Digitaliser son KYC permet d’automatiser le traitement des risques faibles, tout en allouant des ressources supplémentaires à la détection et à l’analyse des risques élevés. Rawpixel Ltd.

Digitaliser son KYC permet d’automatiser le traitement des risques faibles, tout en allouant des ressources supplémentaires à la détection et à l’analyse des risques élevés. Rawpixel Ltd.

Intégrer les actifs clients dans la démarche client est possible, expliquent Frank Roessig (Telindus) et Stéphane Leloup (Luxembourg Stock Exchange). Il suffit de démystifier les premiers et de digitaliser la seconde.

L’intérêt croissant de la clientèle pour une consommation omnichannel de produits financiers, ainsi que pour les actifs virtuels pousse les fournisseurs de services financiers à revoir leur mode opérationnel, à bouleverser leur chaîne de valeur ou encore à créer une nouvelle offre. Ceci impacte notamment le processus KYC (Know Your Client), qui sécurise la conformité de la relation client.

L’objectif, répondre à cette nouvelle demande et ainsi rester compétitif. Le tout en conformité avec un cadre réglementaire et une approche basée sur le risque toujours plus restrictifs.

Le défi, loin d’être insurmontable, passe par la digitalisation du KYC, estiment Frank Roessig (Head Cloud Applications, Data & AI chez Telindus) et Stéphane Leloup (Head of Compliance chez Luxembourg Stock Exchange).

Face aux tendances mainstream…

«Les actifs virtuels deviennent de plus en plus mainstream», observe Frank Roessig. «D’une part, toujours plus d’États créent une version crypto de leur propre devise et, d’autre part, les cryptomonnaies en circulation et les actifs virtualisés attirent toujours plus d’investisseurs, à l’exemple d’Elon Musk ou de grands groupes, qui y allouent une partie de leur propre trésorerie.»

Pour Stéphane Leloup, également, ces nouveaux produits alternatifs doivent désormais s’intégrer impérativement dans le processus KYC: «Beaucoup d’acteurs ne sont pas encore prêts à sauter le pas: certains considèrent qu’il est encore trop tôt et que c’est impossible», regrette-t-il. «Il est donc nécessaire de démystifier une tendance qui tôt ou tard s’imposera à nous, qu’on le veuille ou non.»

Il est donc nécessaire de démystifier une tendance qui tôt ou tard s’imposera à nous, qu’on le veuille ou non.
Stéphane Leloup

Stéphane LeloupHead of ComplianceLuxembourg Stock Exchange

Aussi, les deux experts IT et compliance ont décidé d’organiser un webinaire sur le sujet, le 23 février prochain. Son but: sensibiliser et offrir des éléments de réflexion sur le déploiement d’un processus KYC digital conforme et satisfaisant aux attentes clients.

Selon eux, il est en effet possible d’inclure les cryptoactifs dans les procédures déjà en vigueur. Concrètement, il faudra tout d’abord modifier la matrice de risques existante du client et ajuster son questionnaire KYC, pour y intégrer les nouvelles informations sur les risques liés aux types d’actifs virtuels qu’il détient: comme l’origine des assets, leurs plateformes d’échange, ou encore le portefeuille digital sur lequel ils sont détenus.

La digitalisation est indispensable…

«Pour cela, les institutions financières devront se doter d’outils supplémentaires et mettre en place un modus operandi particulier avec des acteurs spécialisés, notamment pour explorer la blockchain et ce wallet digital, mais aussi vérifier que les actifs n’ont pas transité via le Dark Web», ajoute M. Leloup. «Sans oublier la désintermédiation financière via les transactions ‘peer-to-peer’ qu’il faudra également contrôler.»

Pour M. Roessig, ces nouveaux processus peuvent être facilement automatisés: «Des solutions digitales existent pour traiter cette pléthore d’informations, pour mieux les comprendre et donc mieux les intégrer dans une approche KYC traditionnelle.»

Si ces nouvelles formes de consommation de produits financiers militent donc en faveur d’une digitalisation du KYC, d’autres bouleversements majeurs confirment cette nécessité.

«Tout d’abord, les canaux d’investissement utilisés par les acteurs (individus et entreprises) ont fondamentalement évolué; notamment avec la Covid, qui a accéléré la consommation en ligne de services financiers», note M. Roessig. «La réglementation oblige donc les services financiers à adapter en conséquence leur processus d’identification client.»

Autre phénomène: «La démultiplication des transactions financières rend désormais humainement impossibles le suivi de tous ces flux et l’identification des mouvements suspects», ajoute M. Leloup. «Là aussi, le régulateur est intervenu pour contraindre les équipes compliance à plus d’efficacité et d’efficience.»

Pour rester compétitif et surprendre ses clients

Digitaliser son KYC permet donc d’automatiser le traitement des risques faibles, tout en allouant des ressources supplémentaires à la détection et à l’analyse des risques élevés.

Si techniquement le basculement digital ne devrait pas être trop contraignant, d’autres facteurs, notamment humains – peur de l’intelligence artificielle et de la blockchain, appréhension face aux actifs virtuels, etc. –, pourraient bien ralentir son déploiement.

Aussi, les établissements financiers doivent adopter une bonne gouvernance, informer et éduquer leur direction et leurs équipes, et les fédérer autour du projet, afin qu’elles s’approprient ces changements et répondent à ces nouveaux défis.

La sensibilisation passe notamment par des formations, des webinaires, des échanges, des groupes de travail et des comités de digitalisation transversaux dédiés aux nouvelles technologies…

Les solutions sont donc multiples. Et retarder un projet de digitalisation inéluctable risque d’être dommageable: «Il n’y a pas le choix, il faut se lancer, c’est le futur», insiste Stéphane Leloup.

«Si les établissements financiers ne s’y préparent pas dès maintenant, ils seront dépassés par leurs concurrents d’ici trois ans et rapidement désertés par leurs clients», prévient Frank Roessig. «Ils ont donc tout à gagner à automatiser leur KYC et à offrir des services d’actifs virtuels. Et beaucoup à perdre s’ils n’adaptent pas leurs modèles d’affaires à ces nouvelles tendances de fond.»

Si les établissements financiers ne s’y préparent pas dès maintenant, ils seront dépassés par leurs concurrents d’ici trois ans et rapidement désertés par leurs clients.
Frank Roessig

Frank RoessigHead Cloud Applications, Data & AITelindus

Webinaire – «EXPERTS INSIGHTS – Impact et valeur de la digitalisation du processus KYC. Réflexions concernant les actifs traditionnels et virtuels»

Présenté par Frank Roessig (Head Cloud Applications, Data & AI, Telindus) et Stéphane Leloup (Head of Compliance, Luxembourg Stock Exchange)

23.02.2021, 11h00

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