La délégation luxembourgeoise emmenée par la Chambre de commerce est heureuse de retrouver le salon du Mipim en physique. (Photo: Mike Zenari)

La délégation luxembourgeoise emmenée par la Chambre de commerce est heureuse de retrouver le salon du Mipim en physique. (Photo: Mike Zenari)

La Chambre de commerce emmènera une nouvelle fois une large délégation luxembourgeoise à Cannes, après deux années sans Mipim «physique». Carlo Thelen, son directeur général, évoque l’importance d’un tel événement pour le Grand-Duché et son économie.

Pourquoi est-ce important, pour le Luxembourg, de prendre part au Mipim? 

. – «Cette année marque le retour d’un Mipim «physique» au sein du Palais des festivals à Cannes. Le Luxembourg y prendra part pour la 15e fois, avec un pavillon mettant en évidence nos acteurs. Cet événement international incontournable pour les professionnels de l’immobilier est une occasion de valoriser le Luxembourg, ses développements et son expertise auprès de très nombreux acteurs. C’est aussi, pour de nombreux professionnels luxembourgeois du secteur, un cadre de choix pour nouer des liens, échanger, faire du business avec des acteurs internationaux, mais aussi avec des partenaires locaux. Chaque année, le Mipim est l’événement qui mobilise la plus importante délégation luxembourgeoise. Quelque 300 personnes s’inscrivent à l’événement via la Chambre de commerce. Si l’on en croit les organisateurs, plus de 400 ressortissants luxembourgeois s’y rendent chaque année. 

Et comment expliquer le succès de cette initiative de la Chambre de commerce?

«Le Mipim offre un cadre propice à la rencontre. C’est un lieu où les acteurs aiment se retrouver, prendre des nouvelles, envisager l’avenir ensemble. Il offre une ouverture vers l’international. Mais c’est aussi dans ce contexte que les acteurs luxembourgeois prennent le temps de discuter entre eux. En quelques jours, on peut multiplier les contacts, aller à la rencontre d’une grande diversité d’acteurs qui font l’immobilier au Luxembourg et à l’international. Au cœur de cette délégation, on retrouve des promoteurs et développeurs, des architectes, des professionnels de la construction, qui partent à la rencontre d’investisseurs potentiels pour leurs projets. À côté des représentants des banques, des avocats, de nombreux consultants et des personnes issues de professions plus techniques se joignent à l’événement. Le Luxembourg est, chaque année, l’un des pays les mieux représentés à Cannes.

C’est donc «the place to be» pour toute personne qui évolue dans le monde de l’immobilier…

«Oui. En 2019, le Mipim a attiré 26.000 participants, 5.400 investisseurs et quelque 3.350 exposants. Et cette édition 2022 promet d’être à la hauteur de celle qui a précédé la crise sanitaire. 

En 2020 et 2021, la pandémie a empêché le Mipim de rassembler les professionnels du Luxembourg au Palais des festivals de Cannes. L’absence d’une telle foire a-t-elle eu des répercussions sur l’activité immobilière luxembourgeoise?

«Nous venons de traverser deux années particulières. Ce qui est sûr, c’est que cette édition s’annonce spéciale, avec une grande impatience des acteurs de renouer avec leurs partenaires, d’établir de nouveaux contacts, d’aller à la rencontre des investisseurs pour présenter les projets et opportunités du marché luxembourgeois. Si elle a empêché la tenue du Mipim, la crise a eu aussi pour conséquence de retarder certains projets immobiliers ou de conduire les acteurs à les repenser. Tout ne s’est pas arrêté pour autant. Le Luxembourg a pu poursuivre les grands projets d’infrastructures et de développement initiés avant la crise. Aujourd’hui, nous pouvons retourner à Cannes avec beaucoup d’ambition et l’envie de mettre en œuvre de nouveaux projets.

Au cœur de ces deux années marquées par la crise sanitaire, les solutions numériques ont montré leur efficacité pour maintenir le lien entre partenaires et acteurs s’entendant sur un même projet. Toutefois, l’attente importante des professionnels pour cette édition physique semble indiquer que la rencontre de personne à personne reste importante…

«Oui. Dans le monde des affaires, le numérique ne permet pas de «réseauter» aussi efficacement que lors d’un salon. Pour permettre à de nouveaux projets d’émerger, pour nouer des partenariats, rien ne vaut la rencontre de personne à personne. Toutefois, les canaux numériques auront eu le mérite de maintenir ces liens. Le salon, pour sa part, crée une autre dynamique. Pour la rencontre entre investisseurs, le contact humain reste très important. Après deux ans, nombreux sont celles et ceux qui veulent renouer avec ces relations.

Le Mipim constitue aussi une vitrine pour le pays, l’occasion de montrer la diversité des projets et de mettre en évidence la dynamique économique du pays. Comment est-il perçu dans le cadre d’un tel salon?

