Charles Goerens: «Je suis convaincu que pour répondre aux inquiétudes du moment, il faut une stratégie.» (Photo: Nader Ghavami / Archives)

Charles Goerens: «Je suis convaincu que pour répondre aux inquiétudes du moment, il faut une stratégie.» (Photo: Nader Ghavami / Archives)

Dix partis présenteront des listes au Luxembourg. Tous nourrissent de grandes ambitions, mais les différences sont grandes entre ceux qui veulent plus d’Europe, ceux qui veulent la restructurer et ceux qui veulent la faire disparaître. Suite de cette série avec Charles Goerens, candidat DP.

Quelle est la première priorité du DP au niveau européen?

. - «C’est de veiller au respect des droits fondamentaux. C’est très important car actuellement, deux états de l’Union ne les respectent plus: la Hongrie et la Pologne. On pourrait essayer de les contester mais les moyens sont peu efficaces, notamment car les décisions se prennent à l’unanimité. L’article 7 du traité prévoit pourtant une solution qui consiste en la privation du droit de vote au Conseil des ministres. Mais cela ne peut être effectif que si les 26 autres, j’inclus toujours le Royaume-Uni, condamnent ces deux pays.

Vous voulez mettre fin à cela pour plus d’efficacité?

«Oui, et nous nous opposerons à tout élargissement européen à venir aussi longtemps qu’un système efficace de sanction ne sera pas instauré. L’Union à 27 ne fonctionne pas très bien à ce niveau. Et force est de constater que les pays potentiellement candidats à l’intégration connaissent quelques problèmes avec les droits fondamentaux, comme la Turquie. On ne ferme donc pas la porte, mais...

Souhaitez-vous la fin du vote à l’unanimité dans toutes les matières?

«Non, mais pourquoi ne pas mettre en place un ‘think tank’ luxembourgeois qui veillerait à la révision des traités. La vraie question est: que peut-on lâcher au niveau des traités européens?

Nous devons donc travailler au niveau mondial avec la Russie, l’Inde, la Chine... mais aussi l’Afrique.
Charles Goerens

Charles GoerenscandidatDP

Un autre point de votre programme touche au climat...

«On sait que tout le monde en parle. Nous voulons pour notre part réintroduire une dose de pragmatisme. Je suis convaincu que pour répondre aux inquiétudes du moment, il faut une stratégie. La transition énergétique est-elle possible? Peut-on viser à moyen terme le zéro carbone? La bonne nouvelle est que les réponses sont positives dans les deux cas. La mauvaise est qu’on est au bord de l’abîme. Nous devons donc travailler au niveau mondial avec la Russie, l’Inde, la Chine... mais aussi l’Afrique. L’Europe pourrait être celle qui va mettre tout le monde autour de la table et trouver des solutions. Nous allons adresser une lettre en ce sens au successeur de .

Et donc...

«On veut une stratégie climatique européenne qui soit irréversible et qui fasse que les grands changements soient sur les rails très vite et deviennent une réalité dans 10 ou 15 ans. Ce n’est pas tout: notre volonté est aussi celle d’une lutte contre le réchauffement. La BEI aura un rôle décisif à ce niveau dans les financements de projets. Il faut aussi mobiliser le capital privé dans ces projets. Tout doit converger vers le but d’un changement.

L’Europe, vous y croyez toujours?

«Elle a été créée pour mettre fin aux antagonismes nationaux et, depuis, il n’y a plus eu de guerre entre les États. Mais il y a des guerres dans les États. Notamment des guerres économiques. Il faut lutter contre le dumping social, bien entendu. Mais aussi réduire la différence fiscale entre ceux qui sont tout en haut et ceux qui sont tout en bas, cesser ce climat interne de concurrence entre les gens.

C’est cela les «gilets jaunes»?

«Oui, les ‘gilets jaunes’ expriment la souffrance de la classe moyenne.

L’Europe se sous-estime souvent en interne et est surestimée à l’extérieur.
Charles Goerens

Charles GoerenscandidatDP

Il y a danger?

«Notamment, car l’époque est finie où les extrêmes restaient en l’état et le centre politique grossissait. Maintenant, c’est l’inverse: le centre est statique et les extrêmes grossissent. Cela en plus d’États qui ne respectent plus les règles, et l’Europe se retrouve face à des problèmes qui pourraient devenir existentiels.

Le Brexit est un fameux échec?

«Le constat est amer. L’Europe se sous-estime souvent en interne et est surestimée à l’extérieur. Ce que je constate, c’est que 7 millions de Britanniques ont signé une pétition, car ils se sont rendu compte de ce qu’ils risquaient de perdre: le marché intérieur européen, Erasmus +, les avantages de Schengen...

L’avenir appartient à l’Europe?

«C’est incontestable.»