d’autres classes d’actifs illiquides, étant donné que l’immobilier reste une valeur refuge en cas de crise, et notamment en cas d’inflation élevée. Cela s’explique en partie parce qu’il est peu probable que d’autres classes d’actifs émergent dans un futur proche et les classes d’actifs liquides seront autant, sinon plus touchées par la crise actuelle de l’immobilier. Vu ces perspectives de développement de la classe d’actifs et le positionnement du Luxembourg, l’avenir des fonds d’investissement immobiliers luxembourgeois semble sinon radieux, du moins très positif.»