Philippe Ledent, senior economist chez ING Belux. (Photo: Maison Moderne / Archives)

Philippe Ledent, senior economist chez ING Belux. (Photo: Maison Moderne / Archives)

Le FMI a réduit cette semaine ses prévisions de croissance pour l’année 2019. Dans sa chronique, Philippe Ledent se montre prudent, mais pas alarmiste. Il repère aussi des signes positifs pour l’économie mondiale.

Une fois de plus, la semaine écoulée a été, tant sur le plan économique que politique, dominée par les discussions autour du Brexit. La réunion de la Banque centrale européenne (BCE) de mercredi en est presque passée inaperçue, puisqu’au même moment se déroulait le sommet européen exceptionnel devant accorder un nouveau délai au Royaume-Uni.

Dès lors, la mise à jour par le Fonds monétaire international (FMI) de ses prévisions économiques pour 2019 et 2020 n’a pas fait grand bruit. Pourtant, la révision à la baisse de la croissance mondiale cette année (3,3%, contre 3,5% dans les prévisions précédentes) est loin d’être anodine. Une grande partie des économies (près de 70%) voient en effet leur croissance abaissée, parmi eux les États-Unis et la zone euro. Pour cette dernière, le FMI prévoit une croissance de 1,3% en 2019 seulement: c’est une nouvelle révision à la baisse de -0,3 point de pourcentage par rapport aux précédentes prévisions.

Faut-il pour autant en conclure que la situation économique s’est encore récemment dégradée? En fait, pas vraiment. Quelques indices de stabilisation de la croissance mondiale sont au contraire apparus ces dernières semaines. On observe notamment, en zone euro, une amélioration de certains indicateurs de confiance. La révision à la baisse des prévisions doit donc davantage être interprétée comme la confirmation que la décélération de l’activité en fin d’année 2018 et durant le tout début de l’année 2019 a été plus forte que le FMI ne le prévoyait. Les prévisions en vigueur étaient par conséquent inatteignables… et une révision s’imposait. Le processus de validation des chiffres étant assez lent, cette révision intervient paradoxalement au moment où le cycle économique semble se redresser un peu.

Les prévisions en vigueur étaient par conséquent inatteignables… et une révision s’imposait.
Philippe Ledent

Philippe Ledentsenior economistING Belux

À ce sujet, il est intéressant de signaler que le FMI table effectivement sur un redressement progressif de l’économie mondiale en deuxième partie d’année, notamment sous l’impulsion de la Chine. Ce pays est d’ailleurs un des seuls à bénéficier d’une révision à la hausse de la croissance pour cette année, grâce aux multiples impulsions données par les autorités.

Sera-ce vraiment suffisant pour compenser la décélération de l’économie américaine et la panne de moteur de la zone euro? Le FMI semble y croire, en précisant néanmoins que de nombreux risques demeurent. Je serais personnellement plus prudent encore: il en faudra davantage pour observer un rebond digne de ce nom de l’économie mondiale. Par ailleurs, dès lors que l’économie chinoise a sans cesse besoin de mesures de relance pour maintenir sa croissance au-dessus de 6%, va-t-elle vraiment mieux?