Le maintien à domicile des personnes âgées est un problème de société majeur en Europe. Quelles technologies pourraient aider à résoudre les problèmes? Cela fera probablement partie des «missions» que les agences nationales d’innovation se donneront pour favoriser les bonnes technologies ou les bons projets. (Photo: Shutterstock)

Le maintien à domicile des personnes âgées est un problème de société majeur en Europe. Quelles technologies pourraient aider à résoudre les problèmes? Cela fera probablement partie des «missions» que les agences nationales d’innovation se donneront pour favoriser les bonnes technologies ou les bons projets. (Photo: Shutterstock)

Luxinnovation dirigera, ce jeudi, une importante réunion de Taftie, le réseau européen des agences nationales pour l’innovation, au château de Bourglinster pour faire entrer le soutien financier d’Horizon Europe dans l’ère de l’efficacité et de la réalité des marchés. Décodage.

Avant l’heure, ce n’est pas l’heure. Après l’heure, ce n’est plus l’heure. La meilleure idée du monde ne devient pas forcément une entreprise au chiffre d’affaires en milliards d’euros, si elle n’est pas lancée au bon moment. L’Union européenne, comme les autorités nationales, doit-elle forcément apporter son aide financière à des projets qui n’auraient pas de clients payants aujourd’hui?

«Non!», aurait probablement répondu le patron du MIT Entrepreneurship, Bill Aulet, , mi-mars. Pour ce professeur de management réputé, seule l’idée d’avoir un client qualifié et d’en avoir déjà conquis 10 prêts à payer pour un produit avant de commencer à le dessiner compte.

«La R&D fonctionne encore trop souvent en silos: de très belles choses sont développées, mais quand elles sont mises ensemble, elles ne répondent pas toujours aux préoccupations des citoyens, en matière, par exemple, de santé, d’éducation ou de climat. C’est pourquoi il convient d’adopter une approche plus large et multidisciplinaire, pour aborder les problèmes complexes d’aujourd’hui et de demain, et de faire en sorte que les démarches R&D soient davantage directionnelles», explique Pascal Fabing, head of corporate R&D and innovation support chez Luxinnovation et secrétaire général de 2019.

30 agences pour un nouveau concept

La conférence des 30 agences nationales européennes, plus celles de la Suisse et de la Turquie, que Luxinnovation dirige aujourd’hui au Luxembourg doit définir un nouveau concept, celui de «mission».

La mission, expliquent en chœur M. Fabing et Stefano Pozzi Mucelli, senior advisor à l’unité de soutien européenne en R&D et innovation de l’agence luxembourgeoise, consiste à définir un objectif de société en coordination avec différents acteurs porteurs de nouvelles solutions. Quelle solution attend le citoyen face à un problème de société donné, comme le vieillissement, le climat ou le plastique dans les océans?

«Par exemple», avance M. Fabing, «imaginons que quelqu’un amène une solution pour le maintien à domicile des personnes âgées. Qui doit payer le service? La personne âgée, qui n’est souvent pas très au fait des technologies? Ses enfants? L’hôpital? Le réseau de soins de proximité qui est pour l’instant rémunéré à l’acte? Le ministère de la Sécurité sociale, qui rêve d’améliorer le service en réalisant une économie? La situation est complexe, les acteurs sont nombreux.»

Une étude de marché et 100 milliards d’euros

Les agences nationales d’innovation pourraient avoir une double action, échanger avec leurs homologues pour dégager des missions communes et apporter aux entrepreneurs une étude du marché.

«Les 17 objectifs de développement durable posés par les Nations unies à l’horizon 2030 constituent un formidable terreau pour définir et mettre en œuvre de telles missions», indique Pascal Fabing. À la clé, pour ceux qui sauront saisir cette perche dans les stratégies de recherche et d’innovation, un accès facilité au soutien européen. Le programme Horizon Europe est doté d’un budget de 100 milliards d’euros pour la période 2021-2027.

Luxinnovation a rappelé son expertise en la matière à l’occasion de son bilan annuel: avec un taux de succès de 23,7% l’an dernier (contre 13,60% en 2017), l’agence luxembourgeoise est le champion d’Europe, notamment grâce à son «». De quoi dégager 33 millions d’euros (20 en 2017) en 73 bourses dont profitent des entreprises privées (15,8 millions et la moitié à des PME).

«Certains pays, notamment nordiques, ou bien le Japon, sont très avancés dans cette approche. Cette conférence permettra un très enrichissant partage d’expérience, alors que les agences nationales d’innovation se trouvent aujourd’hui face à de formidables défis», explique Ian Cresswell, head of international affairs chez Luxinnovation et président Taftie 2019. La Norvège et la Suède ont déjà commencé à lier leurs aides financières à des missions. Histoire, à la fois, d’avoir les solutions dont la société a besoin et de ne pas financer les projets que personne n’attend.

À Luxinnovation, où l’on n’est pas très loin de cette nouvelle démarche grâce au travail effectué avec Jeremy Rifkin, on ne perd pas de vue que les solutions innovantes en avance doivent quand même pouvoir émerger pour bousculer l’ordre établi.