«L’ACF ne peut plus accorder de délai à la France, sinon elle engagerait sa responsabilité en cas d’accident», estime le président de l’AVTERML, Henry Delescaut. (Photo :Paperjam/Archives)

«L’ACF ne peut plus accorder de délai à la France, sinon elle engagerait sa responsabilité en cas d’accident», estime le président de l’AVTERML, Henry Delescaut. (Photo :Paperjam/Archives)

Le président de l’Association des voyageurs du TER Metz-Luxembourg (AVTERML), Henry Delescaut, réagit à la possibilité que les TER non équipés du système de sécurité ERTMS se voient interdits de territoire luxembourgeois à partir du 1er janvier 2020.

Selon vos informations, est-ce que les TER français non équipés du système ERTMS seront effectivement bloqués à partir du 1er janvier 2020 à Thionville?

Henry Delescaut. – «Je le crains. Depuis la déclaration du directeur de l’Administration des chemins de fer (ACF), Marc Oestreicher, au , selon lequel il n’y aura pas de prorogation du délai accordé à la France pour équiper ses trains du système de sécurité ERTMS du fait d’un risque réel d’accident, il n’y a eu aucun démenti.

On sait donc désormais qu’on roule avec un risque élevé, ce qui était jusqu’à maintenant nié. Ainsi, sur un plan juridique, l’ACF ne peut plus accorder de prorogation, sinon elle engagerait sa responsabilité en cas d’accident.

Quel sera l’impact sur les usagers de la ligne?

«L’impact sera considérable. Seules douze rames françaises sont opérationnelles, auxquelles s’ajoutent quatre rames de la CFL. Les usagers de la ligne Metz-Luxembourg seraient alors dans l’obligation de changer de train à Thionville.

Le matin, un quai à quai est prévu à Thionville pour les voyageurs venant de Nancy. Il faudra prévoir dix à quinze minutes en plus, ce qui reste acceptable. Mais le soir, les retards seront beaucoup plus importants. Et le moindre incident aura des conséquences amplifiées.

Comment les usagers appréhendent-ils cette situation?

«Sur cette ligne, nombreux sont les usagers fatalistes désormais. Ceux-ci sont tellement habitués à subir des retards qu’ils prennent les problèmes au jour le jour. Ils se plaignent beaucoup, mais agissent peu. L’AVTERML ne compte que 320 membres sur les 12.000 usagers de la ligne Nancy-Luxembourg.

Beaucoup de gens vont se rabattre sur la route. Mais l’A31 est saturée. Et si je mets trois heures aller-retour depuis Metz en train, je dois compter cinq heures en voiture: au moindre incident, c’est dix kilomètres de bouchon.

Quelles solutions sont envisageables?

«La CFL prétend qu’elle acheminera des trains jusqu’à Thionville. Mais lesquels? Ils sont déjà saturés.

Le covoiturage est une solution que l’on prône. Mais il faudrait que cela se fasse à grande échelle. Or, par exemple, les voitures de société posent un problème: l’employeur, par souci d’économie, n’assure le véhicule que pour l’employé et sa famille, pas au-delà, ce qui empêche tout covoiturage.

Le nombre de transfrontaliers augmentent tellement vite que les autres solutions en termes de projets à long terme, le projet de l’A31 bis, ou celui du RER entre Metz et Luxembourg proposé par la ministre française des Transports, Élisabeth Borne, arrivent trop tard.

Je suis donc pessimiste pour l’avenir.»