Le ministre Schneider prépare activement la politique agricole commune (PAC) pour défendre les agriculteurs locaux.  (Photo: Shutterstock)

Le ministre Schneider prépare activement la politique agricole commune (PAC) pour défendre les agriculteurs locaux.  (Photo: Shutterstock)

L’agenda chargé de Romain Schneider l’a empêché d’aller directement soutenir les agriculteurs luxembourgeois à la Foire de Libramont. Toutefois, le ministre de l’Agriculture, qui planche activement sur la prochaine PAC prévue pour 2020, a accepté de répondre aux interpellations d’un éleveur local.

Alors que la Foire de Libramont s’est achevée ce lundi en Belgique, le ministre a accepté de répondre à nos questions et à celles d’un agriculteur luxembourgeois venu présenter ses Blondes d’Aquitaine lors de cette grande manifestation agricole. 

Détenteur de 70 bovins, Henri Mangen, de Bertrange, en présentait quatre à la Foire de Libramont. «Mais les prix sont tellement mauvais pour les Blondes d’Aquitaine qu’on a dû se diversifier et ouvrir un centre équestre», déplore-t-il.

Henri Mangen présentait ses Blondes d’Aquitaine à Libramont. (Photo: Paperjam)

Henri Mangen présentait ses Blondes d’Aquitaine à Libramont. (Photo: Paperjam)

La menace du Mercosur

Ce qui inquiète surtout l’agriculteur, c’est le Mercosur: une communauté économique qui regroupe plusieurs pays d’Amérique du Sud. Si un accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur était ratifié, cela pourrait impacter fortement le prix de la viande.

«Ils vendent la viande pour 2,5 euros/kg alors qu’on ne s’en sort déjà pas en la vendant 4 euros/kg», explique-t-il. Ce qui inquiète le gouvernement dans cet accord concerne plutôt «les conditions d’exploitation et le bien-être animal», confirme le ministre à Paperjam. Dans une réponse parlementaire datant du 3 juillet dernier, il rappelle d’ailleurs que cet accord n’a pas encore été ratifié par les différents pays de l’Union européenne.

«Au cours des prochains mois, les autorités luxembourgeoises analyseront, entre autres, l’impact que les concessions faites auront pour l’agriculture luxembourgeoise et s’assureront que les mesures prises pour mitiger l’effet de l’ouverture seront suffisantes. Il conviendra notamment de voir dans quelle mesure les agriculteurs luxembourgeois pourront profiter de l’aide de la Commission», précise Romain Schneider dans sa réponse.

Des terrains peu accessibles

Parmi les spécificités luxembourgeoises, on retrouve également le prix élevé des terrains agricoles. Henri Mangen déplore la différence substantielle qui existe entre les prix du marché français et du marché luxembourgeois. «Les terres agricoles peuvent dépasser les 100.000 euros/hectare au Luxembourg alors qu’en passant la frontière française, on est à 7.000 euros/hectare», fustige-t-il.

Des montants que nuance toutefois le ministre via le relevé des prix édité par le Statec (lire ci-dessous), même s’il reconnaît que ces terrains ont connu une augmentation ces dernières années.

«Il existe des aides à deux niveaux pour tous les agriculteurs pour l'ensemble de leurs activités. Celles du premier pilier offrent 280 euros par hectare et par an à chaque agriculteur. À cela s’ajoutent les aides du deuxième pilier, qui sont calculées en fonction du paysage ou de l’environnement. Celles-ci diffèrent de l’une à l’autre, mais le plafond est de 400 euros par hectare et par an», détaille Romain Schneider.

Il rappelle également que la plupart des terrains agricoles au Luxembourg sont loués par les agriculteurs et non achetés. «60% des terrains exploités sont actuellement loués par les agriculteurs. L’accès aux terrains est donc un défi, il n’y a pas beaucoup de terrains en vente

Vers la PAC 2020

Pour l’heure, le ministre Schneider n’a pas prévu d'influer sur les aides allouées aux agriculteurs pour diminuer l'impact du prix des terrains, mais cela n’est pas nécessairement définitif. Il planche en effet activement sur la politique agricole commune (PAC), qui est attendue pour 2020.

«Nous devons établir une stratégie nationale pour évaluer les aides. C’est important de garantir un revenu de base assez fort pour les agriculteurs, et après d’utiliser les moyens nationaux cofinancés par l’Union européenne pour relever les autres défis.»

Rappelons que la PAC est une politique mise en place à l’échelle au niveau de l’Union européenne. Ce cadre législatif européen est donc négocié par les 28 pays membres de l’UE lors des conseils des ministres de l’Agriculture et de la Pêche, auxquels le Luxembourg participe.

«Le pays transpose ensuite ce cadre dans sa législation nationale à travers un plan stratégique de moyens et instruments nationaux adaptés à la spécificité luxembourgeoise. Ceci se fait bien sûr après concertation avec tous les acteurs du secteur», ajoute le ministre.