«On voit que les gens ont pris conscience de l’importance de rendre sa place au commerce local», note Keith O’Donnell. (Photo: Matic Zorman / Maison Moderne)

«On voit que les gens ont pris conscience de l’importance de rendre sa place au commerce local», note Keith O’Donnell. (Photo: Matic Zorman / Maison Moderne)

Une étude menée par le groupe de conseil en fiscalité Atoz montre que les résidents grand-ducaux sont prêts à faire confiance à l’État pour obtenir de grands changements sociétaux. Ils placent parmi les priorités l’environnement et le climat.

On a souvent répété, depuis le début de la crise sanitaire, que cette période était propice à revoir les modes de fonctionnement de nos sociétés. Les leaders d’opinion ont multiplié les messages en ce sens, trouvant dans les réseaux sociaux une vaste chambre d’écho.

Encore fallait-il se convaincre que ces vœux pieux soient le reflet d’une large frange de l’opinion. Six mois après le déclenchement des premières mesures de confinement, à la mi-août, le groupe Atoz a donc mené une enquête auprès de 600 résidents afin d’analyser leur état d’esprit par rapport à des transformations de nos modes de vie.

«Nous voulions voir quelles étaient les priorités des citoyens luxembourgeois, et quelle place ils étaient prêts à accorder à l’État après une véritable prise en main de la crise par les gouvernements», explique le managing partner d’Atoz Tax Advisers, .

Je m’attendais plutôt à ce que les personnes interrogées ciblent notre modèle de croissance économique.

Keith O’Donnellmanaging partnerAtoz Tax Advisers

Pour 56% des personnes sondées, la première priorité est de revoir l’impact de la population sur l’environnement et le climat. La deuxième est la réinvention des modes de consommation (49%), et la troisième, le fonctionnement de l’Union européenne (35%). «Je m’attendais plutôt à ce que les personnes interrogées ciblent notre modèle de croissance économique», s’étonne Keith O’Donnell. Or, à peine une personne sur quatre plaide pour un changement.

Quand on leur demande sur qui il faut miser prioritairement pour induire des changements au sein de la société luxembourgeoise, elles placent en premier les consommateurs (55%), juste devant l’État (54%). 42% des gens estiment que certains domaines devraient être davantage réglementés par l’État, et 12% pensent qu’il devrait réglementer beaucoup plus de manière générale.

Dans quels domaines en particulier? Loin devant toutes les autres problématiques, c’est celle du logement qui vient en haut de la liste, avec un taux d’adhésion de 70%. Les sondés estiment que l’État doit avant tout taxer (davantage) les logements vides (48%), interdire l’achat de logements par les entreprises ou les investisseurs institutionnels (35%), ou construire davantage de logements avec des fonds publics (35%).

Retour vers le local

Les résidents souhaitent aussi que l’État réglemente les activités des entreprises (44%) et les modes de consommation (40%). Au niveau des actions étatiques pour changer les modes de consommation, les personnes interrogées plaident pour une réglementation plus stricte de l’importation de produits de consommation provenant de loin (29%) et pour une taxation plus importante des géants mondiaux du commerce électronique.

«On voit donc que les gens ont pris conscience de l’importance de rendre sa place au commerce local», note Keith O’Donnell.

Ils ne sont par contre pas à une contradiction près. Alors qu’ils prônent des mesures en faveur de l’environnement et du climat, à peine 10% sont favorables à une taxation plus forte de la consommation de carburant des voitures, et 9% seulement se prononcent en faveur de l’interdiction des vols courte distance.