Lutter contre l’impact washing et défricher de nouveaux territoires sont les tendances de fond qui traversent le secteur. (Illustration: Shutterstock)

Lutter contre l’impact washing et défricher de nouveaux territoires sont les tendances de fond qui traversent le secteur. (Illustration: Shutterstock)

Lutter contre l’impact washing et défricher de nouveaux territoires sont les tendances de fond qui traversent le secteur. Avec l’objectif de démontrer que tous les problèmes envi­ronnementaux et sociaux peuvent trouver une solution grâce au recours à l’entrepreneuriat.

La première grande tendance touche à la problématique de la mesure de l’impact.

La problématique de la gestion et de la mesure de l’impact n’existait pas il y a encore 10 ans. On collecte désormais énormément de données, et les standards de communication de rapport se multiplient.

«Jusqu’à aujourd’hui, lorsque vous disiez que vous investissiez dans l’éolien ou la microfinance, l’impact était tenu pour acquis. Ce n’est plus suffisant désormais. Les investisseurs veulent maintenant qu’on leur démontre a priori, et non plus a posteriori, que leur investissement aura un impact», introduit , partner chez Innpact. Dans la finance d’impact, il y a l’intention de générer un impact, et cette intention doit être de plus en plus documentée: cette intentionnalité doit être visible, mesurable et vérifiable. On assiste à la création de toute une série d’indicateurs et de rapports pour documenter cela et pour rendre compte de la manière dont le portefeuille d’investissements est géré, pour avoir tout à la fois le bon rendement financier et le bon rendement d’impact.

Le règlement SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation) relatif à la publication d’informations en matière de durabilité dans le secteur des services financiers formalise cette évolution. Il impose aux acteurs des marchés financiers et aux conseillers financiers de l’UE des règles en matière de transparence en ce qui concerne l’intégration des risques de durabilité et la prise en compte des impacts négatifs sur la durabilité dans leurs processus d’investissement et de conseil.

Cette fin de l’impact washing est une grande opportunité pour le secteur, selon Arnaud ­Gillin. «C’est une évolution très positive. Le secteur voit cela comme une charge de travail supplémentaire, mais réalise très bien que c’est l’outil qui, plus tard, va permettre de promouvoir encore plus la finance d’impact. Cela va contribuer à faire le tri entre ceux qui disent faire de la finance d’impact et ceux qui le font vraiment. Déclarer quelque chose, c’est bien, mais il faut désormais le prouver.»

De fait, beaucoup de gestionnaires et de banques d’investissement font en sorte que leurs produits deviennent conformes aux dispositions de l’article 9 de la directive SFDR — autrement dit, que leurs fonds aient un objectif de durabilité. Ce qui pousse, par effet de ricochet, toute une série d’acteurs qui veulent s’investir dans la finance d’impact à appliquer les principes opérationnels de la gestion des impacts – les OPIM, pour Operating Principles for Impact Management – édictés par la Banque mondiale. Si l’on suit ces principes à la lettre, tout fonds d’impact doit justifier qu’il possède une théorie du changement – quels changements votre action va pouvoir générer –, prouver ensuite qu’il dispose des incitants pour atteindre ces changements, et enfin qu’il est capable de les mesurer et de rapporter correctement dessus.

Tous ces principes high-level vont permettre de mieux cadrer l’action des acteurs, de standardiser les approches et, finalement, d’apporter de la transparence et donc de la confiance aux investisseurs. Et ainsi de faire passer le marché dans une phase plus mature.

Nouveaux territoires

Pour ce qui est des thèmes d’investissement, après des années durant lesquelles ce sont la microfinance et l’énergie renouvelable qui étaient les thèmes dominants, l’impact investing s’attaque à de nouveaux territoires.

Le premier d’entre eux est celui des nature-based solutions. En finance du climat, on fait la différence entre l’«atténuation» (mitigation) et l’adaptation. Dans la première catégorie, on part du principe que le changement climatique est là et qu’il convient de s’adapter et de changer le modèle à partir duquel on opère. Par exemple, utiliser le sol et les ressources en eau différemment. Quand on parle de nature-based solutions, on fait référence à la protection de la biodiversité, à la reforestation ou à l’agriculture de transition. C’est une énorme tendance. «C’est quelque chose qui demande beaucoup de capitaux qui seront immobilisés à long terme. L’intérêt pour ces investisseurs est de remplir leurs engagements et obligations en matière de réduction d’émissions de CO2.» D’autres thématiques se développent, touchant aux questions de diversité. Autrement dit, l’investissement dans des projets portés par des femmes, des projets sur l’égalité et la justice, et le soutien à la diversité en général. Ce sont des thèmes qui n’existaient pas il y a encore peu. Jusqu’à présent, on parlait surtout nature ou social. Désormais, les thèmes sociétaux sont touchés par l’impact investing et des modèles d’investissement se développent. «Ce n’est pas toujours possible. Il y a quelques sujets, touchant à l’éducation ou à la santé, auxquels la philanthropie peut apporter des réponses», admet Arnaud Gillin.

Selon lui, cette extension des thèmes d’investissement illustre parfaitement que la finance d’impact est l’un des meilleurs outils pour atteindre les objectifs de développement durable de l’Onu. «Pour tous ces objectifs-là, le but de la finance d’impact est de trouver des modèles d’investissement. Grâce à l’entrepreneuriat et à des solutions viables financièrement, on peut faire avancer certaines problématiques. Ce n’est pas toujours possible. Il y aura toujours des problématiques d’éducation ou de santé que l’on ne pourra résoudre que par le recours à la philanthropie. Mais globalement, tous les problèmes sociaux ont vocation à être visés par la finance d’impact.»

Cet article a été rédigé pour  parue le 24 juin 2021.

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