Frédérique Chabbert: «Je n’avais pas conscience de ce temps long avant de me lancer. Heureusement, pour s’en sortir, il y a l’équipe, et en ayant confiance dans les forces de chacun, on arrive à trouver des solutions qui nous permettent même parfois d’aller plus loin que ce que l’on pensait.» (Photo: DR)

Frédérique Chabbert: «Je n’avais pas conscience de ce temps long avant de me lancer. Heureusement, pour s’en sortir, il y a l’équipe, et en ayant confiance dans les forces de chacun, on arrive à trouver des solutions qui nous permettent même parfois d’aller plus loin que ce que l’on pensait.» (Photo: DR)

En amont de l’événement Start-up Stories 2021: Round 1 organisé par le Paperjam + Delano Club le mercredi 24 février, la représentante de la société Effency, Frédérique Chabbert, partage sa vision d’entrepreneure.

D’où vous est venue l’idée de votre start-up?

Frédérique Chabbert. – «Lors de l’une de mes expériences professionnelles, j’ai accompagné des groupes d’experts de leurs domaines, dans le secteur automobile. Ils venaient des meilleurs industries, entreprises et laboratoires français. Et malgré cela, parfois, ils n’arrivaient pas à collaborer pour construire un projet commun et décrocher le financement public accessible à la clé. Cela a été un déclencheur: j’ai cherché à comprendre ce qui, au-delà des compétences individuelles de chacun, crée de bonnes interactions dans une équipe. Quatre ans plus tard et grâce à un partenariat avec le collectif de chercheurs en sciences cognitives Cog’X, des chercheurs venant de l’ENS Cachan, Effency est née pour répondre à cet enjeu: comment créer de meilleures interactions dans une équipe de travail pour permettre à chacun d’exprimer ses pleines compétences? 

Cette solution est d’autant plus utile et pertinente en ces temps d’incertitudes auxquels nous avons fait face ces derniers mois. Effency a activement participé à maintenir la cohésion, l’efficacité et la motivation au sein des équipes dont les rituels se sont retrouvés chamboulés par le travail à distance. 

De l’idée à sa concrétisation, il n’y a qu’un pas… et pourtant. Quel a été l’élément déclencheur de votre aventure entrepreneuriale?

«L’équipe au sens large du terme, incluant nos partenaires, est ce qui crée chez Effency le moteur de notre succès.

Tout d’abord, j’ai eu la chance de rencontrer Gaetan de Lavilleon et Emma Vilarem chez Cog’X: des chercheurs en sciences cognitives issus de l’ENS Cachan, qui nous ont permis d’identifier huit traits de caractère pour mesurer ce qui crée l’efficacité collective d’une équipe. Cela nous a permis de construire un outil de mesure du potentiel collaboratif d’une équipe. Effency a pu, sur cette base, innover en digitalisant cette mesure et en y adjoignant un coach digital, qui vient épauler non seulement le manager pour être plus efficace dans son quotidien avec son équipe, mais également en faisant monter en capacités chacun des membres de son équipe sur un volet soft skills.

Digitaliser, d’accord, mais comment? Et c’est là que Maurice Mills, notre CTO, entre en scène. Maurice est Américain et vit en France depuis 12 ans. Nous sommes à l’origine amis. Depuis le début de l’aventure Effency, il m’a proposé son aide. Il est spécialisé en architecture de base de données, diplômé d’une licence de sciences appliquées à l’analyse des systèmes de la Miami University (Ohio, USA). Je ne voyais au début pas en quoi ses 20 ans d’expérience en architecture systèmes en France et aux États-Unis, et notamment en banque (Société Générale, BNP Paribas…), pouvaient permettre le développement d’Effency. Jusqu’au jour où la structuration de notre base de données est devenue cruciale. Avec Maurice, nous avons affronté à deux des tempêtes, telles qu’une tentative de piratage, et des expériences incroyables, telles que le pitch de notre solution à Berlin, sélectionnée par la Deutsche Bahn et alors que notre pitch n’était pas du tout prêt. Nous en sommes ressortis confortés sur nos capacités à nous compléter et à trouver des solutions.

Effency, c’est aussi notre équipe multiculturelle, avec Lucille, Camilo, Quentin, Charlotte et Faith, qui font que notre outil est accessible quelle que soit la culture de la personne qui se l’approprie.

Et enfin, Effency, c’est aussi un réseau de partenaires coachs d’équipes. Car le digital peut largement diffuser de bonnes pratiques du travail en équipe, mais il est d’autant plus efficace s’il est soutenu par la finesse de l’accompagnement humain. C’est là que François Scotti, fondateur de La Petite Étincelle, et Viviana Siclari, fondatrice de Siclavy au Luxembourg, entrent en jeu. Avec eux, nous structurons un réseau de coachs d’équipes, qui viennent accompagner l’appropriation des recommandations proposées par le digital. Nous arrivons par cette association à démocratiser le coaching d’équipe et à le rendre accessible aux managers intermédiaires, qui sont tout particulièrement touchés dans la situation actuelle par des difficultés de maintien de la cohésion et de l’efficacité de leurs équipes en travail à distance.

Quelles sont les qualités nécessaires pour lancer sa start-up?

«Entreprendre en start-up, c’est se lancer dans un mix entre marathon et course d’obstacles: il ne s’agit pas seulement d’être bon au sprint, il faut être résistant et résilient dans la durée. Je n’avais pas conscience de ce temps long avant de me lancer. Heureusement, pour s’en sortir, il y a l’équipe, et en ayant confiance dans les forces de chacun, on arrive à trouver des solutions qui nous permettent même parfois d’aller plus loin que ce que l’on pensait.»