La crise actuelle n’apporte pas réellement de nouvelles méthodes de travail mais impose aux entreprises d’accélérer l’adoption de modes de travail préexistants Crédit: Cushman & Wakefield 

La crise actuelle n’apporte pas réellement de nouvelles méthodes de travail mais impose aux entreprises d’accélérer l’adoption de modes de travail préexistants Crédit: Cushman & Wakefield 

Reposant sur les aspirations des jeunes générations, les changements de méthodes de travail et sur la globalisation, des tendances sociétales poussent aujourd’hui le bureau classique à évoluer. Tamas Polster, Head of strategic consulting EMEA chez Cushman & Wakefield, fait le point sur la situation.

Quelles nouvelles méthodes de travail peut-on observer ?

La crise actuelle n’apporte pas réellement de nouvelles méthodes de travail mais impose aux entreprises d’accélérer l’adoption de modes de travail préexistants.  En réalité, ces méthodes datent d’il y a une quinzaine d’années, mais les outils informatiques sont au point depuis 4-5 ans, les mentalités ont changé et un nombre important de managers se sont rendu compte que le télétravail et surtout les méthodes de management par résultat fonctionnaient très bien. Ce qu’on observe donc c’est que le télétravail s’est généralisé aux entreprises qui avaient la possibilité de le faire.

Nous avons remarqué ces dernières années une résistance de certaines entreprises à autonomiser les employés et leur permettre de travailler à distance par crainte d’un manque de productivité et d’engagement. En fait, ces craintes se sont révélées infondées. Nous avons mené une enquête sur 40000 employés et leur manière de travailler durant la crise et nous voyons que leur productivité a plutôt tendance à augmenter.

Le coworking et les postes satellites sont-ils aussi amenés à s’accélérer ?

A partir du moment où les entreprises acceptent le télétravail et se rendent compte que cela fonctionne, elles prennent conscience de leur capacité à recruter bien au-delà de leur bassin d’emploi traditionnel. Sur les trois années à venir, les entreprises européennes vont devoir recruter 4 à 5 millions de profils digitaux. Pour capter ces nouvelles recrues sur un bassin d’emploi national/international/global, elles vont devoir mettre à disposition une infrastructure de base. Ces talents, il faut aller les chercher au-delà des horizons connus notamment dans des villes secondaires. Les entreprises ne vont pas nécessairement ouvrir des bureaux dans ces pays (Belgique, France, etc.) mais vont permettre aux employés de rester proche de leur lieu d’habitat et d’avoir à disposition des lieux de coworking pour faire des réunions et sociabiliser avec les collègues.

Un second point concerne les employés des grandes zones métropolitaines (Bruxelles, Paris, Luxembourg) et les problèmes de mobilité. Le bureau a entamé une mutation depuis une dizaine d’années vers un lieu de réunion, de rencontre et de collaboration. Mettre à disposition des employés des lieux de coworking proches de chez eux va permettre de ne pas faire la navette quotidienne et de se dégager du domicile, qui n’est pas toujours un environnement propice, afin de sociabiliser et accéder à des infrastructures de réunion.

Aujourd’hui, un employé passe déjà 50% de son temps à communiquer et collaborer et 50% à travailler de manière individuelle.
Tamas Polster

Tamas PolsterHead of strategic consulting EMEACushman and Wakefield

L’empreinte immobilière des entreprises va plus se diffuser sur le territoire. Au lieu de concentrer l’ensemble des besoins sur un seul siège central, certaines entreprises pourraient réduire cette empreinte dans les grandes villes et redistribuer de la disponibilité sur les bureaux satellites et lieux de coworking sur le territoire. Des bureaux satellites pour les entreprises de taille importante et dans certaines zones avec beaucoup d’employés cela fait du sens mais au deçà d’un certain seuil utiliser un lieu de coworking est plus rationnel.

Va-t-on délaisser les bureaux centraux ?

Avant la crise actuelle les bureaux en Europe étaient déjà occupés en moyenne seulement entre 50 et maximum 60% de leur capacité. Pourquoi ? En raison déjà du télétravail (1 ou 1,5jour/semaine), d’une augmentation du temps partiel ainsi que du fait des réunions en externes, congés et autres absences. Il y a une sous-utilisation des bureaux qui amène les entreprises à rationaliser l’utilisation de leur empreinte. Si nous allons vers une augmentation du télétravail, nous irons aussi vers une diminution de la demande par rapport à ces bureaux centraux. Tel qu’il a été conçu, le bureau abritait principalement un travail individuel. Aujourd’hui, un employé passe déjà 50% de son temps à communiquer et collaborer et 50% à travailler de manière individuelle. Les bureaux vont devenir principalement des lieux de collaboration et les besoins et la typologie d’espace dans les bâtiments vont évoluer vers des espaces de réunion, de réception, d’accueil avec une fonction événementielle beaucoup plus importante. Le travail individuel va progressivement se déplacer vers le domicile, les lieux tiers et les bureaux de coworking ou satellites.

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