Thierry Raizer, rédacteur en chef du magazine Paperjam.  (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Thierry Raizer, rédacteur en chef du magazine Paperjam.  (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

L’urgence climatique impose des actions immédiates et sur le long terme de la part des citoyens, des entreprises et de facto les responsables politiques. Un sujet transversal qui, comme la transformation digitale, pourrait entrainer une refonte de l’architecture gouvernementale.

Il n’y a pas de planète B. Ni de plan B. L’état de la Terre oblige un changement de comportement de la part des individus, des entreprises, des pouvoirs publics. Face à la crise climatique, d’aucuns attendraient des signaux en provenance des décideurs politiques pour s’engager. Mais la COP26 qui s’est terminée à Glasgow par un accord à l’arraché tiendra-t-elle ses promesses sur le terrain? Au vu de la pression exercée par la Chine et l’Inde pour éviter qu’une sortie explicite du charbon soit mentionnée dans le texte final, l’efficacité du multilatéralisme reste à démonter en matière climatique. 

Entre des négociations en Écosse torpillées en coulisses par les pays largement dépendants des énergies fossiles et, dans le même temps, un air suffoquant à New Dehli et la fermeture d’écoles à Pékin pour cause de pollution, les réalités s’entrechoquent. Gageons que la «diplomatie verte» montera en puissance dans les années à venir. Car il ne faudra pas attendre «5 minutes avant 2030» ou pire, avant 2050.

Faute d’avancée rapide sur le plan global, la neutralité climatique ou, pour le dire simplement, notre impact sur l’environnement doit se vivre au quotidien, à des échelons tangibles, en nous demandant de quelle manière nous pouvons modifier tout ou partie de nos habitudes, de notre routine. À commencer par l’alimentation qui doit, autant que possible, passer en mode bio et local (ou régionale, voire européenne), avec des bienfaits qui se feront ressentir également sur l’économie de proximité… et notre santé. Sans parler de la diminution nécessaire dans nos menus de la viande, a fortiori celle importée de pays lointains.

La thématisation de cette nouvelle façon de penser notre consommation – et les déchets qui en découlent – dans le débat public doit aussi pousser les élus à adapter leur prisme de décisions. Mais l’organisation étatique et la structure gouvernementale sont-elles encore adaptées à des sujets aussi transversaux que la crise climatique et la refonte de notre mode de vie vers une approche «décarbonée»? 

Après avoir mis sur pied l’initiative public-privé «Digital Lëtzebuerg» en 2014 pour accélérer le positionnement du pays – notamment à l’international – dans le vaste champ du digital, le gouvernement DP-LSAP-déi Gréng pourrait répliquer ce modèle. Pour créer une cellule chargée de suivre l’avancée des grands chantiers et projets «durables» aux ramification multiples comme la crise du logement ou l’alimentation de la caisse des pensions. Imaginer que cette cellule, comme son pendant digital, soit placée sous l’autorité directe du Premier ministre et ministre d’État aurait non seulement valeur de signal politique fort, mais aussi de vision pour tout un pays. 

Une nouvelle histoire collective à écrire et qui permettrait au Grand-Duché de se comparer à des pays similaires voire plus grands quant à sa capacité à concrétiser la croissance «qualitative», qui fut tant discutée lors de la campagne législative de 2018. 

Un «Sustainable Lëtzebuerg» en devenir qui s’avère indispensable, dès aujourd’hui, pour 2030, 2050… et au-delà. Un prérequis pour pérenniser le succès économique du pays. 

Cet article a été rédigé pour  parue le 25 novembre 2021.

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