Philippe Ledent, senior economist chez ING Belux. (Photo: Patricia Pitsch/Maison Moderne)

Philippe Ledent, senior economist chez ING Belux. (Photo: Patricia Pitsch/Maison Moderne)

Beaucoup d’événements politiques ont concentré l’attention des médias et des marchés cette semaine. Cela a peut-être fait passer au second plan plusieurs publications majeures de la part du FMI. Philipe Ledent, senior economist chez ING, les analyse sans sa chronique.

D’une part, le World Economic Outlook dresse le tableau des récents développements économiques, mais aussi des perspectives pour l’année suivante. Sans réelle surprise, les perspectives de croissance se sont une nouvelle fois assombries, et ce pour la plupart des économies.

Dans le cas de la zone euro, après une croissance de 1,2% cette année, le FMI s’attend à une croissance de 1,4% en 2020, ce qui représente une révision à la baisse de respectivement 0,1 et 0,2 point de pourcent en 2019 et 2020 par rapport aux précédentes prévisions.

À vrai dire, le chiffre de 2020 est encore relativement élevé. Dans un contexte fragile, où le secteur manufacturier plie sous le poids du protectionnisme, une croissance de moins de 1% en zone euro l’année prochaine ne serait vraiment pas étonnante. De nouvelles révisions sont donc très probables dans les prochaines éditions.

D’ailleurs, l’affaiblissement de la croissance chinoise au troisième trimestre de cette année, publiée également cette semaine, ne peut que confirmer le ralentissement général: l’économie chinoise reste essentiellement supportée par les investissements en infrastructures des autorités. Difficile dans ces conditions d’imaginer que la Chine pourrait, à elle seule, inverser la tendance.

Une croissance de moins de 1% en zone euro l’année prochaine ne serait vraiment pas étonnante.
Philippe Ledent

Philippe Ledentsenior economistING Belux

D’autre part, la publication du Global Financial Stability Report (GFSR) est tout aussi intéressante. Le FMI y propose un recueil d’indicateurs traduisant de manière objective l’importance des risques actuels pour la stabilité financière. Évidemment, l’ampleur des dettes à travers la planète y a systématiquement une place de choix. Mais il faut dire que, cette année, la question des taux bas est en quelque sorte le fil rouge du rapport. Pour fixer l’ampleur du «problème», un seul chiffre suffit: à ce jour, le montant des obligations ayant un rendement négatif s’élève, à travers la planète, à quelque 15.000 milliards USD.

Or, la faiblesse des taux n’est pas sans conséquence: cela a encouragé l’augmentation de l’endettement, particulièrement des entreprises aux États-Unis. De plus, cela pousse la plupart des investisseurs institutionnels (compagnies d’assurances, fonds de pension…) à prendre davantage de risques pour dégager un peu de rendement, où à se diriger vers les pays émergents, dont l’endettement en monnaie étrangère prend des proportions dangereuses.

Bien sûr, il existe une différence entre l’identification de risques et leur matérialisation. Il ne faut donc pas noircir le tableau économique et financier non plus. Mais le FMI propose, par ces documents, des éléments de réflexion importants qu’aucun opérateur des marchés financiers ne devrait ignorer.