Actuellement, Nespresso parvient à collecter seulement 30% des capsules vendues sur le marché luxembourgeois, selon son directeur Oliver Perquy. (Photo: Nespresso)

Actuellement, Nespresso parvient à collecter seulement 30% des capsules vendues sur le marché luxembourgeois, selon son directeur Oliver Perquy. (Photo: Nespresso)

Le géant de la capsule de café veut être climatiquement neutre d’ici 2022, mais entend conserver ses capsules en aluminium. Une question de garantie de la qualité, selon son directeur général pour la Belgique et le Luxembourg.

Les capsules de café ont leurs aficionados, mais aussi leurs détracteurs. La question des déchets générés par ces dosettes individuelles anime bien des discussions, autour ou même loin de la machine à café. L’un des poids lourds du marché, Nespresso, annonce ce jeudi viser la neutralité carbone d’ici 2022. Comment y parvenir alors que le café incarné par l’acteur américain George Clooney reste indissociable de sa capsule en aluminium? Tentative de réponse avec son directeur général pour la Belgique et le Luxembourg, Oliver Perquy.   Les capsules en aluminium sont décriées en raison des déchets qu’elles génèrent. Pourquoi Nespresso conserve ce type d’emballage?

Oliver Perquy. – «Après 35 ans, nos ingénieurs continuent à chercher des alternatives, mais aujourd’hui, seul l’aluminium nous donne une garantie sur la qualité de notre produit pour protéger le café et ses arômes contre l’oxygène, la lumière et l’humidité. Nous continuons à faire des recherches, mais nous constatons que beaucoup de solutions prétendues biodégradables le sont, mais souvent dans un environnement industriel.

Nous continuons à inciter nos consommateurs à nous rendre les capsules consommées. Aujourd’hui, nous collectons 30% de nos dosettes vendues sur le marché luxembourgeois. C’est à la fois beaucoup et pas assez. Nous avons la capacité de recycler 100% de nos capsules, mais il faut rendre la vie plus facile à nos clients. Ils peuvent les rendre en boutique, au livreur, mais aussi dans la vingtaine de points de collecte à travers le pays, souvent liés à des points UPS.

Nous avons lancé dernièrement un projet pilote pour que les consommateurs puissent également ramener leurs capsules usagées dans des centres de recyclage – c’est le cas aujourd’hui au Sica à Kehlen. Au Luxembourg, nous sommes en pourparlers avec les instances pour que les capsules soient acceptées dans le sac Valorlux et recyclées. Nous sommes en discussion depuis mars 2017, ce n’est pas toujours évident, mais le plus vite on trouve un accord, le mieux c’est, car cela permettrait d’augmenter drastiquement le taux de collecte, et donc le recyclage des capsules.

Nous sommes en pourparlers avec les instances pour que les capsules soient acceptées dans le sac Valorlux et recyclées.
Oliver Perquy

Oliver Perquydirecteur général pour la Belgique et le LuxembourgNespresso

Nespresso offre parfois une tasse lors d’une commande en ligne. Pourquoi ne pas offrir une petite poubelle spécialement dédiée aux capsules?

«Cela a peut-être été fait par le passé. Plus récemment, nous avons envoyé automatiquement un sac de recyclage gratuit à la commande. Aujourd’hui, les clients peuvent demander ce sac de recyclage gratuit. La majorité des clients sont conscients qu’ils peuvent le faire. Nous proposons déjà une poubelle spéciale à la vente, mais l’offrir est une bonne idée. Nous ferons d’ailleurs une annonce à ce sujet bientôt.

Comment se portent les ventes de Nespresso au Luxembourg?

«Dans l’ensemble, Nespresso ne communique pas sur ses chiffres. Je peux vous dire qu’aujourd’hui, le marché professionnel représente 20% de notre chiffre d’affaires et 80% la consommation à la maison. Le Luxembourg a toujours été un marché assez important pour Nespresso: la pénétration est plus élevée dans les foyers qu’en Belgique par exemple.

