Arnaud Despinoy (Photo: Jan Hanrion/Maison Moderne)

Arnaud Despinoy (Photo: Jan Hanrion/Maison Moderne)

Savez-vous qu’au Luxembourg, seulement 8% des salariés se disent engagés dans leur travail alors que 80% déclarent être non engagés et 13% activement désengagés (source: Gallup, State of the global workplace, 2017)?

En France, c’est 6% de salariés engagés, 69% de salariés non engagés et 25% de salariés activement désengagés. Soit un coût équivalent à 34% de la masse salariale. Voilà le constat.

Ce déficit d’engagement pèse directement sur la croissance et la capacité de développement des entreprises. Dans le même temps, les entreprises sont contraintes à repenser radicalement leur mode de fonctionnement et à innover dans un contexte en évolution rapide, caractérisé par la digitalisation, la concurrence internationale, l’urgence climatique … Pour réussir à s’adapter, les entreprises doivent pouvoir compter sur toute la créativité et l’engagement de leurs collaborateurs. C’est la vocation de l’intelligence collective. Mais qu’est-elle au juste? Un nouveau paradigme de management? Des pratiques agiles? Du Scrum? De la sociocratie? L’entreprise libérée?

Comme se plaisait à le dire feu le Premier ministre du Québec Maurice Duplessis: «Ça va comme c’est mené!». Ainsi, la transformation des entreprises tant sur le plan du numérique que de l’innovation passe nécessairement par une évolution du mode de gestion afin qu’il soit collaboratif plutôt que strictement bureaucratique. C’est un passage obligé autant qu’un impératif catégorique.

Si le taylorisme et le travail à la chaîne ont eu leurs heures de gloire, ce n’est plus le cas aujourd’hui. L’heure est à l’intelligence collective. Le ton est ainsi donné. La planification stratégique se doit d’être dynamique, la mobilisation exige qu’on fasse une place à l’autre, qu’on l’intègre dans la vision d’entreprise afin qu’il s’y reconnaisse comme partie prenante et pas simplement comme exécutant. C’est ce que la reconnaissance va renforcer positivement avec une approche appréciative constante. Les indicateurs de performance vont nous permettre de suivre le déploiement de la stratégie et en corollaire les résultantes.

Cette transition managériale va forger une nouvelle culture organisationnelle qui, rappelons-le, s’incarne dans le comportement des dirigeants, dans les «bottines plutôt que dans les babines» comme le disent si bien nos amis canadiens. Du coup, la séquence devient claire. La performance permet d’améliorer la productivité, d’assurer une plus grande compétitivité et se répercute par une meilleure profitabilité. La performance est la résultante de l’engagement de personnes compétentes qui dégagent de la synergie dans leurs interactions en équipe.

La logique est simple: des employés heureux ont une bonne prestation de travail et font peu d’erreurs, ce qui satisfait et enchante les clients, qui maintiennent ou augmentent leur volume de consommation. Les businessmen savent que les ventes récurrentes s’avèrent plus profitables que l’acquisition de nouveaux clients.

Le dénominateur commun dans cette chaîne de valeur, c’est l’élément humain. En fait, c’est la qualité des relations humaines qui en constitue le marqueur. En résulte une collaboration entre les parties prenantes qui se concertent pour concrétiser une vision d’entreprise résultant d’un exercice de co-création. L’intelligence collective est généralisée dans toutes les sphères de l’entreprise afin de développer du lien pour produire du sens en matière de signification et de direction. L’innovation prend ainsi tout son sens et s’appuie sur des fondamentaux qu’on redécouvre tardivement peut-être, mais mieux que jamais.

Merci à Michel DIONNE et Stéphane DE BAENST du collectif «Oxygen For Leaders»