Endettée à près de 15 milliards de dollars, Intelsat est poussée à demander plus au régulateur américain des télécoms par un fonds d’investissement qui s’est offert 7,4% de ses actions.  (Photo: Shutterstock)

Endettée à près de 15 milliards de dollars, Intelsat est poussée à demander plus au régulateur américain des télécoms par un fonds d’investissement qui s’est offert 7,4% de ses actions.  (Photo: Shutterstock)

Jusqu’ici, les géants du satellite avaient avancé unis face au régulateur américain des télécoms, dans le dossier de la 5G aux États-Unis. Mais le plan, adopté vendredi après-midi, a aiguisé l’appétit d’un roi de la finance.

«J’adore monter un cheval qui court! Mais à un moment, le marché atteindra un tel niveau que je vais ralentir ce cheval et finalement descendre.» Le moment que décrit le milliardaire américain David Tepper n’est pas encore arrivé, mais tout le monde est prévenu.

À la tête d’un fonds d’investissement spéculatif, Appaloosa of Short Hills, qui a perdu 40% de sa valeur par rapport à ses plus belles années, et d’une fortune personnelle estimée à 12 milliards de dollars, le 118e milliardaire le plus riche du monde s’est invité dans le débat jusque-là poli que le régulateur américain (FCC) menait avec l’Alliance de la C-Band (CBA): .

Aussitôt, l’Américain envoie un courrier sans ambiguïté au CEO d’Intelsat, Steve Spengler, pour exiger qu’il demande plus à la FCC contre la libération accélérée du spectre que les Américains veulent utiliser pour lancer la 5G au plus vite et permettre aux géants de rester des géants dans la nouvelle compétition qui va s’ouvrir. .

9,7 milliards de dollars à cinq

Jusque-là, dans l’accord trouvé entre la FCC et la CBA, la société dont le quartier général européen est au Luxembourg devait récupérer 4,85 milliards de dollars des 9,7 milliards de dollars au total pour les cinq opérateurs. Seulement, pour l’Américain, l’opérateur doit libérer 60 à 67% de la largeur de bande, et donc devrait toucher le même ratio du total ou remplir une déclaration de faillite à la SEC.

M. Spengler réclame à la FCC un milliard de dollars supplémentaires. Le CEO d’Intelsat n’a pas tellement le choix: , à 2,06, mais les pertes atteignent 913,6 millions d’euros, qui nourrissent une dette de 14,7 milliards de dollars.

Dans un courrier conjoint, SES et Telesat s’étonnent de ce revirement et demandent à la FCC de conserver le plan tel qu’il a été conçu dans une approche de marché. Selon ce plan, SES recevrait 4 milliards de dollars. Mais un autre géant change d’avis: Eutelsat, qui, avec les deux autres (Telesat et Star One), doit se contenter des 9% restants, mais insiste pour avoir 1,5 milliard de dollars, soit trois fois plus que prévu.

On devrait pouvoir avoir plus de précisions sur ce que compte faire Steve Collar, le CEO de SES, qui a donné rendez-vous lundi matin pour la publication des résultats annuels. La société luxembourgeoise a elle aussi besoin de cash pour poursuivre le développement de ses satellites ultramodernes que sont les O3B-mPower.

3-2 en faveur du plan

Vendredi après-midi, le plan de la FCC est passé uniquement par la volonté de son président, Ajit Pai, après que deux commissaires ont voté en sa faveur et deux autres contre. «Ce plan est juste», a-t-il commenté, évitant d’attendre que le Congrès, divisé et en année électorale, ne renvoie aux calendes grecques le passage à la 5G aux États-Unis.

Au terme du plan, une première partie du spectre sera libéré par les opérateurs de satellites d’ici le 5 décembre 2021, et le reste au 5 février 2023. Ils recevront, en plus de l’indemnité, de 3 à 5 milliards de dollars pour couvrir les frais liés à ces changements.

À moins que le milliardaire américain n’aime que monter des chevaux qui ruent encore plus dans les brancards… et cherche d’autres appuis. Quel est son intérêt? Plus il récupérera d’argent pour Intelsat, plus le cours en bourse montera, et mieux il pourra «sauter de son cheval» au moment opportun.