La situation du Covid-19 a un petit peu bouleversé la consommation de café: nous avons constaté un transfert de la consommation hors domicile vers la maison. Mais comme au Luxembourg il y a davantage de travailleurs qui n’habitent pas forcément dans le pays, nous n’avons pas entièrement compensé la perte de notre consommation au bureau, à l’hôtel, au restaurant, parce que les gens ont acheté dans leur pays de résidence. Mais la performance est relativement stable par rapport à 2019.

Quelles sont les nouvelles habitudes de consommation?

«Nos trois boutiques (Luxembourg-centre et deux pop-up stores à la Belle Étoile à Bertrange et à Auchan Kirchberg) ont été fermées pendant le confinement. Mais nous avons constaté que, très vite, les gens se sont convertis aux achats en ligne. Avec la fermeture des boutiques, nous avons doublé nos ventes online pendant la période. Depuis mai, nos points de vente ont rouvert, mais on voit que pour beaucoup de gens, leur façon de consommer des capsules a changé.

Le nouveau système Vertuo permet de produire de grandes tasses jusqu’à 414ml. Nous avons lancé cela il y a un an au Luxembourg et il commence à attirer de nouveaux consommateurs. À la maison, en télétravail, on enchaîne les réunions à distance sans avoir le temps de se lever.

Le coronavirus nous a incités à accélérer certaines initiatives: nous avons lancé les abonnements de café (Nespresso Easy) pour faciliter la vie de nos clients. Tous les mois, Nespresso livre la quantité de café qu’ils ont choisi en fonction de leur consommation.

Avec la fermeture des boutiques, on a doublé nos ventes online.
Oliver Perquy

Oliver Perquydirecteur général pour la Belgique et le LuxembourgNespresso

Comment Nespresso veut-il être plus durable?

«Nespresso veut être, au niveau mondial, 100% neutre en carbone d’ici 2022. C’est une ambition accélérée; à la base, nous avions l’ambition de l’atteindre en 2030. Mais nous anticipons de huit ans parce que nous sommes conscients de la nécessité et du besoin d’agir vis-à-vis du changement climatique. Il y a trois axes pour arriver à une neutralité carbone.

Le premier, c’est de continuer à diminuer nos propres émissions de CO2. Toutes nos usines dans le monde utilisent de l’énergie renouvelable, mais depuis cette année, nous utilisons dans une partie de nos capsules 80% d’aluminium recyclé. Avant, c’était entièrement de l’aluminium produit. Pour 2021, toutes nos capsules seront produites avec 80% d’aluminium recyclé.

Pourquoi restera-t-il 20% d’aluminium produit?

«C’est une question d’alliage de l’aluminium, et puis chaque capsule a une membrane dans laquelle le café est percé, et c’est toujours de l’aluminium nouveau.

Quels sont vos autres axes?

«Le deuxième, c’est l’insetting: on a l’intention de continuer notre programme de plantation d’arbres. Pas n’importe où, mais dans les plantations de café, avec nos propres caféiculteurs. Cela permet de capturer le carbone dans l’atmosphère, de diversifier le terroir, de protéger contre l’érosion et le glissement de la terre et de donner de l’ombre aux grains. Globalement, cela apporte une meilleure qualité et cela génère plus de revenus pour le caféiculteur.

Le troisième, c’est d’investir dans la préservation et le développement des forêts en dehors des plantations, et d’investir dans de l’énergie propre au sein des communautés agricoles. Avec cela, on veut arriver à 100% de neutralité carbone en 2022.

Avez-vous des projets de développement au Luxembourg?

«L’ambition de Nespresso pour le Luxembourg, c’est d’être encore plus présent et plus durable. Bientôt, il y aura des nouvelles sur notre réseau de boutiques au Luxembourg, mais aujourd’hui, c’est encore un petit peu trop tôt.»