Jean-Claude Juncker: «Lorsque je veux parler aux Belges, je vais à Arlon...» (Photo: Jan Hanrion/Maison Moderne/Archives)

Jean-Claude Juncker: «Lorsque je veux parler aux Belges, je vais à Arlon...» (Photo: Jan Hanrion/Maison Moderne/Archives)

Le président de la Commission européenne a constaté un changement des mentalités à la côte belge. Selon lui, la tolérance s’y est «corrigée»... mais vers le bas.

, président de la Commission européenne, a accordé une longue interview à nos confrères du journal belge L’Echo. Et celle-ci a eu l’effet d’une bombe en Flandre, largement relayée et commentée sur les réseaux sociaux.

Ce n’est pas tant le bilan de son action à la tête de l’exécutif européen qui a étonné. C’est plutôt l’avis qu’il a donné sur l’ambiance qui règne désormais à la côte belge. Un endroit que Jean-Claude Juncker fréquente depuis 30 ans. «Je constate, depuis une trentaine d’années que je pratique la côte belge, que la tolérance s’est corrigée vers le bas. Il y a trente ans, j’étais chez le boulanger, le boucher, je pouvais passer mes commandes en français; aujourd’hui, on ne l’accepte plus. Donc je parle allemand – ils acceptent les Allemands, plus les francophones», déplore-t-il.

Comme il regrette que la Belgique, qui pourrait être un modèle de cohabitation réussie, ne le soit pas, «ce qui me rend triste». 

Les Belges sont la seule nation en Europe qui ne soit pas fière d’elle-même.
Jean-Claude Juncker

Jean-Claude JunckerprésidentCommission européenne

Y a-t-il dans cette baisse de tolérance que vous avez constatée à la côte belge le symptôme d’un problème plus général, européen?

«Non non non: ça, c’est du Belge pur», confie-t-il encore à L’Echo. «C’est un phénomène régional. La Belgique est un État, mais les communautés se considèrent être des nations – je veux parler de la Flandre. La Wallonie n’a pas d’elle-même une conception nationale, alors que la Flandre se croit et se comporte comme nation. Et ça reste un miracle de voir ces deux entités, si disparates finalement, vivre ensemble sans vivre ensemble. Les Belges sont la seule nation en Europe qui ne soit pas fière d’elle-même. Mais moi je suis fier pour la Belgique de la Belgique, parce que c’est un beau pays, avec des gens talentueux, ingénieux.»

Pour parler à des Belges, il va à Arlon

Un constat bien noir. Ce qui n’a pas non plus empêché Jean-Claude Juncker de glisser une note d’humour dans son entretien. Il regrette ainsi de ne pas avoir pu assez profiter de Bruxelles. La dernière fois où il a vu la Grand-Place remonte à l’époque où il était ministre des Finances. «Lorsque vous vous promenez avec des gardes du corps, les gens ne vous parlent pas. Alors lorsque je veux parler aux Belges, je vais à Arlon... Mais la moitié d’entre eux sont Luxembourgeois!», a-t-il ainsi avoué.