Le Japon espérait que les JO reportés d’un an puissent se dérouler dans de bonnes conditions, notamment en présence de public. Ce ne sera pas le cas. (Photo: Shuttertsock)

Le Japon espérait que les JO reportés d’un an puissent se dérouler dans de bonnes conditions, notamment en présence de public. Ce ne sera pas le cas. (Photo: Shuttertsock)

Reportés d’un an pour cause de crise sanitaire, les Jeux olympiques de Tokyo débuteront officiellement ce vendredi avec la cérémonie d’ouverture. Les interrogations sont nombreuses autour des retombées de l’événement, dont une annulation aurait peut-être coûté moins cher.

Certaines compétitions par équipes ont déjà débuté, mais la cérémonie d’ouverture marquera le début officiel des Jeux olympiques de Tokyo. Au-delà des aspects sportifs, des questions se posent, depuis un certain temps déjà, quant aux retombées financières d’un événement qui se passera sans public et qui pourrait être l’élément déclencheur d’une nouvelle vague de Covid-19 au pays du Soleil levant. Ce qui préoccupe beaucoup de médias japonais.

Une certitude se dégage: tout le monde ne sortira pas financièrement gagnant de la plus grande compétition sportive au monde. Ainsi, le Comité international olympique (CIO) semble d’ores et déjà à l’abri de toute déconvenue. Il percevra en effet 73% des droits télé des JO, soit environ 1,2 milliard d’euros. Mais aussi 7,5% des sommes versées par les sponsors aux organisateurs. Et si le CIO devra assumer des frais, ceux-ci sont limités par rapport à ceux du pays hôte.

Un report qui coûte cher

Le retour sur investissement est du coup beaucoup plus aléatoire pour le pays organisateur. Actuellement, le budget des JO a dépassé les 12,6 milliards d’euros, soit le double de ce qui avait été initialement prévu. La décision prise en mars 2020 de reporter l’événement d’un an aura coûté à elle seule 1,9 milliard, dont seulement 800 millions ont été pris en charge par le CIO. Il a fallu en effet entretenir les installations durant un an, mettre en place de nouvelles mesures sanitaires, assumer des charges de personnel, de gardiennage et de sécurité… Mais aussi verser des indemnités aux acquéreurs des appartements et des hôtels, pour qui la remise des clés a été repoussée d’une année au moins. 

De plus, l’absence de public fera perdre 692 millions en billetterie.

Une compensation tout de même: les ménages japonais, selon une étude de l’Institut Daiwa, vont dépenser 1,1 milliard en achat de téléviseurs et produits connectés, objets dérivés ou autres. Aussi pour compenser le fait de ne pas assister aux JO.

Tout cela alors qu’en 2013, les calculs arrivaient à la conclusion que les Jeux allaient contribuer au PIB national à hauteur de 0,5%. Notamment par la venue de 8,5 millions de touristes sportifs. Tandis que les commandes en travaux et les achats de produits devaient dépasser les 17 milliards. On sera loin du compte. 

La pilule est d’autant plus amère qu’une étude d’EY a mis en avant que la seule Coupe du monde de rugby en 2019 avait généré des retombées à hauteur de 4,6 milliards d’euros. Tandis que 31,9 millions de touristes sont venus dans l’archipel nippon cette année-là.

13,9 milliards: le prix de l’annulation

Plus grave encore: une étude récente du très influent Institut Nomura, relayée par de nombreux médias, se demandait si la facture finale ne sera finalement pas plus élevée que ce qu’aurait coûté une annulation pure et simple, évaluée à 13,9 milliards d’euros. Pointant aussi le danger que les JO soient la source d’une nouvelle vague de Covid, d’un nouveau confinement et donc d’une récession prolongée, à l’impact encore indéterminé. Mais fatalement élevé.

Les autres perdants sont évidemment les sponsors, qui ont contribué à hauteur de 2,5 milliards, avant de remettre la main au portefeuille avec 254 millions suite au report. Asics a déjà fait son deuil de voir ses ventes bondir de 70%, tandis que les compagnies aériennes JAL et ANA ne pourront compter sur une croissance de leurs revenus de plus de 7%, comme cela avait été le cas pour Korean Air au moment des JO d’hiver de Pyeongchang en 2018.

La ville de Tokyo? Elle pourra se consoler en se disant que les JO ont changé son visage. De nombreux espaces verts ont été créés et seront plus accessibles aux personnes âgées, qui constituent près de 30% de la population citadine. De nouvelles infrastructures, plus modernes, ont aussi vu le jour, dont un nouveau stade national. Mais aussi 6.000 logements construits sur une friche industrielle, et qui deviendront ensuite des résidences de standing.