Des centaines de milliers d’emplois dans l’ICT ne sont pas pourvus, signe que le système d’éducation ne remplit pas les besoins d’aujourd’hui et, a fortiori, de demain. (Photo: Shutterstock)

Des centaines de milliers d’emplois dans l’ICT ne sont pas pourvus, signe que le système d’éducation ne remplit pas les besoins d’aujourd’hui et, a fortiori, de demain. (Photo: Shutterstock)

Le Luxembourg a progressé de deux places (8e) dans l’Index mondial de la compétitivité des talents, présenté lors du Forum économique de Davos, et qui mesure la capacité à attirer des talents. Mais le développement de l’intelligence artificielle creuse dangereusement les écarts, disent les experts.

«Je ne suis pas pessimiste quant à l’avenir de l’intelligence artificielle et des emplois, car je pense que cet avenir dépend de nous, de la façon dont nous organisons le monde du travail. Nous devons probablement changer totalement la façon dont les gens travaillent. Cela peut amener de nouvelles grandes opportunités.»

Alors que toute la planète redoute le premier effet de ciseau sur l’emploi en raison de l’essor de l’intelligence artificielle, le nouveau commissaire européen à l’Emploi et des Droits sociaux, , est resté activement positif dans l’interview en préambule de .

«Au Luxembourg, nous voulons être un data hub. Par conséquent, nous devons encourager des moyens pour posséder ou partager de puissants ordinateurs qui peuvent gérer le big data. Une telle approche aura un impact significatif sur l’emploi, car les emplois répétitifs disparaissent, et de nouveaux sont créés», dit-il aussi. «Certains secteurs, comme la finance, clé de l’économie luxembourgeoise, seront profondément transformés: les banques de demain seront plus proches de la fintech. Cela signifie que les changements ne seront pas seulement technologiques, mais aussi organisationnels.»

Viser les compétences de plus haut niveau

Le Luxembourg avance de deux positions et se classe huitième dans ce nouveau GTCI. Le pays se démarque dans sa capacité à «attirer» (2e) et à «retenir» (4e) des talents. Le premier point lui vient de son ouverture vers l’extérieur et sa capacité à attirer entreprises, et donc talents. Le second… de son système de retraite et de protection sociale.

Le pays est très innovant et entrepreneurial (3e en termes d’impact sur les talents), mais son bassin de compétences mondiales en matière de connaissances (11e) augmenterait avec de plus grandes compétences de haut niveau (19e). Parmi les choses à améliorer également, le renforcement de l’éducation formelle (60e) et la garantie de l’employabilité (25e) des talents nationaux dans le secteur privé.

Le Luxembourg est huitième dans son groupe, celui des locomotives emmenées par la Suisse et les États-Unis, mais son attractivité est supérieure à tous les autres groupes, soit 83% des pays. On retrouve huit pays européens dans les 10 premiers, plus les États-Unis (2es) et Singapour (3e).

Après les soft skills, les «fusion skills»

«Les pays à hauts revenus dominent le top 25», dit le rapport, consacré cette année à l’intelligence artificielle. «L’index témoigne d’une accélération de l’éloignement de ces ‘champions des talents’ avec le reste du monde, un écart encore accentué par l’essor de l’intelligence artificielle (AI) et le déficit de compétences numériques concomitant qui s’est fait jour dans les industries, les secteurs et les nations.»

«Les robots et les algorithmes ont désormais dépassé le cadre de l’usine, pour investir les bureaux, les back-offices et les sièges d’entreprise. Les salariés ont besoin de formation à tous les niveaux pour affiner les ‘compétences humaines’ fondamentales – adaptabilité, intelligence sociale, communication, résolution des problèmes et leadership – qui viendront compléter la technologie», a commenté le CEO d’Adecco, Alain Dehaze, associé au rapport, comme Google et l’Insead. «Cette décennie sera marquée par une révolution de la requalification axée sur les ‘compétences de fusion’, permettant aux humains et aux machines de travailler en harmonie dans un modèle hybride.»