Le film «Io sto bene» est en tournage en novembre. (Photo: Jan Hanrion / Maison Moderne)

Le film «Io sto bene» est en tournage en novembre. (Photo: Jan Hanrion / Maison Moderne)

À l’occasion du tournage du film «Io sto bene» dans les locaux de Maison Moderne, nous nous sommes entretenus avec le réalisateur Donato Rotunno pour en savoir plus sur ce projet.

Le titre de votre nouveau long métrage est «Io sto bene». Que signifie-t-il?

. – «Il signifie ‘Je vais bien’. Ce titre a évidemment une double fonction, qui veut dire ce qu’il signifie, mais aussi son contraire, puisque c’est la phrase qu’on dit machinalement, automatiquement lorsqu’on demande par politesse ‘Comment vas-tu?’. On répond ‘je vais bien’, même quand on ne va pas nécessairement bien.

Cette phrase renvoie vers la situation des protagonistes principaux du film, et cette situation évolue au fur et à mesure de la narration. Cela devient un leitmotiv, un mantra que se disent les personnages. À la fin du film, les personnages vont mieux, même si cela ne va pas bien.

Que raconte votre film?

«C’est la rencontre entre deux personnages principaux: Antonio, qui est un vieux monsieur de 75 ans, qui a sa vie derrière lui, qui se sent seul, inutile, est veuf et un peu mis de côté par ses proches et qui est hanté par les images de sa terre d’origine, l’Italie. L’autre personnage est une jeune femme de 24 ans, Italienne, qui arrive au Luxembourg, elle est à la recherche d’un autre avenir que celui que l’Italie d’aujourd’hui lui propose.

C’est donc une histoire en miroir de mouvement migratoire qui a commencé pour l’un dans les années 1960 et pour l’autre qui commence aujourd’hui. Cette rencontre un peu improbable entre ces deux personnages amène notre personnage principal à se remémorer sa propre histoire, qui est pleine de rebondissements, qui parle de cette histoire migratoire italienne au Luxembourg. La jeune femme, elle, cherche où poser ses valises en Europe. Ce film parle de la migration italienne au Luxembourg, et plus généralement de la migration européenne intra-muros, qui reste un vrai sujet d’actualité.

La migration est une thématique récurrente dans votre filmographie, avec notamment le documentaire «Terra Mia, Terra Nostra». C’est un sujet que vous vouliez encore approfondir?

«On dit qu’on fait toute sa vie le même film!... Il est vrai que ce film continue de questionner cette thématique, mais il s’agit tout de même d’une vraie fiction, avec de nombreux rebondissements, des histoires d’amour, beaucoup de moments très drôles. C’est une comédie dramatique sur la vie d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Mais il est, à mon sens, impossible de parler d’aujourd’hui si on oublie notre passé et d’où on vient.

Comment se passe le tournage, qui est toujours en cours?

«Le film est tourné au Luxembourg, en Italie, et aussi en Belgique. Nous avons 36 jours de tournage. Nous sommes toujours dans les temps, malgré les aléas que nous impose la météo. Nous sommes sous stress, évidemment, car il y a beaucoup d’éléments que l’on n’arrive pas à maîtriser, mais il faut faire avec.

Une grande partie de l’équipe est luxembourgeoise, mais la coproduction nous amène à faire une mixité dans l’équipe technique, et donc il y a autant de techniciens italiens que belges ou luxembourgeois qui participent à l’ensemble. C’est une véritable coproduction européenne qui a démarré sur une idée à Luxembourg, qui parle du Luxembourg et qui a pour l’instant réussi à attirer l’attention de plusieurs partenaires.

Il s’agit d’une coproduction, pouvez-vous nous en dire plus?

«Ce film n’existe que grâce à la coproduction entre le Luxembourg, la Belgique, l’Allemagne et l’Italie. Sans ces partenaires, ce film ne pourrait avoir lieu. C’est aussi un film qui est coproduit et porté par Arte, ce dont je suis assez fier et donne aussi une certaine qualité artistique au projet.

Nous sommes soutenus par le Luxembourg Film Fund, mais cet apport ne suffirait en aucun cas à réaliser le projet. Il nous aura fallu quand même quatre ans pour convaincre les différents partenaires de soutenir un film luxembourgeois, ce qui n’est pas chose évidente. Mais nous y sommes arrivés.

Dans ce film, on parle autant luxembourgeois qu’italien que français et anglais. C’est une originalité du Luxembourg. C’est un projet à l’image de notre pays, et je suis très content que d’autres pays s’y soient intéressés.

Le cinéma luxembourgeois reçoit-il un peu plus d’attention auprès des partenaires européens? Voyez-vous une évolution ces dernières années?

«Nous sommes très respectés à l’étranger. La qualité des films, des coproductions, le travail des producteurs luxembourgeois, sont plus que respectés à l’étranger, preuve en est du nombre de projets de qualité qui sont présentés dans les grands festivals qui ont le soutient de partenaires financiers très difficiles à atteindre, comme Arte, par exemple. Pour en arriver là, il aura fallu 20 ans de construction du secteur, et nous sommes très respectés à l’étranger.

Le casting est aussi particulièrement remarquable, avec des noms connus luxembourgeois, mais aussi des stars italiennes.

«Oui, du côté luxembourgeois, nous avons le plaisir de compter parmi nos acteurs Jules Werner, Pitt Simon, Nicole Max… et dans le casting italien, Renato Carpentieri, Sara Serraiocco, qui sont des stars et qui sont difficile à avoir, mais que nous avons réussi à convaincre par le projet, la rencontre humaine et à faire un projet qui englobe tout le monde. C’est très important, car c’est là où est né le projet. L’incarnation d’un projet ne se fait que par la rencontre humaine, et si cette rencontre est mise en péril, la sauce ne prend pas. Pour le moment, je ne peux être que ravi de la collaboration avec l’ensemble des comédiens.

Quelle est la suite du projet?

«Je vais battre le fer tant qu’il est chaud. Le montage est déjà en partie commencé. Avril sera une bonne date pour que le film soit fini. Il faudra voir quelle carrière on pourra lui accorder, et donc déterminer une date de sortie en fonction.»