«Notre pavillon met en évidence une diversité d’acteurs et de projets. Nous offrons un bel aperçu de tout ce que le pays a à offrir en matière d’immobilier et au-delà. Il est vrai que la perception que l’on peut avoir du Luxembourg depuis l’extérieur se réduit souvent à la place financière. Cependant, les professionnels de l’immobilier considèrent pour leur part le Luxembourg comme un marché porteur. Le Mipim permet aussi de faire valoir un savoir-faire luxembourgeois unique, de nouveaux concepts architecturaux, des solutions innovantes qui contribuent au développement des espaces urbains de demain ou encore des constructions durables. L’une des thématiques mises en avant par le salon cette année est la transformation de l’espace urbain. En la matière, nous avons beaucoup de choses à présenter et à faire valoir. 

Au Mipim, nous offrons un bel aperçu de tout ce que le pays a à offrir en matière d’immobilier et au-delà.
Carlo Thelen 

Carlo Thelen Directeur généralChambre de commerce

Quels sont les enjeux quand il s’agit de ­transformer la ville, et comment le Luxembourg se positionne-t-il pour ces objectifs? 

«Notre pays, comme vous le savez, doit faire face à d’importants défis liés à son développement économique et démographique. Nous sortons aussi d’une période particulière, marquée par le confinement, qui nous a invités à repenser l’habitat, mais aussi les espaces de travail, à mieux considérer le risque pandémique et ses conséquences au cœur de la ville. Cela a suscité des réflexions autour du vivre-ensemble et mis en avant l’importance de repenser les espaces pour garantir la qualité de vie de chacun. Le Luxembourg, par exemple, travaille beaucoup sur les enjeux de l’économie circulaire. C’est aussi l’un des premiers pays à s’être dotés d’une stratégie nationale en matière d’urban farming. Cette approche se traduit par des projets réels qui peuvent être mis en avant et valorisés à l’occasion du Mipim.

Quels atouts le Luxembourg peut-il faire valoir pour séduire les investisseurs?

«Au-delà du sérieux, du professionnalisme des acteurs de la construction et de la qualité des développements, largement reconnus, le Luxembourg est perçu comme une place stable, fiable et attrayante par de nombreux acteurs étrangers. L’économie connaît une croissance forte mais ordonnée, avec une grande prévisibilité pour l’avenir due notamment à la stabilité politique du pays. Capitale européenne, Luxembourg est reconnue comme une place financière internationale de premier plan. Pour de nombreux groupes internationaux, le pays est aussi apprécié pour son caractère multiculturel, avec de nombreuses nationalités. Cela lui confère le statut de laboratoire au cœur de l’Union européenne, un territoire de choix pour tester des produits ou des services avant d’envisager des développements à plus large échelle. On trouve sur place un écosystème vaste et complet, pour répondre aux besoins de la plupart des acteurs.

Si l’on parle d’immobilier, au-delà des projets développés au Luxembourg, la place financière a, elle aussi, des atouts à faire valoir…

«Oui, Luxembourg est une place financière de renommée internationale, appréciée par les investisseurs pour structurer et administrer des véhicules d’investissement dans l’immobilier. C’est notamment pour cela que de nombreux consultants et avocats prennent part à la délégation luxembourgeoise au Mipim. 

On dit souvent que la santé d’un marché immobilier est le reflet de celle de son économie. Que peut-on dire, dès lors, au regard de l’immobilier au Luxembourg, de notre économie? 

«Plusieurs grands défis nous occupent, si l’on regarde l’immobilier au Luxembourg. L’un des plus importants réside dans l’évolution des prix des biens résidentiels, qui ont fortement augmenté ces dernières années. La croissance des valeurs est peut-être, ces dernières années, excessive. Je pense, pour ma part, que l’important est de veiller à une progression des prix en phase avec le développement de l’économie, tout en étant attentif à ne pas se retrouver dans un scénario inverse, avec des prix qui baissent. Cette hausse des prix, en effet, traduit une dynamique économique, celle d’un Luxembourg qui attire des talents pour soutenir l’économie. Au-delà des logements, nous avons aussi besoin de bureaux. Les mesures temporaires, prises dans le cadre de la gestion de la crise sanitaire et autorisant le télétravail à une échelle transfrontalière, ne sont pas de nature à être maintenues indéfiniment. 

Un retour massif des salariés au bureau ne pose-t-il pas d’autres problèmes?

«Si, évidemment. Les enjeux de mobilité, de qualité de vie professionnelle, déjà présents avant la crise, reviendront au cœur des débats. À ce niveau, il nous faut trouver des solutions innovantes, pour améliorer la mobilité autant que la qualité de vie de ceux qui contribuent à l’économie. Au niveau de la gestion de l’immobilier, nous devons envisager de nouveaux modèles, pour accueillir davantage de résidents d’une part et pour faciliter l’accès au bureau pour tous d’autre part. Si ces défis, relatifs à la progression des prix de l’immobilier ou encore à la mobilité, se manifestent au Luxembourg, c’est aussi le cas dans la plupart des capitales. Ce sont ces enjeux qui, comme le suggère la thématique centrale du Mipim 2022, nous invitent à repenser la ville et les espaces pour garantir une meilleure qualité de vie à chacun. En la matière, le Luxembourg a beaucoup à faire valoir.»

Cet article a été rédigé pour  paru le 23 février 2022 avec  

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