La corrosion des tubes du réseau d’injection secondaire n’a pas été détectée lors de la visite décennale de l’unité 3, menée entre février et septembre 2021, d’où l’agacement du gouvernement luxembourgeois. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne/archives)

La corrosion des tubes du réseau d’injection secondaire n’a pas été détectée lors de la visite décennale de l’unité 3, menée entre février et septembre 2021, d’où l’agacement du gouvernement luxembourgeois. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne/archives)

Deux ministres «verts» du gouvernement Bettel sont montés en pression beaucoup plus vite que le réacteur de la centrale nucléaire de Cattenom. S’il y a des fissures, elles n’ont pour l’instant aucun impact sur la vie de l’installation.

Les ministres de l’Environnement,  (déi Gréng), et de l’Énergie, (déi Gréng), n’ont pas confondu vitesse et précipitation, ils ont couvert leurs arrières. En droit de demander des comptes à EDF et à l’autorité de sûreté nucléaire, les deux ministres ont notamment donné du crédit , et sur des informations similaires venues de plusieurs centres de production nucléaire en France.

Ni EDF ni le gendarme du nucléaire n’ont confirmé cette information pour une bonne raison: le problème commence à être documenté depuis la fin de l’année dernière, et les pièces concernées ont été parfois découpées et envoyées à l’analyse dans des laboratoires spécialisés dans la déformation de pièces métalliques sous le coup de la corrosion.

De quoi parle-t-on? Plusieurs niveaux de sécurité ont été imaginés pour pallier tout problème d’un réacteur nucléaire. Au premier d’entre eux, la gaine autour du combustible, le circuit de refroidissement primaire et l’enceinte de confinement. En cas de souci, il s’agit d’interrompre le processus, de diminuer la température, d’évacuer les vapeurs d’eau et de contenir toute radiation potentielle.

Corrosion de tubes en inox

Au second niveau se trouvent un circuit de réfrigération à l’arrêt du réacteur et deux réseaux d’injection d’eau borée de secours (RIS). Ce second niveau n’est pas sollicité, mais c’est au niveau des RIS que l’exploitant a découvert que les soudures d’un coude, un coude identique dans la forme à celui qui se trouve par exemple sous un évier de cuisine, étaient abîmées par la corrosion. Autrement dit, en cas de problème, le RIS ne pourrait peut-être pas jouer convenablement son rôle de pourvoyeur d’eau froide vers le réacteur.

La description des RIS, qui doivent intervenir en cas de défaillance du circuit primaire principal en amenant de l’eau borée autour du réacteur nucléaire. (Source: IRSN)

La description des RIS, qui doivent intervenir en cas de défaillance du circuit primaire principal en amenant de l’eau borée autour du réacteur nucléaire. (Source: IRSN)

En 2011, au cours de la précédente vague de visites décennales sur le parc nucléaire français, indique EDF, ces tuyauteries en inox d’un diamètre de 30 centimètres et une épaisseur d’environ trois centimètres ne présentaient aucun défaut. .

Par mesure de précaution, l’Institution de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a mis à l’arrêt les deux réacteurs similaires, à Chooz dans les Ardennes. Le même problème s’est posé à Penly, près de Dieppe, ce qui rend de plus en plus difficile pour EDF de réfuter l’idée d’un problème générique de conception ou de fabrication de ces pièces.

Une partie des pièces a été découpée et envoyée au laboratoire, tandis qu’EDF a revu le dossier technique de la pièce et ses procédures d’inspection, histoire de ne pas rater un tel phénomène de corrosion s’il devait apparaître ailleurs. Le véritable problème est là: l’unité de production 3, concernée dans ce cas, avait été arrêtée pour … sans que ce problème ne soit apparu.

L’unité 3 a donc été réarrêtée le 26 mars, à la lumière des autres cas apparus en fin d’année. S’il n’y a pas lieu de paniquer, les ministres savent bien pourquoi ils doivent… maintenir la pression.