Le groupe japonais est englué dans une crise de gouvernance depuis de nombreuses années. (Photo: Shutterstock)

Le groupe japonais est englué dans une crise de gouvernance depuis de nombreuses années. (Photo: Shutterstock)

Le groupe de capital-risque luxembourgeois CVC Capital Partners propose 20 milliards de dollars pour racheter Toshiba, le géant japonais qui fabrique du matériel informatique et autres semi-conducteurs.

Le conseil d’administration du groupe japonais doit se réunir ce mercredi soir, afin d’étudier la proposition du fonds d’investissement de private equity . Une proposition qui intervient, alors que Toshiba traverse une forte zone de turbulences en raison de sa gouvernance. Le groupe subit en effet, depuis plusieurs mois, une forte pression de ses actionnaires «activistes», afin d’améliorer celle-ci.

Dans leur viseur se tient un homme, le directeur général de Toshiba, Nobuaki Kurumatani, dont la réélection en janvier 2020 semble être entachée de manipulation de votes. Nobuaki Kurumatani, dont les fonds activistes réclament le départ, fut, juste avant son arrivée chez Toshiba, le patron de l’antenne japonaise de CVC Capital Partners. Nobuaki Kurumatani devrait rester aux commandes en cas de succès de CVC Capital Partners.

Une prime de 30%

Pour convaincre les actionnaires, CVC Capital Partners offre une prime de 30% sur le montant actuel de l’action de Toshiba. Action dont les autorités nipponnes ont suspendu la cotation en attendant d’y voir plus clair. Pour se faire, le fonds veut monter un consortium d’investisseurs pour racheter tous les titres du conglomérat avant de le retirer de la cote. De quoi séduire nombre d’investisseurs rebutés par l’enchaînement de scandales sur une comptabilité falsifiée et de crises de gouvernance au sein du conglomérat. Pour autant, les analystes nippons voient un risque que la perspective d’une prise de contrôle total de Toshiba par des fonds étrangers puisse braquer nombre d’acteurs du marché.

L’écueil du patriotisme économique

Convaincre les actionnaires ne suffira d’ailleurs pas pour CVC Capital Partners. La société d’investissement devra également convaincre le gouvernement japonais de laisser passer une entreprise emblématique sous pavillon étranger. Les investissements étrangers sont étroitement encadrés au Japon, et Toshiba reste un poids lourd dans nombre de secteurs technologiques jugés stratégiques par Tokyo.

Si Toshiba s’est débarrassé de ses activités dans les domaines des téléviseurs, des PC et de l’électroménager, et s’est également désengagé du nucléaire depuis 2018 – à l’exception du chantier de démantèlement de la centrale de Fukushima –, il reste actif dans les secteurs des centrales thermiques, des locomotives, des stations d’épuration d’eau, des équipements militaires, des ascenseurs et des photocopieurs. Il détient également 40% de Kioxia – anciennement Toshiba Memory –, le deuxième plus gros producteur de puces mémoires NAND de la planète, un produit stratégique en cette période de pénurie de semi-conducteurs.