Jean-Philippe Desmartin: «Notre approche ESG positive est dite ‘best in universe’. Cela veut dire que nous surpondérons les secteurs qui contribuent aux solutions en matière de développement durable.» (Photo: Shutterstock)

Jean-Philippe Desmartin: «Notre approche ESG positive est dite ‘best in universe’. Cela veut dire que nous surpondérons les secteurs qui contribuent aux solutions en matière de développement durable.» (Photo: Shutterstock)

Edmond de Rothschild Asset Management a fait de la finance durable une de ses spécialités depuis une douzaine d’années. Le groupe suisse a développé sa propre méthodologie et ses outils d’analyse.

Cet article est paru dans l’édition d’avril 2019 de .

Alors que les phrases choc de la jeune militante suédoise Greta Thunberg font le tour du monde des médias, de nombreux investisseurs entrent, eux aussi, en phase de réflexion sur l’action qu’ils peuvent mener pour un monde plus vivable.

«Chez Edmond de Rothschild Asset Management, nous travaillons dans le sens de la finance durable depuis 12 ans déjà, explique Jean-Philippe Desmartin, directeur de l’investissement responsable. Nous avons fait le choix de développer notre propre méthodologie à ce niveau.»

Il revendique un statut de pionnier pour le groupe, bien implanté au Luxembourg. Il y a 20 ans, calcule-t-il, l’investissement responsable ne représentait que 0,1 % des actifs sous gestion dans des fonds européens. Aujourd’hui, les chiffres varient entre 10 et 30 % des actifs, selon les pays. Une évolution liée à l’implication de plus en plus forte des investisseurs privés.

Une pondération en guise d’incitant

Edmond de Rothschild AM est déjà au-delà de cette moyenne. Sur le périmètre de la France, M. Desmartin note que 54 % des encours des fonds gérés par la société sont concernés par l’intégration ESG (environnement, social et gouvernance), et 14 % par les normes ISR (investissement socialement responsable).

« Nos actifs ISR représentent déjà 3,5 milliards d’euros », pointe-t-il. Le premier fonds lié à une thématique environnementale d’Edmond de Rothschild AM a été lancé dès 2007. Le groupe dispose de deux fonds ouverts, labellisés ISR : l’un sur les actions qui enregistre plus de 160 millions d’euros d’encours sous gestion ; le second sur les obligations en compte près de 130 millions.

«Notre approche ESG positive est dite ‘best in universe’. Cela veut dire que nous surpondérons les secteurs qui contribuent aux solutions en matière de développement durable, comme l’efficacité énergétique ou les énergies renouvelables, et que nous sous-pondérons les secteurs qui contribuent aux problèmes, comme les secteurs minier, aérien ou pétrolier», explique Jean-Philippe Desmartin.

Il est clair qu’en 20 ans, nos modèles ont beaucoup évolué, les critères de sélection ont été nettement améliorés.

Jean-Philippe DesmartinDirecteur de l’investissement responsableEdmond de Rothschild Asset Management

Chez Edmond de Rothschild Asset Management, l’émergence de la finance durable est appuyée par les actionnaires et le management. «Ariane de Rothschild, présidente du comité exécutif, est très impliquée sur le sujet», note-t-il. Pour aller plus vite et plus loin, le groupe a d’ailleurs développé ses propres analyses pour définir qu’un investissement est compatible avec le développement durable.

Un modèle propriétaire interne a été déployé et se base sur 50 indicateurs quantitatifs et qualitatifs, et les analystes maison vont à la rencontre des entreprises intégrées dans l’univers d’investissement afin d’analyser leur poids en matière de développement durable. «Mais nous avons aussi fait le choix d’investir dans des sociétés de moyenne capitalisation, qui sont des pure players par rapport à certaines technologies qui feront avancer les choses. C’est donc plus facile à cerner.»

Enfin, le directeur insiste sur la capacité de réaction du groupe. Le sujet étant évolutif, les modèles ont dû s’adapter. «Il est clair qu’en 20 ans, nos modèles ont beaucoup évolué, les critères de sélection ont été nettement améliorés.» Mais la réactivité concerne aussi l’évolution de la vie des entreprises. «Lors de l’annonce officielle du rapprochement entre Bayer et Monsanto, nous avons vendu l’ensemble de nos lignes Bayer au sein de nos fonds spécialisés.»