En pleine pandémie, le CEO d’Emailtree, Casius Morea, a finalisé une levée de fonds de 400.000 euros, principalement auprès d’Excellium, pour booster une solution déjà adoptée par Orange et EDF. (Photo: Emailtree)

En pleine pandémie, le CEO d’Emailtree, Casius Morea, a finalisé une levée de fonds de 400.000 euros, principalement auprès d’Excellium, pour booster une solution déjà adoptée par Orange et EDF. (Photo: Emailtree)

Après avoir répondu à la question de savoir comment passer à travers la crise, Casius Morea, CEO d’Emailtree, continue d’avancer. Levée de fonds, clients, recrutement: tout s’enchaîne.

Il est comme ça, Casius Morea: le CEO d’Emailtree n’aime pas faire deux fois la même chose si la technologie peut s’en charger. Privé d’École de guerre économique à Paris pour cause de confinement, l’entrepreneur a resserré les équipes autour de la technologie. 

L’intelligence artificielle permet de répondre aux e-mails de ses clients de manière pertinente en retirant cette tâche, parfois fastidieuse, au service clientèle. a déjà été retenue chez Orange et chez EDF.

Casius Morea, la crise est un formidable accélérateur de transformation numérique. Ça doit vous agacer, non, que des entreprises ou des administrations n’adoptent pas plus vite des technologies comme les vôtres?

Casius Morea. - «Le progrès oblige à être réactif. Rester sur place n’est pas une option. Quand j’entends dire que telle administration ou tel ministère ou telle entreprise est en sous-effectifs, franchement, je ne comprends pas. Notre technologie se met en place assez vite et les gens peuvent gagner 20 à 30% de temps sur celui qu’ils passent à répondre aux e-mails de clients. Avec ce temps, les mauvais managers vont décider de supprimer des effectifs, les autres vont leur confier des tâches à valeur ajoutée ou leur permettre d’améliorer leurs compétences sur une autre partie de l’activité. Vous pouvez aussi retrouver un peu de marge de manœuvre que vous n’aviez plus, je pense à tous ces gens qui emmènent du travail chez eux le soir ou le week-end.»

Comment expliquez-vous ces blocages?

«Mon expérience est que l’IT est toujours le premier blocage. Et le plus important. C’est paradoxal, mais quand on présente la solution, l’IT, déjà sous pression, voit le travail qu’elle va devoir encore absorber. Il faut vraiment que les business ou les ventes disent qu’ils en ont besoin pour qu’on avance. Concrètement, la technologie va analyser des e-mails et des réponses et essayer de comprendre comment composer la réponse la plus pertinente. Au début, avec un score de confiance qui peut progresser. L’humain a un rôle à jouer. Plus il donne d’input pour valider les bonnes réponses, plus vite l’intelligence artificielle va suggérer les bonnes réponses. Le traitement est meilleur et la vitesse plus élevée. Et cela quel que soit le secteur. L’intelligence artificielle travaille davantage sur les statistiques des mots que sur une notion de contexte.

La crise n’est pas non plus forcément le meilleur moment pour adopter de nouvelles technologies. Comment gérez-vous cette période?

«On devait participer au One to One à Monaco, un salon d’e-commerce avec la possibilité de parler à de grands comptes, des gens qui viennent pour voir de nouvelles technologies. Il est repoussé à fin juin et donc cela nous retarde. D’autant qu’il va y avoir les vacances d’été. Mais tout est loin d’être négatif. Nous avons finalisé une levée de fonds de 400.000 euros avec Christophe Bianco d’Excellium Services, beaucoup plus réactif qu’un autre VC, qui avait d’abord suspendu ses discussions avant de revenir. Cette levée était importante pour que nous puissions engager des commerciaux et pouvoir aller présenter notre solution dans des entreprises ou des administrations.

Nous avons seulement commencé à facturer en fin d’année dernière, mais si je suis pessimiste, je dirais que nous finirons l’année avec un chiffre d’affaires de 500.000 euros, et si je suis optimiste, ce sera plutôt autour du million d’euros. Certains contrats sont en discussions assez avancées.

En plus des deux personnes présentes au Luxembourg et 20 en Roumanie, nous allons recruter, ici, des commerciaux, mais aussi dans la recherche et le développement avec le soutien de Luxinnovation. Et puis, nous nous sommes inscrits au hackathon du ministère de l’Économie. Je suis sûr que ma technologie pourrait être précieuse aux hôpitaux. Il faut garder l’esprit vif! Et l’équipe est concentrée sur l’opérationnel!»