Bruit, vibrations, fléchage incertain pour les passants, absence de parking: Maddalena Oliva et des commerçants de l’avenue de la Liberté ont lancé une pétition pour défendre leurs commerces de proximité. (Photo: Paperjam)

Bruit, vibrations, fléchage incertain pour les passants, absence de parking: Maddalena Oliva et des commerçants de l’avenue de la Liberté ont lancé une pétition pour défendre leurs commerces de proximité. (Photo: Paperjam)

Jeudi, des commerçants de l’avenue de la Liberté ont lancé une pétition pour témoigner de la situation très compliquée dans laquelle ils se trouvent à cause des travaux et obtenir des compensations.

«Quand je leur ai demandé avant le début des travaux, ils m’ont répondu de ne pas m’inquiéter, que les travaux seraient organisés tronçon par tronçon. Aujourd’hui, toute l’avenue est en travaux!» Maddalena Oliva est «légèrement» agacée.

«Avec les travaux, j’ai perdu 50% de mon chiffre d’affaires. Chez certains de mes confrères, cela va jusqu’à 60%. Et quand j’entends que si les commerçants ne savent pas attirer des clients, ils devraient changer de métier, j’ai envie de répondre que si, pour moi qui vends des vêtements, internet est une concurrence, si nous avons tous de grosses difficultés dans le quartier, ce n’est probablement pas une question de compétences…»

«Quand je me suis installé», ajoute le couturier Ezri Kahn au 14, «mes clients se garaient devant le magasin, parfois en double file, pour régler un truc en quelques minutes. Aujourd’hui, mes clientes me demandent d’aller faire les essais chez elles. Heureusement, j’ai ma clientèle. Mais nous avons aussi besoin d’une clientèle de passage. Par exemple, les gens qui venaient à la clinique Sainte-Zithe se promenaient dans le quartier. Aujourd’hui, ils prennent un taxi pour venir et un autre pour repartir! C’est vrai, il y a le Shuttle. Il circule quasiment tout le temps à vide parce que les gens ne savent pas où le prendre.»

Pour Ezri Kahn, le bruit et les vibrations ajoutent aux difficultés subies par les commerçants et leurs clients. (Photo: Paperjam)

Pour Ezri Kahn, le bruit et les vibrations ajoutent aux difficultés subies par les commerçants et leurs clients. (Photo: Paperjam)

Avec le fleuriste Salah Hamic, jeudi, ils ont lancé une pétition qui a recueilli des dizaines de signatures très vite et va être déposée sur une plate-forme pour permettre aux clients ou riverains de la signer plus facilement. Risques de faillite, pollution sonore, clients désorientés par une signalétique inadaptée, absence de parkings, ils pointent une dizaine de raisons de se plaindre.

«Mon propriétaire a accepté un geste sur le loyer pendant les travaux! Mais ce n’est pas à lui d’assumer la situation!», insiste Mme Oliva.

De son côté, M. Kahn explique que sa «propriétaire ne peut même pas louer les appartements au-dessus parce qu’il n’est pas possible de déménager! Il faudrait déménager de nuit, mais aucune société n’accepterait de déménager la nuit!»

Une communication avec les autorités insuffisante

«On nous a proposé des heures de parking pour nos clients. Mais pas assez! Et le parking du Rousegäertchen est fermé depuis l’incendie de quelques voitures au printemps, pour des rénovations qui vont durer deux ans!», dit-il encore, reconnaissant que Luxtram ait prévu la question de la compensation. «Mais ils ne sont pas les seuls responsables: la Ville profite des travaux pour réaliser les siens. À part un mail de temps en temps, personne ne nous parle.»

Que veulent-ils? D’abord que l’on prenne conscience de l’impact des travaux sur leurs affaires. Mais aussi obtenir des compensations. 

D’autant que pendant ce temps-là, dans la partie haute de la ville, les Galeries Lafayette ouvrent et ont ajouté des services, comme ces «personal shoppers» pour VIP.

«Si les travaux sont si urgents», glisse encore Mme Oliva, «pourquoi s’arrêtent-ils à 15 heures?»

Au milieu du bruit, des vibrations, des passages provisoires au fléchage incertain et boueux, un seul endroit reste un havre de paix. Un havre déserté. En face de l’emblématique bâtiment d’ArcelorMittal puis de la Spuerkeess, le Rousegäertchen est magnifiquement entretenu.

Indifférent aux travaux, le Rousegäertchen, tiré à quatre épingles, est pourtant déserté. (Photo: Paperjam)

Indifférent aux travaux, le Rousegäertchen, tiré à quatre épingles, est pourtant déserté. (Photo: Paperjam)

Les décideurs politiques promettent un cœur de gare plus beau quand tout sera terminé. «Il faut encore attendre au moins un an», s’impatiente M. Kahn. «Il n’est pas question que nous subissions les pertes jusqu’à la faillite et qu’ensuite de nouveaux commerçants s’installent quand tout sera prêt à accueillir les clients», renchérit Mme Oliva.